Précarité des étudiants : 35 000 boursiers en plus et montants revalorisés
digiSchool avec l’AFP.
Après plusieurs semaines d’attente, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a annoncé mercredi en conférence de presse une revalorisation du montant des bourses étudiantes à hauteur de plus de 500 millions d’euros, permettant notamment à 35 000 nouveaux étudiants de devenir boursiers dès la rentrée de septembre prochain.
Au total, « une réponse forte, historique, qui va profiter à 175 000 étudiants, avec une augmentation moyenne de 20 % » du montant des bourses, a résumé Sylvie Retailleau.
Des annonces faites dans un contexte de conflit social, une partie de la jeunesse étant mobilisée contre la réforme des retraites. « Notre planning était lié à l’ouverture de la plateforme de bourses, qui sera effective demain (jeudi) », s’est défendue la ministre.
« On l’a entendu, chez les jeunes, il y a une colère qui s’exprime, mais pour cette concertation (des bourses), il est important de leur donner de signes très concerts dès 2023 », a-t-elle dit, soulignant l’importance de « travailler avec la jeunesse pour retrouver une confiance ».
Ces mesures attendues depuis le début d’année, qui s’inscrivent dans la lutte contre la précarité étudiante, vont permettre d’« augmenter le montant des bourses pour tous les échelons de 37 euros par mois (soit 370 euros par an) », a précisé la ministre, se félicitant de « la plus forte revalorisation depuis 10 ans, pour tous les étudiants ».
Elles sont le fruit d’une concertation pilotée depuis octobre par la ministre avec plusieurs syndicats étudiants, qui réclamaient la création d’une allocation universelle d’études. Pour les 35 000 nouveaux bénéficiaires de bourses étudiantes, « le gain annuel sera de 1 450 euros de bourse (versée sur 10 mois), accompagné des avantages associés » comme l’exonération des frais d’inscription et le repas à 1 euro ou encore la priorité pour un logement Crous, détaille le ministère dans un communiqué.
« Nous permettons à 140 000 boursiers actuels (environ 20 % du nombre total de boursiers) de basculer à un échelon de bourse supérieur, en tenant mieux compte de leur situation familiale. Cela représente pour eux une augmentation de leur montant de bourse allant de 66 euros par mois à 127 euros par mois », précise le communiqué.
« Prochains mois décisifs »
Grâce à ces mesures, le ministère espère « mettre fin aux effets de seuil ». « À la rentrée 2023, aucun étudiant ne verra sa bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation des revenus de ses parents : nous neutralisons dès cette année les effets de seuil, en attendant de les supprimer de manière pérenne », avance le ministère.
Il s’agit d’une première étape de la réforme des bourses, avant une seconde en septembre 2024. En attendant, en 2023, « la concertation se poursuit jusqu’à l’été afin de continuer à construire les évolutions structurelles de notre système de bourses ».
Les syndicats étudiants saluent une avancée mais souhaitent maintenir la pression pour « aller plus loin ». L’Alternative revendique « une première victoire suite à la mobilisation massive des étudiants, qui pousse le gouvernement dans ses retranchements ». « Ces annonces sont cependant en deçà des besoins de la jeunesse, quand on sait qu’un étudiant sur deux est toujours contraint de se salarier et deux sur trois sautent des repas régulièrement », a déclaré à l’AFP Éléonore Schmitt, sa porte-parole.
Le syndicat appelle « l’ensemble des étudiants à se mobiliser dans leurs lieux d’études et dans la rue, par tous les moyens d’actions, notamment le 6 avril » pour défendre les bourses, lors de la 11e journée de mobilisation
contre la réforme des retraites.
« Après des mois et des semaines de sourde oreille, les étudiants ont réussi à forcer le gouvernement à mettre de l’argent sur la table. » Mais c’est « insuffisant face à la violence de la misère sociale qui touche les étudiants », a réagi l’Unef dans un communiqué, qui propose « 100 000 nouveaux boursiers au moins ». De son côté, la Fage a salué « une première victoire », et dit continuer « à se battre » pour que « chaque étudiant puisse bénéficier demain d’une bourse juste et équitable ».