Qu'est-ce l'orthographe lexicale ?

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L’orthographe lexicale (aussi appelée orthographe d’usage) est la façon d’écrire un mot pris individuellement (en dehors d’une phrase) selon une norme établie. Quand on cherche un mot dans le dictionnaire, on trouve son orthographe lexicale (il y a parfois plusieurs orthographes considérées comme correctes pour le même mot). 

Exemples

  • clé / clef

  • cacahuète / cacahouète

  • bistro / bistrot

  • cuiller / cuillère

  • saoul / soûl
  • aïoli / ailloli
  • resurgir / ressurgir
  • granit / granite
  • événement / évènement
  • portemonnaie / porte-monnaie

Depuis les rectifications de 1990, de nombreux mots ont deux orthographes, mais ne trouve pas toujours dans le dictionnaire ces deux orthographes.

Exemples :

  • nénufar / nénuphar
  • ognon / oignon
  • imbécilité / imbécillité
  • relai / relais
  • assoir / asseoir
  • dissout / dissous
  • exéma / eczéma
  • ile / île
  • charriot / chariot
  • voute / voûte
  • il plait / il plaît
  • il parait / il paraît

1. Le phonème 

Le phonème (du grec phônêma « son de voix ») est la plus petite unité de la chaîne parlée, c'est-à-dire la plus petite unité de son dans un mot. On découpe d’abord un mot en syllabes, puis en phonèmes.
Exemples : dans le mot fourmi > j’entends 2 syllabes : four-mi > puis je perçois chaque son dans ces syllabes : [f]/[u]/[r]/[m]/[i] > 5 phonèmes.

Le système phonologique français est composé de 37 phonèmes.

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2. Le graphème

Le graphème (de graphie, l’écriture, d'après phonème) est la plus petite unité du système graphique destiné à transcrire les phonèmes. 

Il existe des graphèmes simples (d’une lettre) et des graphèmes complexes (composé de deux ou trois lettres).
Le français compte environ 130 graphèmes pour 37 phonèmes.

Exemple : Le phonème [o] peu s'écrire de 7 façons différentes.

  • o > volet, poser
  • ô > ôter, pôle
  • au > autre, étau
  • eau > beauté, cadeau
  • a > football, hall
  • oa > goal, coach
  • aw > crawl, squaw

Important : dans les graphèmes, on prend en compte les lettres muettes (une lettre muette est une lettre que l’on ne prononce pas).

Exemples : b (à la fin de plomb), c (à la fin de blanc), d (à la fin de blond), g (à la fin de long), e (à la fin et à l’intérieur de nombreux mots comme porte ou prélèvement).

On parle de correspondances entre graphèmes et phonèmes (ou correspondances graphophonologiques). Elle sont la base du passage de la langue écrite à la langue orale et vice-versa.

Même si une personne apprend de manière explicite les correspondances entre les phonèmes et les graphèmes, seuls 50 % des mots du français peuvent être correctement orthographiés à partir de ces correspondances (source : étude de Véronis, 1988).

Deux procédures sont responsables de la production orthographique : la procédure d'assemblage et la procédure d'adressage.

3. La procédure d'assemblage

La procédure d’assemblage consiste à générer une orthographe en appliquant des correspondances phonèmes-graphèmes. Cette procédure permet d'orthographier les mots réguliers. Le fameux 

« ça s’écrit comme ça se prononce ! ».

Exemples de mots réguliers : disparu, loto, sortir, délivra, carnaval. (Un son/phonème = une lettre/graphème simple)

4. La procédure d’adressage

La procédure d’adressage consiste à récupérer l'orthographe des mots connus dans un lexique orthographique. Elle permet d'orthographier les mots irréguliers et/ou contenant des lettres muettes.

Exemples de mots irréguliers : monsieur, seconde, appeler, emprunt, comptoir, ornithorynque.

Si on écrivait le mot ornithorynque avec des graphèmes simples en respectant les correspondances graphèmes-phonèmes, je l’écrirais : [ornitorink].

5. Conclusion 

Bien écrire, c’est : 

- d’abord bien percevoir les sons contenus dans les mots ;
- choisir ensuite le graphème correspondant au phonème (en s’appuyant sur les règles connues, l'étymologie ou sa mémoire visuelle, auditive) ; 
- classer les mots ;
- analyser la phrase pour pouvoir accorder les noms, adjectifs, participes passés (en fonction du genre et du nombre) et conjuguer les verbes (en fonction du temps, du mode et de la personne) ;
- choisir les bons signes et caractères grâce aux règles typographiques.

Lorsque tout cela n’est pas automatisé, on peut donc parler de surcharge mentale lors de l’acte d’écriture. On doit réfléchir à la fois au fond (le contenu, les mots, le sens, la construction de la phrase) et à la forme (l’orthographe et la typographie).
L’orthographe française est complexe, car écrire un texte considéré comme correct demande des connaissances dans plusieurs domaines.