Au départ héritage que l’on transmet à ses enfants, le patrimoine est devenu par extension l’héritage légué par une communauté à ses descendants. Il se place ainsi entre histoire, mémoire et identité.
I. La naissance du patrimoine
1 ) Un patrimoine hérité
Dans l’Antiquité, le patrimonium désigne l’ensemble des biens et des droits hérités du père. Le patrimoine relève donc de la sphère privée. Au Moyen Âge, la notion s’étend au monde religieux : objets de culte (reliques) et livres sacrés.
À l’aube de la Renaissance, le pouvoir royal et les papes s’inquiètent de la conservation des œuvres antiques, notamment à Rome. Mais il s’agit surtout de préserver l’accès à la connaissance de l’Antiquité plutôt que de protéger des vestiges. Des aristocrates créent les premiers cabinets de curiosités, collections d’objets antiques.
2 ) Un patrimoine revendiqué
Au XVIIIe siècle, sous l’influence des Lumières, les monuments sont vus désormais comme l’héritage d’une époque qu’il faut transmettre. Des collections privées deviennent des musées : British Museum à Londres (1759), musée de Vienne (1783), Prado à Madrid (1785), galerie des Offices à Florence (1796).
La définition précise du patrimoine se dessine pendant la Révolution française : certaines œuvres liées à l’Ancien Régime sont détruites, les biens confisqués aux nobles émigrés et au clergé sont vendus, églises et châteaux sont menacés. L’abbé Grégoire s’insurge contre le « vandalisme » et réclame la protection de ces biens.
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Le patrimoine désigne une trace du passé dont l’intérêt historique, esthétique et culturel justifie qu’elle soit conservée pour le présent et pour l’avenir.
II. La protection des patrimoines
1) Du patrimoine national au patrimoine mondial
Au XIXe siècle, le patrimoine prend une place importante dans la construction des identités nationales car il transmet des valeurs et témoigne d’une histoire commune.
Les destructions de la Première Guerre mondiale révèlent la nécessité de protéger des monuments historiques. En 1931 à Athènes, une première conférence internationale développe l’idée d’un patrimoine de l’humanité.
En 1964, alors que l’industrialisation et l’urbanisation mettent en péril des sites comme Venise ou Florence, 42 pays signent la charte de Venise qui fixe un cadre international à la conservation et à la restauration des objets et bâtiments anciens. En 1972, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel est signée par l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).
2) Du patrimoine aux patrimoines
À partir des années 1970, le patrimoine prend une nouvelle fonction afin de conserver les œuvres pour leur valeur de témoignage du passé : c’est la naissance du patrimoine rural (lavoirs, instruments de travail, objets ménagers), industriel (gares, mines, anciennes usines, etc.) et urbain. Le patrimoine devient social : il symbolise des mémoires nationales différentes et de plus en plus locales.
La notion de patrimoine immatériel se développe surtout à partir des années 1990. Il désigne des traditions, des rites, des coutumes. Progressivement, le terme de patrimoine devient subjectif : il peut désigner tout ce qui fonde l’identité d’un lieu, d’un site, d’un peuple sinon tout ce qui évoque le passé.
Le patrimoine est devenu aujourd’hui un atout économique, une source de rayonnement pour le site qui les abrite. Mais l’augmentation des biens patrimonialisés accroît de fait les coûts de conservation ou de restauration. En Europe, les pouvoirs publics se tournent de plus en plus vers des mécènes privés.
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Un mécène est une personne (ou une entreprise) qui soutient financièrement le développement des arts, des sciences ou la préservation et la restauration du patrimoine.
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Un patrimoine, des patrimoines