Pour la plupart des économistes, les pays ont intérêt, parce qu’ils y gagnent, à pratiquer le libre-échange, c’est-à-dire à ouvrir leurs marchés intérieurs.
Cependant, la tentation est souvent grande de recourir au protectionnisme.
Le libre-échange
a. Les principes du libre-échange
Le libre-échange est, au même titre que la libre entreprise par exemple, l’une des composantes de la doctrine libérale. Développé principalement à partir du XVIIIe siècle par Adam Smith, le libre-échange préconise la libre circulation des marchandises entre pays.
Le libre-échange permet à la fois la spécialisation des nations et la division internationale du travail.
La spécialisation s’appuie sur trois logiques différentes :
– les avantages absolus : un pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il est le meilleur (A. Smith) ;
– les avantages comparatifs : un pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il est le moins mauvais (D. Ricardo) :
– la disposition en facteurs de production : un pays a intérêt à se spécialiser dans la production qui exige des facteurs de production dont il dispose en abondance (Hecksher-Ohlin-Samuelson).
b. Les avantages et les limites du libre-échange Les avantages sont :
– le libre-échange facilite la spécialisation de chaque pays ;
– il permet de s’approvisionner à meilleur compte ;
– par l’élargissement des marchés, il crée des économies d’échelle ;
– il ouvre des débouchés et accélère le développement ;
– il stimule la concurrence et l’innovation, et contribue à faire baisser les prix.
Les inconvénients sont :
– il risque de déstructurer les secteurs productifs par une concurrence exacerbée et peut conduire à des pertes d’emplois ;
– il est susceptible de créer une dépendance économique entre pays ;
– il peut contribuer à la baisse des salaires en raison de la concurrence internationale.
L’histoire des relations économiques internationales depuis la Seconde Guerre mondiale montre que le libéralisme économique a été un puissant facteur de développement dans le monde.
Le protectionnisme
a. Les principes du protectionnisme
Le protectionnisme s’appuie sur une double logique :
– protéger les entreprises nationales de la concurrence étrangère ;
– favoriser les productions nationales au détriment des productions étrangères en vue d’améliorer leur compétitivité sur les marchés étrangers.
b. Les pratiques protectionnistes
Les mesures protectionnistes sont très diverses.
On distingue :
– les barrières tarifaires : taxes sur les produits d’importation, droits de douane prélevés sur les produits importés, subventions publiques à la production des entreprises nationales (elles conduisent indirectement à réduire le prix du produit national) ;
– les barrières non tarifaires : quotas fixant une quantité maximale de biens à importer, barrières réglementaires (normes techniques, normes sanitaires, labels de qualité, licences d’importation, etc.) ;
– les manipulations de change : le pays dévalue sa monnaie pour rendre ses produits moins chers à l’exportation, et les produits étrangers plus chers à l’importation.
Si les barrières tarifaires sont fortement réglementées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les pays ont de plus en plus recours aux barrières non tarifaires et aux manipulations de change.
c. Les avantages et les limites du protectionnisme
Les avantages du protectionnisme sont :
– il permet de protéger des entreprises, notamment des entreprises naissantes (principe du « protectionnisme éducateur » de F. List) ou des entreprises vieillissantes ;
– il allège le poids de la contrainte extérieure ;
– il contribue à améliorer la compétitivité ;
– il peut attirer les capitaux étrangers et permettre de sauver des emplois nationaux ;
– il accroît les ressources financières tirées des taxes et des droits de douane. Ses limites sont :
– il peut conduire à sauvegarder des entreprises qui ne sont pas viables, car dépassées sur un plan technologique ;
– il peut entraîner des mesures de rétorsion de la part des concurrents ;
– il est susceptible, indirectement, d’intensifier les migrations internationales ;
– il risque d’isoler les pays et de créer un retard technologique.
Crise économique et libre-échange
D’une manière générale, toute crise économique exacerbe les tensions commerciales entre nations, de sorte que le libre-échange est menacé ; dans cette situation, le protectionnisme se renforce et peut être rapidement contagieux.
Les unions régionales, comme l’Union européenne, construisent à la fois le libre- échange à l’intérieur de la zone et du protectionnisme envers les pays hors zone. De ce fait, elles sont contraires aux principes du libre-échange, mais l’OMC tolère actuellement la plupart des accords régionaux, car on peut les considérer comme une préparation à une libéralisation plus large.