Le chômage

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Le chômage est l’un des maux majeurs des sociétés industrielles développées, notamment parce qu’il est massif et durable et que ses causes sont fort diverses.

Les mesures du chômage

Le chômage est la situation d’une personne sans emploi et à la recherche d’un emploi. Cette définition simple est cependant trop imprécise lorsqu’on veut en mesurer le phénomène, notamment parce que les frontières entre l’activité et l’inactivité, mais aussi entre l’emploi et le chômage, sont floues (on parle d’un « halo » du chômage).

a. Les mesures par le nombre de chômeurs

Les mesures du chômage sont conventionnelles, et diffèrent selon les institutions :

– définition de Pôle emploi : est considérée comme chômeur « toute personne sans emploi, inscrite à Pôle emploi et cherchant un emploi durable à temps plein pour lequel elle est immédiatement disponible » ;
– définition de l’Insee et du Bureau international du travail (BIT) : est considérée comme chômeur « toute personne sans emploi pendant la semaine de référence, à même de travailler, à la recherche d’un emploi rémunéré, et en quête effective de cet emploi ».

b. La mesure par le taux de chômage

Le nombre de chômeurs permet de calculer le taux de chômage. Ce taux de chômage peut être calculé par âge, par sexe, par région...

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Le chômage en France 

a. Les caractéristiques

Le chômage présente en France des caractéristiques singulières :
– le taux est élevé, souvent plus que dans la plupart des pays européens comparables ;
– il existe un « noyau dur » du chômage, d’environ 1 million de personnes, chômage résistant aux politiques économiques menées ;
– la durée moyenne de chômage est élevée, ce qui se traduit par l’existence d’un chômage de longue durée ;
– le chômage frappe des catégories de population spécifiques : les jeunes, les femmes, les personnes sans diplôme ou peu spécialisées, les ouvriers et employés, plus que d’autres segments de population.

b. Les différents types de chômage 

On distingue souvent trois types de chômage :

– le chômage frictionnel : chômage lié à la mobilité des individus d’un emploi à un autre, ou au choix de l’inactivité entre deux emplois ;
– le chômage conjoncturel : chômage lié aux fluctuations de l’activité économique à court terme (insuffisance de la demande, incertitude des entrepreneurs...) ;
– le chômage structurel : chômage dû principalement à une inadéquation profonde entre l’offre et la demande de travail du fait des évolutions techno- logiques, démographiques ou encore sociales.

Les causes du chômage 

a. Les causes économiques

Le progrès technique et la recherche de productivité : le progrès technique, c’est- à-dire l’incorporation des innovations dans le processus productif, conduit à élever la productivité du travail et donc à remplacer les individus par du capital technique, créant de ce fait du chômage.

Le ralentissement de la croissance : le ralentissement de l’activité crée inéluctablement, après un certain délai (environ 3 mois), du chômage. En phase de récession économique (cas d’une crise par exemple), le chômage peut s’accroître fortement.

Le mauvais fonctionnement du marché du travail : la faible mobilité professionnelle de la part des salariés, la rigidité des salaires (notamment à la baisse lorsque la conjoncture se détériore), des charges excessives pesant sur le travail et qui en accroissent le coût... peuvent expliquer l’existence d’un chômage durable.

L’existence de contraintes juridiques : des réglementations juridiques ou administratives peuvent freiner les créations d’emplois et désinciter les employeurs à embaucher (les législations sur le salaire minimum, les conventions collectives, le droit du travail, les règles de sécurité et d’hygiène, les cotisations patronales...).

La concurrence internationale : une économie peu attractive, faiblement compétitive et fortement concurrencée, peut générer du chômage.

b. Les causes sociologiques

L’évolution démographique : l’entrée massive sur le marché du travail (de jeunes principalement), liée à de faibles sorties vers l’inactivité, provoque du chômage.
L’inadaptation des offres et des demandes d’emploi : notamment en raison de formations et de qualifications inadaptées aux besoins du marché du travail.
L’élévation du taux d’activité (des jeunes, des femmes, des séniors) : il contribue à créer du chômage.
Le chômage peut être considéré aussi bien comme un flux (il existe des flux entrants et sortants du chômage) que comme un stock (à travers le nombre de chômeurs à un moment donné).

