Un baromètre des jeunes «invisibles», pourquoi, pour qui ?

Publié le 26 septembre 2023
 • Mis à jour le 18 octobre 2023
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Pourquoi suis-je effacé de la société ? Pourquoi suis-je en rupture ? Pourquoi moi et pas l’autre ? Pourquoi les jeunes ont tant de difficulté à s’insérer dans leur vie d’adulte ? Pourquoi les jeunes n’ont pas recours à tous leurs droits ? Pourquoi fréquentent-ils moins les structures d’accueil et d’accompagnement spécifiques ? Pourquoi y a t’il tant de différences entre les territoires ?

baromètre jeunes invisibles

Quand nous n’avons ni explication ni réponse aux questions que l’on se pose, l’anxiété s’installe dans notre vie.

Les statistiques des NEETs – ni en éducation, ni en formation, ni en emploi – permettent de mesurer le nombre de jeunes au chômage et inactifs. Le baromètre des « invisibles » va plus loin. C’est un outil qui permet de mesurer les difficultés d’insertion des jeunes, entre 15 et 29 ans, sur tous les territoires à l’échelle des régions, des départements et des regroupements de communes (EPCI).

Il peut aider les acteurs de terrain et les élus des territoires à comprendre les difficultés d’insertion des jeunes et, par conséquences, à mettre en œuvre des politiques « jeunesse » adaptées. Mais surtout, il permet aux jeunes et à leurs proches de se dire « je ne suis pas tout seul, ce n’est peut-être pas de ma faute si je me retrouve dans cette situation ! » et de fait de moins culpabiliser.

Ce baromètre des « invisibles » s’intéresse à trois tranches d’âges significatives : les 15-19 ans qui sont censés être en études initiales, les 20-24 ans qui fréquentent majoritairement les études post bac, qu’elles soient générales, technologiques ou professionnelles et enfin, les 25-29 ans qui devraient être en emploi pour ceux et celles qui ne suivent pas un cursus plus long.

Nous nous apercevons que ces poncifs ne sont plus d’actualité puisqu’un jeune sur trois est en difficulté d’insertion, que l’on peut diviser en trois catégories : 

  1. Les jeunes « invisibles » dits inactifs (6,2%) et les jeunes en risque de le devenir,
  2. En emploi précaire (15,7%)
  3. En accompagnement longs dits au chômage (12,5%), ces derniers peuvent être diplômés voire sur-diplômés et/ou inscrits dans une Mission locale et sont systématiquement inscrits au Pôle emploi.

Si l’on additionne les jeunes “invisibles” et les jeunes en accompagnement long, on obtient les NEETs.

Les données du baromètre permettent également de montrer que, plus le jeune vieillit, plus il a de risques d’être « invisible » : 

  • 4,1% des 15-19 ans
  • 6,7% des 20-24 ans 
  • 8% des 25-29 ans. Pour les plus âgés, cela devient un véritable casse-tête puisqu’ils n’ont plus accès à l’accompagnement long et global des Missions locales, ils sont seuls face à leurs recherches de solutions, hors emploi, l’âge légal de la jeunesse s’arrêtant aux 26 ans du jeune. La solution serait de prolonger cet âge légal jusqu’à 29 ans.

Et, pour terminer, la sociologie de cette jeunesse en déshérence a fondamentalement changé. En effet, un jeune sur neuf est toujours issu des zones sensibles quand neuf sur dix le sont des autres territoires et, quatre sur dix sont nés dans une famille plutôt favorisée. Ces nouvelles données nécessitent de changer de modèle d’accompagnement, on ne peut plus se contenter du volontariat d’antan, il faut sortir des murs et aller à la rencontre de cette nouvelle catégorie de jeunes en difficulté d’insertion.

Les conséquences de la massification des difficultés d’insertion des jeunes sont sociétales, les jeunes des quartiers sensibles peuvent encore prendre le train de l’ascenseur social, cependant il faut être conscient qu’un descendeur social s’est mis en route pour une part significative de la population, rendant la société anxiogène.