La place de l'art au XXIe siècle

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La place de l'art dans la société

A) Pourquoi l’homme crée-t-il et que crée-t-il ?

Pendant longtemps, on a considéré que l’homme ne créait que sous la contrainte ou parce qu’il avait besoin de quelque chose. La créativité s’exerçait alors de deux manières : grâce à l’imagination et l’observation du réel. Pourtant, on pourrait objecter que l’homme n’est pas le seul à créer : certains animaux en font de même. Ainsi, le castor fabrique des bar- rages sur les cours d’eau, les abeilles fabriquent du miel… Cependant, la différence entre l’homme et l’animal est que celui-ci ne crée pas dans un but pensé ou réfléchi, à la différence de l’homme ; c’est son instinct qui dicte à l’animal de fabriquer ou de faire quelque chose.

B) La question de l’art et du beau

Le beau est à la fois une question personnelle qui renvoie à l’intime et en même temps une valeur générale. Ce n’est pas le sujet choisi en lui-même qui est apprécié, mais la beauté de ce qui est fait. Aussi, certains artistes ont eu à représenter des sujets laids et pourtant leur peinture est belle (voir à ce propos la peinture de l’espagnol Goya).

C) Un objet utile peut-il représenter une forme d’art ?

Longtemps, l’objet n’a été considéré que dans sa dimension utilitaire. La différenciation entre artiste et artisan n’est apparue qu’au XVIIIe siècle, lorsque des écrivains ou des philosophes ont décidé de regarder la peinture comme une œuvre et donné un statut particulier à son auteur. Ainsi, le peintre est devenu un artiste et non plus un artisan.

Par ailleurs, il était acquis qu’une œuvre d’art était unique et irremplaçable. Cependant aujourd’hui, certains objets de la vie quotidienne sont exposés dans des musées pour saluer et rendre hommage à leur auteur. C’est notamment le cas de certains objets créés par Philippe Starck exposés dans les musées d’art moderne.

Le public lui-même est sensible à la beauté de certains objets qu’il a plaisir à mettre en évidence chez lui. On assiste donc à une confusion des genres entre l’appréciation du beau dans l’art et l’appréciation esthétique de l’objet.

L’émergence du marché de l’art après la Première Guerre mondiale a contribué à cette confusion. Désormais, toute œuvre d’art est valorisée et subit la loi de l’offre et de la demande. Jusque-là, l’œuvre d’art n’avait pas de prix. Elle était le résultat d’une commande ou d’une initiative de l’artiste ; elle était donc parfois achetée mais rarement revendue et pas dans un but de spéculation.

La création artistique est-elle utile ?

La production artistique dans tous les domaines n’a jamais été aussi importante dans le monde, quels que soit la culture et le domaine. Le besoin de beauté, de transmission d’un message est une donnée fondamentale dans la culture humaine. L’art est une émotion qui saisit profondément. Chacun aime un art en particulier, parce qu’il trouve en lui une résonance particulière (musique, peinture…). L’homme à travers l’art cherche quelque chose qui lui manque et qu’il ne sait définir.

Au XXe siècle, l’art sert à témoigner, notamment de l’absurdité de la guerre : la Première Guerre mondiale fascine les artistes car c’est un conflit d’un genre nouveau et d’une violence inouïe. L’idée de la fragmentation provoquée par les nouvelles armes conduit à proposer des œuvres plus abstraites, capables de restituer la destruction telle qu’elle est vécue par les hommes sur le front. Beaucoup d’artistes mobilisés ont exprimé les ravages de la guerre avec des thèmes de prédilection, comme celui de l’homme mutilé. Pourtant, les représentations avant-gardistes voulaient montrer un homme nouveau, associé à la vitesse et au progrès. C’est désormais un homme vaincu par sa propre folie et asservi à la machine qui est mis en évidence, comme le montrent les œuvres de certains artistes comme Otto Dix.

L’art montre aussi l’esprit patriotique : les États sollicitent les dessinateurs connus pour participer à la propagande de guerre. L’armée leur confie des missions artistiques, l’État leur commande des affiches pour la souscription à ses emprunts… Il aura servi à consolider des régimes autoritaires comme le nazisme et le régime soviétique au XXe siècle.

Le XXe siècle amorce les prémices de nouvelles formes d’art. Selon les époques et les régimes, les œuvres d’art participent à la vie quotidienne :

le street art est un mouvement artistique visuel dont le terrain d’expression est l’espace urbain : la rue, les trottoirs ou encore les murs. Cette forme d’expression est présente dans tous les pays du monde ;

le land art est un mouvement qui utilise les matériaux de la nature pour sa création. Impossible à transporter, il est donc soumis aux intempéries et à l’érosion du temps. De certaines œuvres, il ne reste que des photos ou des vidéos.

L'art dans la vie du XXIe siècle

Au XXIe siècle, on assiste à une prise de conscience de la fragilité de la beauté des choses qui passent ; cette sensibilité avait déjà été amorcée dans le mouvement du land art à la fin du XXe siècle. Elle devient plus définitive.

L’art est aussi perçu dans une nouvelle dimension : on parle désormais de lumière, d’espace. On assiste par ailleurs à l’entrée en scène du son : l’ambiance et l’environnement font d’une œuvre une œuvre d’art. La sensation devient primordiale, plus forte que le regard.

De nos jours, le spectateur n’a plus la patience de rester longtemps face à une œuvre ; l’œuvre se met alors en mouvement. Il s’agit là d’une modification de la relation au temps.

Le spectateur veut désormais être un acteur de l’œuvre d’art et plus seulement un spectateur passif : il entre alors en interaction avec l’œuvre. Selon Yves Michaud, « on passe de la pure contemplation, à l’explication, à l’intervention et à l’immersion ».