Plan détaillé sur les mémoires de la guerre d'Algérie

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Comment ont évolué les mémoires de la guerre d'Algérie en France ?

L’étude de ce sujet permet de mettre en lumière l’articulation entre histoire et mémoires qui constitue un des grands enjeux du thème 3 du programme. De plus, il porte sur une question d’une brûlante actualité.

I. Présentation d'une question (5 minutes)

Introduction

Accroche

Le 13 septembre 2018, le président de la République Emmanuel Macron reconnaît officiellement la responsabilité de l’armée française dans l’exécution de Maurice Audin, militant communiste favorable à l’indépendance de l’Algérie, en 1957. Il met alors fin à soixante-dix années d’occultation officielle d’un crime d’État.

Présentation du sujet

Cet évènement soulève la question des mémoires de la guerre d’Algérie, c’est-à-dire des souvenirs que différents groupes ou communautés ont gardés du conflit.

Formulation de la problématique

C’est pourquoi nous nous efforcerons de répondre à la question suivante : comment ont évolué les mémoires de la guerre d’Algérie en France ?

Annonce du plan

Après deux décennies d’amnésie officielle (années 1960-1970), on assiste à un réveil des mémoires (années 1980-1990), puis à une reconnaissance progressive du conflit (à partir de 1999).

1) Un conflit occulté (années 1960-1970)

Au lendemain des accords d’Évian (18 mars 1962) qui mettent fin à la guerre d’Algérie, le général de Gaulle veut tourner la page au nom de l’unité nationale. En effet, le conflit a affaibli la puissance du pays et a profondément divisé l’opinion publique entre les partisans de l’Algérie française et ceux de l’indépendance du territoire algérien.

En 1968 est votée une loi d’amnistie qui permet aux membres de l’OAS de sortir de prison ou de rentrer d’exil. Le livre d’Henri Alleg (La Question) dénonçant l’usage de la torture par l’armée française est interdit depuis 1958.

Cependant, les pieds-noirs et les harkis sont en quête de reconnaissance : en 1970, une loi indemnise les rapatriés d’Algérie pour les biens laissés sur leur terre natale ; en 1974-1975, les harkis se soulèvent pour dénoncer leurs conditions de vie dans les cités d’accueil.

À noter

L’OAS (Organisation de l'armée secrète) est une organisation terroriste fondée par des militaires partisans de l’Algérie française.

2) Le réveil des mémoires (années 1980-1990)

Les années 1980 sont marquées par la percée électorale du Front national, nostalgique de l’Algérie française et hostile à l’immigration. Les tensions liées au conflit algérien sont alors réactivées chez la deuxième génération des différentes communautés (pieds-noirs, harkis, immigrés algériens).

La guerre d’Algérie fait l’objet d’un regain d’intérêt : en 1983, la question entre dans les programmes de lycée ; en 1991, l’historien Benjamin Stora publie La gangrène et l’oubli : la mémoire de la guerre d’Algérie.

3) Un conflit reconnu (depuis 1999)

En 1999, une loi reconnaît l’existence d’une guerre d’Algérie : c’est la fin de 37 ans d’« amnésie officielle ». En 2003, une journée d’hommage national aux morts pour la France en Afrique du Nord est fixée au 5 décembre.

Grâce à un accès plus facile aux archives depuis 2001, des historiens comme Guy Pervillé et Raphaëlle Branche renouvellent l’histoire de la guerre.

Cependant, le débat public est marqué par une « guerre des mémoires » : ainsi, en 2010, le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, qui dénonce la répression des émeutes de Sétif, provoque la colère des pieds-noirs.

À noter

La loi sur les archives publiques impose un délai de 60 ans pour la consultation des documents classés « secret défense ».

Conclusion

Bilan

Ainsi, les mémoires de la guerre d’Algérie en France ont connu une évolution en trois étapes : d’une période d’amnésie officielle, on est passé à un réveil des mémoires, puis à une véritable « guerre des mémoires » liée à la reconnaissance officielle du conflit.

Ouverture

Côté algérien, l’émergence des mémoires est freinée par une mémoire officielle qui prétend souder toute la population autour d’un FLN très contesté.

Support écrit

En préparant cette frise chronologique à l’attention du jury, tu mets en évidence les trois grandes étapes de la formation des mémoires du conflit. En même temps, ce document te permet de te rappeler le plan de ton exposé.

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II. Échange avec le jury (10 minutes)

Quel est l’apport des travaux de Benjamin Stora sur la question ?

Benjamin Stora a été pionnier dans l’histoire des mémoires de la guerre d’Algérie : c’est lui qui a parlé d’amnésie, de réveil des mémoires et de guerre des mémoires. De plus, il a collaboré avec des historiens algériens comme Mohammed Harbi pour étudier la façon dont se sont construites les mémoires : en 2004, ils ont publié un ouvrage de synthèse intitulé La guerre d’Algérie 1954-2004 : la fin de l’amnésie.

Quelle autre période historique a donné lieu à une évolution comparable des mémoires ?

On peut penser au régime de Vichy et à ses responsabilités dans la Shoah. Après une période d’amnésie officielle, les travaux des historiens comme Robert Paxton ou Henry Rousso ont nourri le débat public et poussé la France à reconnaître les crimes de l’État français par la voix de Jacques Chirac en 1995.

Échange sur le projet d'orientation

Le jour J, il te faudra bien sûr développer ta réponse.

Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

J’ai choisi ce sujet car je m’intéresse à la décolonisation. De plus, dans ma famille, une personne a effectué son service militaire pendant la guerre d’Algérie.

En quoi ce sujet est-il en lien avec votre projet d’orientation ?

 

Je me destine à des études d’histoire pour faire de la recherche. Je suis passionné par les travaux en archives : pour moi, c’était le sujet idéal en lien avec le programme de spécialité.