Victoria, ingénieure aérospatiale engagée pour l’égalité
Article initialement publié le 01/10/19.
« Mon plus ancien souvenir lié au spatial et à l’espace remonte à mon enfance dans l’Océan Indien, où je scrutais les étoiles et la Lune le soir », raconte Victoria. Cette passion ne l’a jamais quittée. Après une enfance passée à la Réunion et en Europe de l’Est, Victoria est arrivée en France pour entrer au lycée, où elle passe un bac S spécialité mathématique. Ensuite, elle enchaîne trois ans de classe prépa (PCSI et PSI) au lieu de deux, car elle tient à intégrer l’ISAE-SUPAERO, une école d’ingénieur spécialisée.
Pour elle, c’est cette phase de son parcours qui a été la plus difficile. « Trois ans de travail intense, d’oraux, d’examens, de remise en question, de stress, pour passer des concours en vue d’intégrer l’école de mes rêves », se souvient-elle. Cependant, elle affirme en garder « un très bon souvenir » et y avoir noué de fortes amitiés. Elle décroche finalement une place à l’ISAE-SUPAERO, où elle suit une formation d’ingénieur en trois ans. Puis, elle intègre le Master “Aerospace Engineering”.
Simulation de vie martienne et stage à la NASA
Son cursus à ISAE-SUPAERO a permis à Victoria de faire des stages aussi variés que passionnants. Elle a ainsi travaillé dans la robotique pendant un stage de cinq mois à l’ESA / EAC (European Astronaut Centre de l’Agence Spatiale Européenne à Cologne en Allemagne). Elle est ensuite partie en 2017 aux Etats-Unis, pour une simulation de vie martienne au cœur de l’Utah, grâce au Club MARS de l’ISAE-SUPAERO, qui lui permet de candidater. Victoria est la première femme de son école à vivre cette expérience. Pendant cette mission, elle occupe le poste de biologiste/greenhab officer, avant d’y retourner en 2018 en tant que Commander du Crew 189.
Son parcours la conduit également à un échange de sept mois à l’université Bauman de Moscou. Elle est, là aussi, la première femme de l’ISAE-SUPAERO à y étudier. Depuis juin 2019, elle effectue un stage au sein du laboratoire des environnements planétaires du Goddard Space Flight Center de la NASA. Là-bas, elle a trois missions : l’étude d’échantillons reconstitués en laboratoire de Titan (lune de Saturne), le développement d’outils d’analyses de données intelligents, et des travaux sur le terrain.
Ce qu’elle préfère dans son stage ? « Travailler avec des gens brillants qui sont d’une facilité d’accès incroyable, s’enthousiasme-t-elle. Je travaille avec des responsables de missions spatiales qui sont connus internationalement dans leur domaine. Ils prennent toujours du temps pour répondre en détails à des questions que je peux avoir, ou me montrer comment faire telle ou telle expérience. » Son stage à la NASA l’amène également à collaborer avec différentes équipes sur plusieurs projets. « En l’espace de trois mois d’expérience à la NASA, j’ai appris tellement de choses dans différents domaines : chimie organique, biochimie, astrobiologie, ingénierie, conception de missions spatiales…. » Résultat : la jeune femme s’intéresse à tous les domaines de l’aérospatial. Au point de se laisser encore un peu de temps pour définir son projet professionnel.
Une ingénieure engagée pour l’égalité des chances et les filles dans la science
Victoria a beau être pionnière dans son domaine, elle avoue ne pas trop y penser. « Je n’accorde pas trop d’importance au fait d’avoir été la première femme à intégrer Bauman ou ces simulations martiennes. J’ai juste suivi les voies qui me plaisaient et saisi les opportunités. » Cependant, elle s’investit dans l’association ISAElles, fondée par son école. Celle-ci organise des rencontres avec des jeunes filles qui se posent des questions sur leur orientation professionnelle.
Mais ce n’est pas tout : Victoria trouve aussi le temps d’être engagée depuis 2015 dans le projet OSE L’ISAE-SUPAERO, un projet qui s’adresse à tous les jeunes. Il concerne « l’égalité des chances, la découverte du monde des études supérieures, du monde de l’aéronautique et de l’espace, des différents métiers d’ingénieur, des différents cursus ».
Son conseil pour les lycéennes qui voudraient étudier la tech ou le domaine spatial ? « Ne vous privez de rien, foncez et vous ne regretterez pas. Surtout, posez vos questions ! N’hésitez pas à demander des conseils autour de vous. Vous pouvez toujours écrire à des anciens de votre lycée. Si vous n’en connaissez pas, prenez contact avec des associations comme ISAElles ou d’autres. Il y aura toujours une porte ouverte pour vous aider et répondre aux questions que vous vous posez. »