Égalité filles-garçons à l’école : les stéréotypes de genre perdurent

Publié le 08 mars 2024
 • Mis à jour le 08 mars 2024
 • Adeline A.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le ministère de l’Éducation nationale publie chaque année « Filles et garçons sur le chemin de l’égalité ». Ce bilan des études et données sur l’égalité des chances donne un bon éclairage sur les choix d’orientation des jeunes filles, leur perception d’elles-mêmes au sein du milieu scolaire, et leurs débouchés professionnels.
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Chaque 8 mars, la publication « Filles et garçons sur le chemin de l’égalité » présente des données statistiques sur la réussite comparée des filles et des garçons, depuis l’école jusqu’à l’entrée dans la vie active. Elle permet de souligner les différences en matière de parcours et de réussite des jeunes, selon les genres. Elle montre aussi les choix d’orientation et de poursuite d’études des filles et des garçons. Ceux-ci auront des conséquences sur leur entrée dans le marché du travail, et donc sur les inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes. Voici les principaux chiffres à retenir.

Au lycée, les filles ont de meilleurs résultats et s’orientent moins vers les matières scientifiques

À partir du lycée, de nettes différences entre les parcours des filles et des garçons apparaissent. Ainsi, toutes voies confondues, les filles s’orientent moins vers les filières scientifiques, excepté celle de la santé. Et leurs choix d’orientation post-bac poursuivent ceux entamés au lycée. Leurs préférences concernant les spécialités sont donc un bon indicateur. En effet, les lycéennes de la voie générale choisissent majoritairement les combinaisons suivantes :

  • Humanités, littérature et philosophie et LLCER (86 %)
  • HGGSP et Humanités, littérature et philosophie (76 %)
  • HGGSP et LLCER (72 %).

En voie technologique, elles sont 83 % à s’orienter vers la voie ST2S (Santé et social). Concernant la voie professionnelle, 97 % des filles choisissent les domaines de la coiffure et de l’esthétique.

On note aussi qu’en France, 72 % de filles s’orientent vers la voie générale et technologique, contre 58 % des garçons. Ces derniers sont plus nombreux en voie professionnelle, en particulier en apprentissage (ils sont 24 %, contre 18 % de filles).

Enfin, les filles ont de meilleurs résultats au baccalauréat. Ce sont aussi elles qui décrochent le plus de mentions. Et pourtant, à niveau de maîtrise égal, les filles sont moins confiantes que les garçons face aux évaluations : légèrement en français et très nettement en mathématiques.

Les femmes sont plus diplômées que les hommes mais occupent moins d’emplois stables

Dans chaque domaine, les femmes sont davantage inscrites à l’université que les hommes. Elles sont également plus diplômées. Elles sont notamment 30 % à détenir un Master, un doctorat, à être diplômées d’une école d’ingénieurs ou d’une école de commerce, contre 22 % des hommes. Les femmes sont aussi plus nombreuses à détenir un diplôme à bac+2 ou 3 : 28 % sont titulaires d’un BUT2, BUT ou d’une licence, contre 25% d’hommes. Des chiffres qui se retrouvent également à l’échelle européenne.

Concernant leur entrée sur le marché du travail, le taux d’emploi salarié des femmes est légèrement supérieur à celui des hommes. Pourtant, et comme à la sortie de la formation professionnelle, les femmes occupent moins souvent des emplois en CDI que les hommes. Une exception demeure : le master enseignement, au terme duquel les femmes sont plus nombreuses à décrocher un emploi (71 % contre 65 % d’hommes).

Voir aussi :Enquête : qu’est-ce qui rend les jeunes heureux au travail ?

L’insécurité et le sexisme subi par les filles ne diminue pas

La publication fait également état du sexisme et du sentiment d’insécurité subi par les filles. Un exemple parmi d’autres : elles se sentent moins en sécurité dans les transports scolaires ou aux alentours du collège que les garçons. 91 % des garçons disent notamment se sentir tout à fait en sécurité dans les transports scolaires, contre 78 % de filles.

En outre, les filles sont davantage victimes d’insultes sexistes. Au collège, elles sont ainsi 10 % à déclarer en être victimes, contre 2 % de garçons. Cet écart se creuse encore au lycée, où elles sont 18 % à affirmer vivre ces insultes, contre… 2 % de garçons. Les comportements très genrés sont aussi à noter : une majorité de filles se sent plus souvent mise à l’écart, alors que les garçons sont plus souvent impliqués dans les bagarres.

36 établissements obtiennent le niveau 3 du label « Égalité filles-garçons »

Parallèlement à la publication de ces chiffres, le ministère de l’Éducation nationale a également dévoilé ceux concernant l’un de ses plus récents labels. Lancé en mars 2023, le label « Égalité filles-garçons » a en effet pour but de renforcer la culture du respect et de l’égalité entre les filles et les garçons. Ses critères, appliqués à l’école, se basent notamment sur :

  • l’éducation contre les représentations stéréotypées
  • l’accompagnement de parcours de réussite pour les filles et les garçons
  • des choix d’orientation favorisant la mixité

Le label vise en outre à valoriser et encourager les actions en faveur de la lutte contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles.

Pour la première campagne de labellisation, en 2023, plus de 550 établissements se sont portés candidats. Ils sont désormais titulaires d’un label académique reconnaissant leur engagement (niveau 1) ou l’approfondissement de leur démarche (niveau 2). Cette année, le comité national de sélection a retenu 36 établissements pour l’obtention du niveau 3 du label « Égalité filles-garçons ».