J. M. Keynes est le premier économiste à mettre en évidence l’existence d’un chômage conjoncturel, un chômage lié aux fluctuations de l’activité économique.
I. L’analyse fondatrice de J. M. Keynes
1) Le contexte et le cadre de l’analyse
Dans les années 1930, les pays industrialisés doivent faire face à une conjoncture inédite. La baisse de la production est durable et s’accompagne d’un chômage de masse. Cette période, qualifiée de « Grande Dépression », va renouveler les analyses économiques.
Mot-clé
La conjoncture est l’état de l’économie à court terme. La variation du PIB ou encore le taux de chômage font partie des indicateurs de la conjoncture.
Contrairement aux économistes néoclassiques, J. M. Keynes (1883-1946) montre que le niveau de l’emploi ne se détermine pas sur le marché du travail mais dépend du marché des produits. Ainsi la production réalisée ne correspond pas toujours au niveau de production qui permettrait le plein-emploi.
2 ) Les causes du chômage
Keynes explique le chômage par une insuffisance de la demande effective ou anticipée, soit de la demande attendue par les chefs d’entreprise en biens de production et en biens de consommation. Les entrepreneurs ne prennent pas le risque de produire plus et encore moins d’embaucher, faute de débouchés.
Ainsi, selon Keynes, le chômage résulte des décisions de production des chefs d’entreprise compte tenu de leurs anticipations de demande.
Les économistes s’accordent à dire aujourd’hui que plusieurs types de chômage peuvent coexister. On oppose parfois le chômage structurel au chômage conjoncturel parfois appelé chômage keynésien. Ce dernier a tendance à disparaître quand la conjoncture s’améliore, contrairement au chômage structurel.
II. Des fluctuations de l’activité économique sources de chômage : les mécanismes
1) L’instabilité de la croissance …
Quand la croissance est instable, on parle de fluctuations économiques. Celles-ci désignent l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du rythme de la croissance économique à court terme. Les périodes de crise sont suivies de ralentissement ou de baisse de l’activité économique.
Quand la baisse de la production, mesurée par le PIB, est durable, on parle de dépression ; s’il s’agit de ralentissement de la croissance du PIB ou baisse plus ponctuelle du PIB, on parle de récession.
Dans une économie, la somme des ressources (ce qui est produit) est égale à la somme des emplois (l’usage de ces ressources) : c’est l’équilibre emploi-ressources. On note Y le niveau de production c’est-à-dire le PIB, M les importations, X les exportations, CF la consommation finale des ménages, I l’investissement et ΔS la variation de stocks. On a alors l’équation suivante :
Y + M (total des ressources) = CF + I +/–ΔS + X (total des emplois)
En isolant le niveau de production, on obtient : Y=CF+I +/−ΔS+X−M
La production est égale à la demande globale, somme des demandes de consommation finale, d’investissement, de la variation des stocks et des exportations diminuées du montant des importations.
À court terme, l’instabilité de la croissance peut ainsi trouver son origine dans les variations des composantes de la demande globale.
2) … facteur de chômage conjoncturel
Quand les entreprises sont confrontées à une faiblesse des composantes de la demande globale, elles n’utilisent pas toutes leurs capacités de production et limitent les embauches, voire licencient. Au niveau macroéconomique, la récession qui en résulte aggrave le chômage.
On peut ainsi définir le chômage conjoncturel comme résultant d’un ralentissement temporaire de l’activité économique et/ou des fluctuations de la demande globale.
Zoom
Les effets de la crise de 2008 sur le chômage aux États-Unis
Source : D’après la revue de l’OFCE, « Chômage à durée indéterminée », octobre 2009.
Entre le premier trimestre 2008 et le second trimestre 2009 aux États-Unis, la baisse de 3,5 % du PIB s’est accompagnée d’une très forte hausse du taux de chômage.
L’aggravation du chômage fait suite à la crise de 2008 : elle est essentiellement de nature conjoncturelle.