Comment lutter contre le cyber harcèlement ?

SOMMAIRE

• Définition
• Causes
• Conséquences
• Lutter

Qu’est-ce que le cyber harcèlement ?

L’association e-Enfance la Caisse d’Épargne ont réalisé une étude concernant la vulnérabilité des jeunes adultes, âgés entre 18 et 25 ans, face aux cyber violences, et plus particulièrement, au cyber harcèlement. Celle-ci révèle que 60 % d’entre eux ont déjà été victimes de ce fléau. Mais qu’est-ce que le cyber harcèlement ?

Le Ministère de l’Éducation nationale le décrit comme une agression intentionnelle et répétée, commise par un enfant ou un groupe d’enfants par le biais de formes de communication électroniques, à l’égard d’une victime ne pouvant pas facilement se défendre seule.

En d’autres termes, on parle de cyber harcèlement dès lors qu’une ou plusieurs personnes portent atteinte à l’intégrité morale d’un individu, de façon délibérée et répétée, en utilisant les moyens de communication numériques. Ces actes agressifs peuvent se faire via les smartphones, les réseaux sociaux, les messageries instantanées, les courriers électroniques, les blogs, les tchats, les forums, les jeux en ligne, etc.

Les formes du cyber harcèlement

Le cyber harcèlement peut prendre plusieurs formes, telles que : 

• Des menaces, des moqueries, des insultes ou des intimidations en ligne.
• La propagation de rumeurs.
• L’usurpation d’identité digitale et/ou le piratage de compte.
• La création d’un sujet de discussion, d’une page ou d’un groupe sur un réseau social destinée à nuire à une personne.
• La publication de photos ou de vidéos humiliantes ou embarrassantes d’un individu.
• L’échange de contenus à caractère sexuel non consenti par SMS ou messagerie – appelé sexting -, la pornodivulgation ou le revenge porn ou la vengeance pornographique.
• Le chantage à la webcam.

En plus de ces formes de cyber harcèlement, les cyberviolences peuvent, elles aussi, englober plusieurs autres phénomènes.

Le cyber harcèlement, ce que dit la loi 

Aux yeux de la loi, le cyber harcèlement est considéré comme une circonstance aggravante du harcèlement moral. L’article 222-33-2 du Code pénal indique que : “Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.”.

Le cyber harcèlement est donc un délit punissable, dont les sanctions varient en fonction de la situation : 

• Si le harceleur est majeur et que le harcelé a plus de quinze ans, le premier risque jusqu’à deux ans de prison et devra s’acquitter d’une amende de 30 000 €. Dans le cas où le harcelé serait âgé de moins de quinze ans, alors la peine maximale est de trois ans de prison et de 45 000 € d’amende. 
• Si le harceleur est mineur et âgé de moins de treize ans, des règles spécifiques s’appliquent. Lorsqu’il a plus de treize ans et que sa victime est âgée de plus de quinze ans, alors la peine maximale est d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende. Dans le cas où la victime a moins de quinze ans, la sanction maximale est de 18 mois de prison et de 7 500 € d’amende. 

Le harcèlement en meute – appelé raids numériques – est puni de manière identique. Il s’agit d’un phénomène qui décrit plusieurs personnes, qui harcèlent, de manière successive ou simultanée, une même victime. 

Quelles en sont les causes du cyber harcèlement ?

La cause principale du cyber harcèlement est liée à l’anonymat que l’utilisation d’internet permet de conserver. En effet, il devient plus facile d’insulter et de harceler un individu lorsque l’on se cache derrière un écran. À travers cette absence de face à face et la vitesse grand V à laquelle la diffusion instantanée et massive est possible, un sentiment de toute-puissance peut rapidement nous gagner. Parfois, l’escalade du “troll” commence par un simple Tweet injurieux envoyé à un personnage public, puis par un commentaire laissé sur la publication Facebook d’un inconnu dont le physique est perçu comme risible, jusqu’au partage d’une photo compromettante d’un voisin pour “s’amuser” ou “se venger”.

Dans la majorité des cas, le harceleur n’a pas idée de la gravité de ses actes. Surtout que ce dernier ne rencontre pas toujours sa victime et, de ce fait, il lui est impossible de percevoir la douleur infligée. L’empathie est un sentiment difficile à ressentir derrière un écran. 

À l’adolescence, ce processus est encore plus rapide, car il s’agit d’une période de la vie où la popularité et la recherche d’identité sont capitales. Au sein de ce contexte, la diffusion d’une photo d’une amie en sous-vêtements dans les vestiaires ou de la vidéo d’un camarade en surpoids pendant le cours d’EPS peut être perçue comme l’occasion idéale pour voir sa côte de popularité grimper, même si c’est au dépend d’un autre. Une fois le mouvement lancé, les autres élèves ne tarderont pas d’ajouter des commentaires insultants ou moqueurs et de commenter en riant durant la récréation.

