Après la Première Guerre mondiale, le XXe siècle voit la mise en place d’instances de délibération multilatérales aux ambitions variées. Pourtant, les États, et notamment le plus puissant d’entre eux, les États-Unis, ont souvent cherché à les contourner pour défendre d’abord leur intérêt national.
I. L’avènement du multilatéralisme
1) Préserver la paix
Mot clé
Le multilatéralisme est un mode de relations internationales qui privilégie les négociations, les accords et les coopérations entre plus de deux pays.
La création de la Société des Nations (SDN) en 1919 puis de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1945 est en grande partie le fruit d’initiatives américaines. À travers elles, les États-Unis entendent créer un cadre multilatéral de relations internationales.
Si le Congrès américain refuse l’adhésion du pays à la SDN, dans un réflexe traditionnel d’isolationnisme, à partir de 1945 les États-Unis deviennent un membre actif du Conseil de sécurité de l’ONU.
Au cours de la guerre du Golfe en 1991, les Américains s’engagent pleinement dans cette démarche multilatérale en prenant la tête d’une vaste coalition onusienne afin de libérer le territoire du Koweït envahi par l’Irak. Pour George H. W. Bush, les États-Unis doivent être les « gendarmes du monde » en liaison avec l’ONU.
2) Favoriser la prospérité économique et l’environnement
En parallèle, les États-Unis entendent établir un système économique stable par les accords de Bretton Woods (1944) et la création du Fonds monétaire international (FMI). Ils promeuvent également une économie ouverte grâce au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) en 1947 et à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) constituée en 1995.
Les États-Unis participent aussi au cadre multilatéral en matière de protection de l’environnement via le protocole de Montréal de 1987, qui vise à l’élimination des gaz nocifs à la couche d’ozone.
II. Le poids des intérêts nationaux
1) Les Nations unies sous pression américaine
Mais, lorsque leur sécurité nationale ou leurs intérêts vitaux sont en jeu, les États-Unis n’hésitent pas à contourner le cadre multilatéral. En 1996, l’administration Clinton refuse ainsi le renouvellement du mandat du secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, jugé trop indépendant.
Mot clé
L’unilatéralisme consiste pour un État à décider d’une action indépendamment de tout avis extérieur, en ne prenant en considération que ses intérêts.
Leur unilatéralisme se manifeste en 2003 quand George W. Bush s’engage dans un nouveau conflit irakien visant à renverser Saddam Hussein : cette fois, les États-Unis interviennent sans l’aval de l’ONU.
2) Un cadre bilatéral
Washington tend également à privilégier les relations d’État à État. Dans le domaine économique, face à la concurrence notamment de la Chine, les négociations multilatérales dans le cadre de l’OMC sont bloquées.
Sur le plan diplomatique, face à la menace nucléaire nord-coréenne, Donald Trump privilégie les négociations directes avec Kim Jong-un.
3) Des retraits spectaculaires
Enfin, les États-Unis peuvent être amenés à revenir sur leur participation à des instances multilatérales. Ainsi, après avoir participé à la création de la Cour pénale internationale (CPI) en 1998, ils n’en ont jamais ratifié le statut.
Cette position peut aller jusqu’au retrait : en 2017, le président Trump annonce que son pays se retire de l’accord de Paris sur le climat.