L’étymologie et les emprunts

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L’étymologie permet de connaitre l’origine des mots d’une langue donnée. L’emprunt désigne l’adoption par une langue d’éléments propres à une autre langue.

1 - L’étymologie

L’étymologie donne l’état le plus ancien d’un mot à partir de la première occurrence attestée à l’écrit, donc son origine, ce qui fait prendre la mesure des longues évolutions phonétiques et sémantiques. Le parler gaulois (dont il ne reste qu’une centaine de mots) a été éclipsé par le latin, la langue des Romains colonisateurs, celle des soldats et des marchands.

Ce latin populaire, qui a été lui-même soumis à l’influence des nouveaux envahisseurs germaniques, notamment les Francs, a fourni le fonds le plus important de la langue française. Le français est une langue romane, comme l’espagnol et l’italien. Ces deux dernières langues sont restées plus proches du latin que le français.

2 - L’emprunt

Il s’agit du processus par lequel une langue accueille directement ou non des éléments d’une autre langue avec laquelle elle est en contact. L’emprunt est un phénomène sociolinguistique très important, favorisé par les relations économiques et culturelles avec les autres pays, ainsi que par la colonisation.

Les emprunts ont toujours existé. Le latin avait lui-même emprunté au grec beaucoup de termes dont a hérité le français et qui ont évolué phonétiquement. Ce sont des mots du quotidien : boutique (< apothêkê), canapé (< kônôpeion), plage (< plagios), trésor (< thêsauros)..., de la culture (comédie, poète, philosophie), de la faune (éléphant, panthère...) ou de la religion (évangile, évêque, baptême, église...). Dès que de nouveaux besoins ont fait leur apparition, le français a emprunté des termes aux langues anciennes.

A. Les emprunts au grec

Les emprunts au grec sont directs : par exemple, au XVIe siècle, enthousiasme, athée, symptôme..., surtout des mots scientifiques : archipel, sphère, œdème... et des mots formés sur céphal- (tête), rhino- (nez), encéphal- (cerveau), cardio- (coeur), gastro- (estomac) ou -algie (douleur), traumat- (blessure), -thérapie (traitement), -chiro- (main, d’où chirurgie)... Ces mots, très nombreux (plus de 3 700), ont été intégrés par composition savante. Les emprunts sont perceptibles dans l’orthographe, avec les graphies (th, rh, ph...) et le « y grec ».

B. Les emprunts au latin

La langue française est doublement latine, par héritage et par emprunt, surtout à partir de la Renaissance. Mais ces emprunts (plus de 14 000, selon Le Robert 2010) restent très proches du mot latin ; ils sont juste un peu « francisés », d’où des doublets : un mot résultant de l’évolution phonétique, l’autre d’un emprunt décalqué de l’étymon. Ainsi auscultare a donné écouter et ausculter, hospitale hôtel et hôpital... La série empruntée est plus savante que l’autre et on peut dater l’emprunt.

Les deux langues anciennes, latine et grecque, entrent parfois en concurrence : ainsi, pour « nombreux », multi- latin vs poly- grec ; pour « égal », équi- latin vs iso- grec.

C. Les emprunts à d’autres langues anciennes

Il existe de nombreux emprunts à d’autres langues anciennes, surtout d’origine germanique : plus de 300 mots se référant au vocabulaire guerrier comme guerre, guetter, étrier..., dont beaucoup commençant par h (hache, haine...) ; emprunts également de termes en rapport avec les sentiments (orgueil, honte...), la ruralité (blé, jardin...), les couleurs (brun, blanc...) ainsi que les suffixes -ard (fuyard, braillard...) et -aud (rustaud, pataud...). À quoi s’ajoutent de très nombreux termes provenant du gallo-roman ou du celtique ancien.

D. Les emprunts aux langues modernes étrangères

Les emprunts les plus importants ont été faits à l’anglais, 23 %, soit plus de 2 500 mots (dressing, gentleman...), 11 % à l’italien (appartement, costume...), 6 % à l’allemand (bunker, bivouac...) mais aussi 4,8 % à l’arabe (algèbre, zéro...), 4,2 % à l’espagnol (embarcadère, camarade...), 2,2 % au néerlandais (matelot, cabillaud...), 1,5 % aux langues slaves (cosaque, tsar, robot...). S’ajoutent des emprunts, minimes, aux langues asiatiques (kung-fu, litchi, aikido, judo), ainsi qu’aux langues régionales : choucroute (alsacien), rescapé (Nord), jalousie (occitan), vahiné (langue polynésienne).

En ajoutant le grec ancien à ces langues modernes, on dénombre environ 11 000 mots ayant enrichi le lexique français, soit à peu près 18 %.

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Je m'entraine

1. Donnez une dizaine de termes formés à partir des éléments multi- (latin) et poly- (grec), signifiant « nombreux ».

2. a. Décomposez le mot oto-rhino-laryngologie. Expliquez son sens et donnez 2 autres mots construits avec chacun de ses éléments. b. Donnez au moins 8 noms d’autres spécialités médicales, comportant des éléments empruntés au grec.