Quelles sont les conséquences du cyber harcèlement?

Que ce soit pour la victime ou pour l’agresseur, les conséquences du cyber harcèlement sont multiples et progressives.

À court terme, un jeune rejeté par ses camarades se verra socialement et émotionnellement isolé. Il se refermera alors sur lui-même, ressentira de la honte, de la culpabilité et, petit à petit, il perdra confiance en lui. Cet état psychologique compte parmi les causes d’absentéisme à répétition et de décrochage scolaire. En effet, la victime juge souvent qu’il est trop difficile pour elle de se rendre à l’école et de faire face aux moqueries. 

Au fil du temps, elle peut même développer des comportements violents, puisque la violence lui paraît être la seule manière de se défendre. Ainsi, le harcelé devient quelquefois harceleur d’un autre individu, afin “d’être fort” et de ne “pas totalement perdre le contrôle de sa vie”. Parmi les conséquences les plus graves du cyber harcèlement, à moyen et long terme, on retrouvera des comportements suicidaires et l’automutilation.

En ce qui concerne le harceleur, qui commence souvent par “une simple blague pas si grave”, il verra s’accroître son manque d’empathie avec le temps. Généralement, afin de conserver un sentiment d’impunité et de puissance, le harcèlement devient de plus en plus fréquent et violent. D’autre part, tout comme pour la victime, l’échec scolaire fait partie de la vie de l’agresseur et s’accompagne d’un sentiment de rejet injuste. À long terme, il sera attiré par la délinquance et aura tendance à devenir l’auteur d’actes de maltraitance infantile et de violence conjugale.

Comment lutter contre le cyber harcèlement ?

Maintenant que vous en savez plus sur le sujet, vous vous demandez sûrement comment lutter contre le cyber harcèlement. La première chose à faire, est d’en parler à quelqu’un de confiance. Vous devez bien comprendre que rien ne justifie le harcèlement, que vous ne devez pas avoir honte et que cela peut arriver à n’importe qui.

Ensuite, il est important de ne pas entrer dans le jeu du harceleur en répondant à ses messages, afin de ne pas l’encourager à continuer. En revanche, gardez enregistré tout ce qu’il vous envoie, car en cas de plainte auprès de la police, cela vous servira de preuve.

La sensibilisation contre le cyberharcèlement 

En général, tous les adultes sont responsables en matière de prévention et de cyberharcèlement constaté. Dans la plupart des cas, les parents (60 %) sont les premiers adultes à offrir de l’aide et des conseils sur la sécurité sur Internet, suivis par les enseignants (43 %).

En tant que parent, vous pouvez sensibiliser et protéger votre enfant des dangers d’internet en : 

• Familiarisant votre enfant à l’utilisation responsable des nouvelles technologies : les dangers de l’effet de groupe sur les réseaux sociaux, la liberté d’expression et ses limites, etc.
• Apprenant à votre enfant que la publication de commentaires agressifs ou insultants en ligne, en plus porter préjudice à la victime, a de réelles conséquences sur le plan pénal.
• Installant le contrôle parental sur les équipements numériques de votre enfant et en contrôlant ses comptes sur les réseaux sociaux, ainsi que ses messageries de façon régulière.

De son côté, l’Éducation Nationale a un rôle primordial à jouer dans la communication des valeurs liées à l’utilisation citoyenne et responsable d’internet. Elle s’engage donc à transmettre des informations aux élèves sur :

• L’importance de parler des problèmes rencontrés entre élèves avec les adultes de l’établissement et de venir en aide aux victimes ;
• La protection de la vie privée et des données personnelles, ainsi que des risques liés à l’usage des nouveaux médias.
• Le respect du droit à l’image et de la vie privée.

Les actions contre le cyber harcèlement 

Si vous constatez des messages inquiétants sur ses réseaux sociaux ou un changement de comportement chez votre enfant, n’hésitez pas à lui en parler. S’il refuse d’en discuter, vous pouvez l’inciter à se tourner vers un autre adulte de confiance ou même à un autre élève avec lequel il est ami. Vous pouvez aussi contacter le chef d’établissement pour éclaircir la situation. 

Si votre enfant est victime de cyberharcèlement, agissez comme il suit : 

• Conservez des preuves.
• Faites un signalement en ligne afin d’arrêter la diffusion du contenu inapproprié.
• Bloquez les harceleurs sur les réseaux sociaux, dans ses contacts, etc.
• Portez plainte si cela est nécessaire (vous pouvez demander de l’aide au 3018).
• N’utilisez surtout pas la violence comme moyen de réponse, cela risquerait d’aggraver davantage la situation.

Par ailleurs, une aide cyber harcèlement a été mise en place par le gouvernement. Ainsi, si vous ou l’un de vos proches êtes victime ou si vous avez été témoin de ce type de situation, vous pouvez contacter le 3018 (joignable du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h). Il s’agit d’un numéro gratuit, confidentiel et totalement anonyme.