L'inflation

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En permanence, le monde est agité par les mouvements des prix : parfois, pour certains produits, les prix baissent mais, le plus souvent, et pour la grande majorité des produits, les prix augmentent.

Les caractéristiques de l’inflation 

a. La définition de l’inflation

L’inflation est la hausse continue et auto-entretenue du niveau général des prix :

– « continue », car les hausses exceptionnelles ou saisonnières (hausse des prix en hiver par exemple) ne sont pas considérées comme inflationnistes ;
– « auto-entretenue », car l’inflation provoque l’inflation ;
– « du niveau général des prix », car c’est l’ensemble des prix qui augmentent et pas seulement le prix de quelques biens particuliers.

Il ne faut pas confondre inflation, désinflation et déflation :

– l’inflation correspond à une hausse des prix ;
– la désinflation correspond, quant à elle, à une diminution sensible du rythme de l’inflation, les prix continuant cependant à augmenter ;
– la déflation est l’inverse de l’inflation, c’est-à-dire une baisse généralisée et durable des prix.

b. L’évolution de l’inflation en France

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les prix connaissent des évolutions très marquées :

– 1945-1974 : le fort taux de croissance économique et le plein-emploi exercent une pression constante à la hausse des prix ; c’est l’inflation de croissance, de l’ordre de 4 % à 5 % par an ;
– 1974 - début des années 1980 : forte inflation (hausse des prix des matières premières, notamment du pétrole), liée à un chômage élevé. On parle d’une situation de stagflation. En 1974, le taux d’inflation était de près de 14 % ;
– à partir de 1983 : désinflation liée à une politique monétaire restrictive et à une modération des coûts salariaux. À partir des années 2004-2005 apparaît même un risque de déflation dans le monde ;
– une situation de récession économique (1993, 2008-2009) exerce un relâchement de la pression sur les prix des matières premières (pétrole, par exemple), propice au ralentissement de l’inflation. Le risque de déflation n’est pas exclu.

La Banque centrale européenne (BCE) prévoit une hausse des prix à la consommation de 1,5 % en 2017. Cependant, elle prévoit un ralentissement plus marqué de l’inflation les années suivantes, à 1,2 % en 2018 et 1,5 % en 2019.

c. La mesure de l’inflation

L’inflation est l’augmentation dans le temps (entre N et N+1) de l’indice des prix à la consommation, soit :

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Chaque mois, l’Insee mesure l’évolution des prix des produits jugés représentatifs de la consommation des ménages français. Pour cela, il établit un indice des prix. Cet indice est composé de plus de 300 postes de dépenses (alimentation, chauffage, loge- ment, habillement, etc.), soit un suivi de plus de 200 000 prix. Chacun des postes de dépenses sélectionnés est pondéré, c’est-à-dire que chaque poste est affecté d’un coefficient d’importance.
Au niveau européen est calculé un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) ; cette mesure permet d’harmoniser les indices de prix nationaux. C’est un indicateur majeur pour la BCE, qui a pour objectif principal la stabilité des prix dans la zone euro.

Les causes de l’inflation 

L’inflation résulte de plusieurs facteurs :

– la pression de la demande : lorsque la demande est en excès par rapport à l’offre, les producteurs ont tendance à augmenter leurs prix (cela peut provenir d’un accroissement des dépenses publiques, d’une augmentation des revenus, d’anticipations positives sur l’avenir...) ; ce type d’inflation dépend de l’élasticité de l’offre par rapport à la demande ;
– la création excessive de monnaie : pour les économistes monétaristes, l’inflation est le résultat d’une hausse de la quantité de monnaie en circulation supérieure au volume de la production (PIB) ; ceci peut résulter de taux d’intérêt trop bas ou d’une politique de crédit trop laxiste de la part des banques ;
– les coûts de production : une augmentation des coûts de production (énergie, main-d’œuvre...) oblige souvent les entreprises à répercuter cette hausse sur leurs prix de vente ; on assiste alors à une élévation du niveau des prix. Ce type d’inflation dépend de la politique de l’entreprise qui peut décider de réduire ses marges plutôt que d’augmenter ses prix ;
– les structures : l’inflation provient ici de dysfonctionnements de l’économie, tels que les formes de marché non concurrentielles, les conflits entre groupes sociaux ou les systèmes d’indexation de certains revenus sur les prix.

Il est très difficile de décomposer le taux d’inflation, à un moment donné, entre ces différentes composantes ; parfois, la dimension structurelle l’emporte sur les autres dimensions.

Les conséquences de l’inflation Tous les agents économiques ne sont pas victimes de l’inflation. Celle-ci exerce, en effet, des conséquences positives et des conséquences négatives.

a. Les conséquences positives de l’inflation

Elles sont de deux ordres principaux :

– une inflation modérée allège les charges d’endettement, ce qui est propice à la croissance économique ;
– les salaires augmentent (s’il y a indexation des salaires sur les prix) tout comme les recettes fiscales de l’État.

b. Les conséquences négatives de l’inflation 

Elles sont, elles aussi, multiples :

– l’inflation est source d’inégalités sociales, en avantageant les titulaires de certains revenus, fonciers par exemple, et en pénalisant ceux dont le pouvoir d’achat n’est pas indexé. On considère que l’inflation profite aux emprunteurs et pénalise les épargnants ;
– l’inflation est source d’incertitudes pour les agents économiques : les consommateurs et les entreprises, qui constatent l’imprévisibilité de l’évolution des prix, adoptent alors un comportement de consommation et d’investissement plus prudent ;
– l’inflation entraîne la diminution du pouvoir d’achat de la monnaie ; ainsi, avec la même somme d’argent, on peut acheter moins de biens. Les agents économiques se débarrassent alors de leurs liquidités (ils consomment, investissent davantage...) au profit de valeurs refuge (or, biens immobiliers...). On parle alors de phénomène de « fuite devant la monnaie » ;
– l’inflation entraîne la baisse de la compétitivité des produits nationaux par rapport à leurs concurrents internationaux, ce qui dégrade la balance des paiements et peut faire fuir les capitaux à l’étranger.

D’une manière générale sont victimes de l’inflation tous ceux qui ne peuvent répercuter sur d’autres agents, en aval, la hausse de leurs achats en amont. L’inflation, du fait de l’ampleur de ses conséquences négatives, doit donc être combattue.

Les approches de l’inflation

La hausse des coûts peut être, à court terme, à l’origine de tensions inflationnistes. Les facteurs incriminés sont le plus souvent les matières premières et les salaires. Sans que les conditions monétaires ne soient modifiées, la hausse de ces coûts provoque une hausse des prix. En principe, si la création monétaire ne répondait pas à cette pression, la demande d’autres produits devrait baisser et ramener automatiquement le niveau général des prix à son niveau initial.

Dans certaines circonstances, notamment lorsque l’offre des biens n’est pas élastique, une forte demande entraîne une hausse des prix. Dans ce cas également, pour avoir des effets inflationnistes durables, cette hausse doit être accompagnée d’une progression de la quantité de monnaie en circulation.

Ainsi, à long terme, l’inflation semble avoir une origine exclusivement monétaire. C’est ce qui fait dire à Milton Friedman et aux monétaristes que « l’inflation est toujours et partout d’origine monétaire ».