1. Introduction
Sachez qu’un texte parfait, sans aucune erreur, est extrêmement rare, d’autant que les grammairiens et lexicographes ne sont pas toujours d’accord sur les règles et les exceptions !
Dans cette leçon : les erreurs d'orthographe lexicale (de 2:00 à 7:35 dans la vidéo).
2. Mauvaise perception des sons
Certaines erreurs proviennent d’une mauvaise perception des unités lexicales (mots bien séparés les uns des autres), on parle alors de problème de segmentation.
Exemples :
- limage pour l'image
- une nenquète pour une enquête
- on la vu pour on l'a vu.
Le phonème (du grec phônêma « son de voix ») : plus petite unité de la chaîne parlée, c'est-à-dire la plus petite unité de son dans un mot.
Exemples : [u] de ours, [v] de ville, [ʃ] de chapeau...
Parfois, il manque des syllabes ou des phonèmes (on parle d’omission).
Exemples : banche pour blanche ; aspiteur pour aspirateur ; kola pour koala.
Certaines erreurs proviennent d’une confusion entre des phonèmes proches.
Exemples : pache pour page ; souvont pour souvent ; somnanpule pour somnambule.
Ces erreurs peuvent être les premiers signes d’une dyslexie phonologique. Si des écrits comportent plusieurs erreurs de ce type, un bilan orthophonique est conseillé.
3. Correspondance graphème-phonème
Certaines erreurs proviennent d’une méconnaissance des correspondances entre graphèmes et phonèmes.
On peut avoir bien perçu le son et ne pas pouvoir le transcrire.
Le graphème (de graphie, l’écriture, d'après phonème) : plus petite unité du système graphique destiné à transcrire les phonèmes.
Il existe des graphèmes simples (d’une lettre).
Exemples :
[a] > a, à, â (gare, là, château)
[ɛ] > è, ê (chèvre, fête)
[f] > f (facile)
Il existe aussi des graphèmes complexes (composés de deux ou trois lettres).
Exemples :
[ɛ] > ai, ei (chaise, reine)
[ʃ] > ch, sh, sch (chance, shérif, schéma)
[œ] > eu, œu, œ (fleur, œuf, œil)
Le français compte environ 130 graphèmes pour 37 phonèmes.
On parle de correspondances entre graphèmes et phonèmes (ou correspondances graphophonologiques). Elles sont la base du passage de la langue écrite à la langue orale et vice-versa.
Voici des exemples d’erreurs liées à une méconnaissance des correspondances graphophonologiques :
- seil (pour seuil)
- commercant (pour commerçant)
- gichet (pour guichet)
- envisagons (pour envisageons)
- dévisé (pour dévisser)
- economique (pour économique)
- égoiste (pour égoïste)
3. Mauvais choix de graphèmes
Les sons sont parfois bien perçus, les correspondances graphophonologiques sont connues, donc si on lit le texte à voix haute, il est fidèle à ce que l’on a entendu.
En revanche, les erreurs proviennent soit d’une méconnaissance de la graphie correcte (le mot n’a jamais été rencontré, donc on a tâtonné et choisi des graphèmes au hasard), soit d’une difficulté à retenir le graphème correct, donc à fixer l’orthographe lexicale.
Ces erreurs, si elles sont fréquentes, peuvent être les premiers signes d’une dysorthographie.
Exemples :
- courament (pour couramment)
- évidant (pour évident)
- amitiée (pour amitié)
- tiroire (pour tiroir)
- flêche (pour flèche)
- rytme (pour rythme)
On peut même observer l’ajout de lettres (on appelle cela l’hypercorrection).
Exemples :
- cabanne (pour cabane)
- éthymologie (pour étymologie)
- agraffe (pour agrafe)
- apperçevoir (pour apercevoir)
- language (pour langage)
- champs (pour champ)
Certaines erreurs enfin sont dues à une méconnaissance des marques irrégulières du pluriel (noms et adjectifs).
Exemples :
- des landaux (pour landaus)
- des gazs (pour gaz)
- ils sont nouveaus (pour nouveaux)
- des pneux (pour pneus)
- des bijous (pour bijoux)
- des bisoux (pour bisous)
4. Les homophones
Il existe en français un grand nombre de mots homophones.
Homophones : mots qui se prononcent de la même façon, mais qui s’écrivent différemment.
Certains homophones appartiennent à des catégories grammaticales différentes :
Exemples :
- a/à : verbe et préposition
- sur/sûr : préposition et adjectif
- et/est : conjonction et verbe
- on/ont : pronom et verbe
D’autres homophones appartiennent à la même catégorie grammaticale.
Exemples :
- balade/ballade : deux noms
- compter/conter : deux verbes
- ces/ses : deux déterminants
- décrépi/décrépit : deux adjectifs
De nombreuses erreurs proviennent d’un mauvais choix entre ces homophones.
Exemples :
- Je pars en ballade (pour balade)
- Vous restez la ? (pour là)
- Il et arrivé tard. (pour est)
- J’ai vu une tâche de café sûr le tapis. (pour tache et sur)
Je vous donnerai dans une prochaine vidéo des pistes pour les aborder, notamment en évitant de les apprendre en les opposant systématiquement.