Les politiques de lutte contre le chômage

Le chômage est un phénomène complexe, multidimensionnel, aux causes multiples. Il ne peut donc être combattu que par la mobilisation de moyens très divers.

a. Les politiques passives de lutte contre le chômage

Ces politiques sont qualifiées de « passives » parce qu’elles ne cherchent pas à combattre la cause directe du chômage, mais plutôt à en atténuer les conséquences. Les pouvoirs publics les mettent en œuvre lorsqu’ils considèrent que le niveau de l’emploi peut difficilement être modifié. On parle souvent aussi, pour désigner ces politiques, de politiques de « traitement social » du chômage.

Les politiques passives de lutte contre le chômage se concentrent principalement sur les chômeurs eux-mêmes. Les modalités sont diverses :

– l’indemnisation du chômage : politique visant à verser aux chômeurs soit une allocation chômage (logique d’assurance), soit un revenu minimum (logique d’assistance et de solidarité) comme le revenu de solidarité active (RSA) pour permettre le maintien de l’insertion économique et sociale du chômeur ;
– la formation des individus : développement des dispositifs de stages et des processus de formation continue, professionnelle, en cours de vie active, afin d’élever le niveau de qualification des personnes ;
– la diminution du nombre d’actifs : différentes modalités sont mises en place telles que favoriser l’allongement de la scolarité, abaisser l’âge de la retraite, encourager les départs anticipés à la retraite ou proposer des aides au retour des travailleurs immigrés.

D’une façon générale, l’ensemble des politiques passives ne règlent pas durablement le problème du chômage, mais en atténuent les effets.

b. Les politiques actives de lutte contre le chômage

Les politiques actives concernent les emplois eux-mêmes ; elles consistent plus précisément à prendre des mesures afin de sauver et/ou de créer des emplois. On parle souvent aussi, pour désigner ces politiques, de politiques de « traitement économique » du chômage.

Les politiques actives suivent plusieurs axes complémentaires :
– le partage du travail : politique qui consiste à diminuer le temps de travail des actifs afin de dégager un nombre d’heures suffisant pour créer des postes de travail (par exemple, les lois Aubry sur les 35 heures) ;
– la relance de l’activité économique : politique de soutien à la demande globale (consommation et/ou investissement public et privé...) ou à l’offre globale (poli- tique de taux d’intérêt bas, baisse des impôts sur les entreprises...) ;
– le développement de la flexibilité : politique qui consiste à assouplir les contraintes des entreprises concernant le temps de travail, la fixation des salaires, les réglementations juridiques, ou encore les emplois proposés. L’avantage est que cette politique satisfait aux exigences des entreprises et de l’activité économique, mais présente le risque de précarisation du travail et de contraction du niveau du salaire du fait de la déréglementation du marché du travail.

Depuis quelques années sont mises en place, dans la plupart des pays développés, des politiques de flexicurité qui cherchent à allier flexibilité du marché du travail et sécurité des parcours professionnels ; ce type de politique a l’ambition de donner satisfaction tant aux entreprises qu’aux salariés.

On parle souvent d’« activation » des politiques de l’emploi pour désigner le fait que l’on donne la priorité aux politiques actives de lutte contre le chômage au détriment des politiques passives.

c. Les réformes de structure du marché du travail

Dans les économies contemporaines, il existe des offres d’emploi non satisfaites émanant des entreprises. Ce déséquilibre provient, principalement, d’un fonctionnement défectueux du marché du travail. Le retour au plein-emploi passe par une action visant à redonner au marché national les attributs de tout marché.

Dans la pratique, plusieurs mesures peuvent être prises pour améliorer le fonctionnement du marché du travail :

– assurer la transparence du marché du travail : offres et demandes de travail doivent être révélées, collectées, avant d’être confrontées ; des institutions comme Pôle emploi voient ainsi leurs missions et leurs responsabilités renforcées ;
– faciliter la mobilité des acteurs : le marché du travail doit permettre de répartir les disponibilités en main-d’œuvre en fonction des besoins de l’appareil productif ; la mobilité s’entend à la fois sous l’angle géographique et sous l’angle professionnel (des primes sont ainsi versées pour l’implantation d’entreprises dans des régions en déclin, par exemple) ;
– proposer des prix du travail incitatifs : l’offre de travail étant principalement fonction du taux de salaire, des taux insuffisants pour certaines activités peuvent apparaître dissuasifs. Le marché du travail doit, dans ce sens, proposer des rémunérations incitatrices.