L'imparfait de l'indicatif

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1. Introduction

L’imparfait de l'indicatif* est un temps du passé très courant et sa conjugaison est régulière. 

*L’indicatif : mode de la réalité, qui sert à exprimer la certitude, la déclaration, le jugement, la pensée, une croyance et la probabilité.

2. Valeurs de l'imparfait

En général, l’imparfait montre une action en train de se dérouler dans le passé. Il la montre en partie non achevée (d’où le terme « imparfait », car « parfait » signifiait au départ « achevé », « complet »).

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Il était une fois...


Il est utilisé pour :

A. Les descriptions.

Exemples :
a. Au-dessus de ce troisième étage étaient un grenier à étendre le linge et deux mansardes où couchaient un garçon de peine, nommé Christophe, et la grosse Sylvie, la cuisinière. (Honoré de Balzac, Le Père Goriot)
b. C'était un lieu absolument solitaire. Aussi loin que le regard pouvait s'étendre, il n'y avait personne dans la plaine ni dans le sentier. On n'entendait que les petits cris faibles d'une nuée d'oiseaux de passage qui traversaient le ciel à une hauteur immense. (Victor Hugo, Les Misérables)
c. Le jour baissait ; l'air plus frais entrait par souffles plus vifs, faisait voltiger contre le mur une image d'Épinal tenue par deux épingles ; les petits rideaux de la fenêtre, jadis blancs, jaunes maintenant et couverts de taches de mouche, avaient l'air de s'envoler, de se débattre, de vouloir partir, comme l'âme de la vieille. (Guy de Maupassant, Le Horla)

B. Une action simultanée par rapport à une autre.

Exemples :​
a. C'était toujours le même vieux silence dans le bureau de Robert tandis qu'il écrivait(Simone de Beauvoir, Mandarins).
b. D’Artagnan, selon les lois du duel de cette époque, pouvait secourir quelqu’un ; pendant qu’il cherchait du regard celui de ses compagnons qui avait besoin de son aide, il surprit un coup d’œil d’Athos. (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires)
c. Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s'asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire. (Alain Fournier, Le Grand Meaulnes)

C. Une répétition, une habitude passée.

Exemples :
a. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. (Marcel Proust, À la recherche du temps perdu).
b. Successivement, ils prenaient le rôle d’accusateur, [...] ils le recommençaient chaque soir avec un acharnement cruel. [...] ils tentaient toujours cette besogne, ils revenaient toujours à la charge. [...] Le bénéfice le plus net qu’ils tiraient de leurs disputes était de produire une tempête de mots et de cris dont le tapage les étourdissait un moment. (Émile Zola, Thérèse Raquin)

​​D. La supposition ou une hypothèse après si.

​Exemples :
a.Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours. (Gandhi)
b. Qui pouvait affirmer en effet que l’éternité d’une joie pouvait compenser un instant de la douleur humaine ? (Albert Camus, La Peste)
c. Le plus fort des désirs de nos concitoyens était et serait de faire comme si rien n'était changé, mais que, dans un autre sens, on ne peut pas tout oublier, même avec la volonté nécessaire, et la peste laisserait des traces, au moins dans les cœurs. (Albert Camus, La Peste)
d. Dieu, s'il y croyait, sa conscience, s'il en avait une, étaient les seuls juges dont il pût dépendre. (Jules Vernes, Vingt Mille Lieues sous les mers)

E. Une action en cours dans le passé 

Une action de « second plan » qui va être interrompue.

Exemples :
a. Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un mouvement physique. Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main, et prit celle de madame de Rênal, qui la retira aussitôt. (Stendhal, Le Rouge et le Noir)
b. Le regard de Suzanne voletait d'une enveloppe à l'autre quand, soudain, la jeune femme reconnut l'écriture de Vidame. (Georges Duhamel, Suzanne et les jeunes hommes)
c. Son regard, arrêté à dix ou douze pas devant lui, semblait étudier avec une attention profonde la forme d'un vieux tesson de faïence bleue tombé dans l'herbe. Tout à coup il tressaillit ; il venait de sentir le froid du soir. (Victor Hugo, Les Misérables)

3. Construction 

L’imparfait de l'indicatif se construit en prenant le radical de la 1re personne du présent de l’indicatif (nous), en enlevant la terminaison -ons et en ajoutant les terminaisons suivantes : 

-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient.

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Exemples : je faisais, nous allions, tu croyais, il mettait, ils finissaient, tu mangeais, il prenait, ils brillaient, je disais, elle lançait…

4. Précisions

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A. Aux 1re  et 2e personnes du pluriel

1. Les verbes en -yer s’écrivent avec un y + un i.

Exemples : nous balayions, vous payiez, nous croyions, vous essuyiez.

2. Les verbes en -ier s’écrivent avec deux i.


Exemples : nous criions, vous reliiez, nous nous méfiions.

3. Les verbes en -iller s’écrivent avec un i après ill.


Exemples : nous réveillions, vous travailliez, vous brilliez.

4. Les verbes en -gner s’écrivent avec un i après gn.


Exemples : nous peignions, vous craigniez, nous rejoignions.

B. Avec le c et le g :

1. Les verbes en -ger s’écrivent avec un e avant le a, mais sans e avec les pronoms nous et vous.

Exemples : je changeais, tu dérangeais > nous changions, vous dérangiez.​

2. Les verbes en -cer s’écrivent avec une cédille avant le a, mais sans cédille avec les pronoms nous et vous.

Exemples : tu balançais, il berçait > nous balancions, vous berciez.