L’imparfait de l’indicatif

Signaler

La morphologie de l’imparfait de l’indicatif est simple et régulière. L’imparfait est un temps du passé, mais il a aussi des valeurs modales.

1 - La morphologie de l’imparfait de l’indicatif

L’imparfait de l’indicatif (chantait) se forme sur un seul radical, chant-, qui correspond à celui de la 1re personne du pluriel du présent de l’indicatif des verbes à plusieurs radicaux : nous finissons / il finissait ; nous voulons / il voulait, sauf pour le verbe être : il était.

L’imparfait de l’indicatif a des marques de temps identiques pour tous les verbes :
-ai- [ε] aux 3 personnes du singulier et à la 3e personne du pluriel ; on y ajoute à l’écrit les marques de personne -s, -s, -t, -ent : je/tu chantais, il chantait, ils chantaient ;
-i- à la 1re et à la 2e personne du pluriel ; on y ajoute les marques de personne -ons, -ez : nous chant-i-ons, vous chant-i-ez.
Comme la marque du temps i s’ajoute au i- du radical des verbes en -ier, deux i se suivent : nous cri-i-ons, vous cri-i-ez (≠ présent : crions, criez).

2 - Les emplois de l’imparfait de l’indicatif

A. Un temps du passé

Les emplois dans les textes narratifs et autres

L’imparfait de l’indicatif est un temps du passé, qui s’oppose au passé simple ou au passé composé.

L’imparfait n’envisage pas les limites du procès, qu’il présente sans début ni fin, ce qui lui permet de s’accorder avec l’expression de la durée : il courait. Le procès à l’imparfait peut être interrompu par un procès au passé simple :
Jake Sully courait (imparfait) vite, quand son pied heurta (passé simple) une racine, qui le fit (passé simple) tomber.

L’imparfait exprime la répétition dans le passé, avec un complément de temps : Tous les soirs, il faisait ses devoirs.

Dans un récit, l’imparfait est employé pour exprimer des faits d’arrière-plan (commentaires, descriptions, etc.), par rapport aux évènements exprimés par le passé simple ou le passé composé : Sur le bord d’un puits très profond / Dormait, étendu de son long, / Un Enfant alors dans ses classes. [...] / La Fortune passa, l’éveilla doucement. (J. de La Fontaine)

Les emplois dans le discours rapporté

Dans le discours indirect, l’imparfait est employé dans la subordonnée pour transposer le présent du discours direct après un verbe principal au passé : Paul a dit : « J’aime One Piece »Paul a dit qu’il aimait One Piece.

L’imparfait exprime la simultanéité par rapport au temps du verbe principal. Il a la même valeur dans le style indirect libre : Fallait-il croire qu’ils venaient d’années déjà si lointaines de ma vie ? (M. Proust)

B. Les différentes valeurs modales

L’imparfait de l’indicatif possède aussi différentes valeurs modales.

Dans un système conditionnel, l’imparfait employé dans la subordonnée introduite par si, en corrélation avec le conditionnel présent de la principale, exprime un fait possible ou impossible selon le contexte, situé dans l’avenir ou dans le présent, qui conditionne la réalisation du procès principal : Si j’étais riche, j’achèterais une villa en bord de mer.

L’imparfait contrefactuel équivaut à un conditionnel passé ; associé à un complément circonstanciel indiquant une cause empêchante, il présente un fait contraire à la réalité passée : Sans le bon réflexe du conducteur, le cycliste était renversé. = « aurait été renversé ».

Dans une proposition principale ou indépendante, l’imparfait peut exprimer une demande polie, dont la force est atténuée parce qu’elle est fictivement rejetée dans le passé : Je voulais / venais vous demander l’autorisation de participer au conseil d’administration.

8684f4d5-e4a4-49dc-84e3-f85ece53f59d

Je m'entraine

Expliquez l’emploi de l’imparfait dans ce texte.

Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu. [...] Une négresse, coiffée d’un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille, déjà grande. L’enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s’éveiller. Elle la prit sur ses genoux. « Mademoiselle n’était pas sage, quoiqu’elle eût sept ans bientôt ; sa mère ne l’aimerait plus ; on lui pardonnait trop ses caprices. » [...] [Frédéric] la supposait d’origine andalouse, créole peut-être. (G. Flaubert, L’Éducation sentimentale)