La poésie aux XXe et XXIe siècles

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Aux XXe et XXIe siècles, les poètes explorent les voies ouvertes par la poésie de la fin du XIXe siècle et multiplient expériences et expérimentations.

I. La première moitié du XXe siècle

1) L’esprit nouveau

Guillaume Apollinaire (Alcools, 1912) et Blaise Cendrars (Du monde entier, 1912-1924) conservent les grands thèmes de la poésie lyrique, mais introduisent des éléments de la modernité : la ville, la « rue industrielle », le quotidien prosaïque.

Ils recherchent aussi une écriture nouvelle, suppriment toute ponctuation, utilisent le vers libre, travaillent les calligrammes. Ils sont fortement influencés par la peinture qui connaît elle aussi de grandes évolutions avec les débuts du cubisme. C’est la surprise qui, pour Apollinaire, est le « ressort de la poésie nouvelle ».

2) Le surréalisme

La poésie est le genre littéraire privilégié du surréalisme. L’amour et l’éloge de la femme sont les thèmes principaux. Capitale de la douleur de Paul Éluard en est une bonne illustration.

L’acte poétique est conçu comme un acte révolutionnaire. Les procédés du rêve (association d’idées, images, contradictions, images saugrenues…) sont pris comme modèle de l’écriture.

La période de la Seconde Guerre mondiale et la Résistance sont propices à la poésie engagée. Paul Éluard écrit « Liberté », lancé sous forme de tract par l’aviation britannique. C’est « L’honneur des poètes » (anthologie publiée clandestinement en 1943) que de résister avec leurs armes : les mots. Les poètes Robert Desnos, René Char, s’engagent dans la Résistance.

3) La diversité

La poésie de cette période ne se réduit pas au courant surréaliste, d’autant que de nombreux poètes, comme Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa), quittent ce mouvement.

Paul Valéry et Paul Claudel redonnent un souffle lyrique au monde dans de grandes odes ou de longs poèmes. Paul Claudel adopte la forme du verset.

Jacques Prévert, dans Paroles (1945) adopte un ton plus léger et une langue plus populaire qui se rapproche parfois de la chanson.

II. De l’après-guerre à aujourd’hui

1) Expérimentations du langage

Mot-clé

L’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle), né en 1960, explore les potentialités de la littérature par le jeu des contraintes et la recherche de formes nouvelles.

L’OuLiPo retrouve la joie de la forme et des contraintes. Raymond Queneau publie Cent mille milliards de poèmes, 12 sonnets dont les 14 vers découpés peuvent se combiner entre eux.

Dans la lignée de Guillaume Apollinaire, les poèmes se font plus graphiques, les poètes travaillent sur son aspect visuel, suppriment la ponctuation, jouent à confondre prose et poésie et adoptent le poème en prose.

2) Expérimentations du monde et expérimentations intérieures

Les descriptions attentives des objets du quotidien, de l’anodin, sont en même temps un retour aux réalités du monde et une réflexion sur ce que peut en dire la poésie (Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942 ; Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, 2001).

Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, hommes politiques et poètes, créent une poésie de la « négritude » qui dit l’identité africaine et les malheurs dus à la colonisation.

Les poètes se livrent également à des explorations intérieures : Henri Michaux, poète, voyageur et peintre, mêle écriture et dessin sous l’influence de la mescaline ; Bernard Noël mêle expérience intérieure, expérience du corps et prise de position politique dans une écriture dénuée de tout lyrisme.