L’inflation est un mal assez insidieux, difficile à identifier et donc délicat à combattre. Mais les moyens disponibles pour les pouvoirs publics sont nombreux.
Les politiques conjoncturelles de lutte contre l’inflation
Les pouvoirs publics disposent de nombreuses armes pour lutter, à court ou moyen terme, contre les formes conjoncturelles de l’inflation.
a. La politique budgétaire
Pour contracter la demande globale (de la part des ménages, mais aussi de la part de l’État), l’État peut mener une politique budgétaire restrictive.
À cet effet, l’État est amené à limiter ses dépenses (dépenses de fonctionnement par la contraction des traitements des fonctionnaires, dépenses d’équipement par la réduction des budgets consacrés à l’investissement public), à augmenter ses recettes (hausse des impôts) et à contenir son déficit (et sa dette publique).
b. La politique monétaire
L’objectif est ici de limiter la création monétaire. La banque centrale peut alors mettre en place une politique restrictive en relevant le niveau de ses taux directeurs ; cette hausse des taux est répercutée par les banques commerciales sur leurs clients. Ainsi, on assiste à une diminution de la demande de crédit et de la création de monnaie, ce qui a pour effet de limiter l’inflation.
Le risque de ce type de politique est cependant de freiner l’activité économique, et donc de provoquer une récession qui génère du chômage.
c. La politique de contrôle des prix et des revenus
Pour casser brutalement une inflation souvent générée par les coûts, l’État peut inciter les entreprises à modérer la hausse des prix ; il peut surveiller, voire bloquer, certains revenus pendant une durée déterminée.
Dans une économie libérale, où les mécanismes de marché priment, le contrôle des prix et des revenus est très délicat à mettre en œuvre.
Les politiques structurelles de lutte contre l’inflation
Quelle que soit l’arme conjoncturelle utilisée, une politique efficace de lutte contre l’inflation passe par des mesures structurelles de réforme du fonctionnement des marchés et de l’économie dans son ensemble.
a. La politique de développement de la concurrence
Les situations de concurrence imparfaite (monopole, oligopole...) favorisent l’émergence de prix élevés. Pour éviter ces distorsions de prix et pour favoriser la concurrence entre entreprises, des mesures peuvent donc être prises telles que l’interdiction des ententes et des fusions.
L’Union européenne développe très largement cette politique, notamment dans les secteurs industriels et les services.
b. La politique de stabilité structurelle
Au niveau européen, une institution comme la BCE, qui ne dépend pas des États, permet de rendre la politique monétaire plus crédible et plus stable dans le temps, ce qui renforce l’efficacité de la lutte contre l’inflation.
En réalité, la lutte contre l’inflation n’est efficace qu’à condition que l’ensemble des acteurs économiques y participent.
La lutte contre l’inflation d’origine monétaire
La théorie quantitative de la monnaie énonce que le niveau général des prix est directement et mécaniquement lié à la masse monétaire dans l’économie.
Cette équation égalise donc la valeur de la monnaie en circulation et la valeur globale des biens et services produits. Ainsi, s’il y a 100 milliards d’euros dans une économie et que cette somme circule 4 fois durant l’année, alors la production totale réalisée est de 400 milliards d’euros.
L’effet de l’inflation sur le taux d’intérêt
Plusieurs raisons justifient la lutte contre l’inflation, parmi lesquelles quatre semblent particulièrement essentielles :
– assurer la cohésion sociale : l’inflation touche différemment les ménages : si les classes aisées dirigent généralement leur épargne vers des placements plutôt risqués donc rémunérateurs, les classes moyennes, quant à elles, le font sur des placements peu risqués (comme le livret A) donc peu rémunérateurs ;
– freiner la pression à la hausse des taux d’intérêt : les prêteurs de capitaux (par exemple les banques) se protègent en effet de l’inflation en augmentant leurs taux ; donc le coût de l’emprunt augmente et les liquidités sont plus difficiles à obtenir ;
– soutenir la consommation : avec des taux d’intérêt élevés, l’emprunt est cher, les placements plus attractifs, l’incitation à épargner élevée... et à consommer plus faible ; la baisse de la consommation, véritable pilier de la croissance, peut avoir des conséquences néfastes sur l’activité nationale ;
– soutenir l’investissement : le coût élevé du crédit en période d’inflation contribue à réduire les investissements ; or, l’investissement, tout comme la consommation, est l’une des composantes principales de la croissance.