Fondé en 1299, l’Empire ottoman se distingue tant par sa longévité que par son territoire sur trois continents et son organisation politique. Mais la naissance de l’idéologie nationale au début du XIXe siècle remet en cause cet ensemble multi-ethnique qui disparaît en 1923.
I. Les fondements de la puissance ottomane
Autour de 1300, des tribus turques nomades, les Ottomans, installées au sud-est de la mer de Marmara, s’imposent militairement face aux Byzantins et à un autre clan turc, celui des Seldjoukides, en Orient.
Leurs descendants poursuivent les conquêtes, notamment le sultan Mourad Ier (1362-1389) dans les Balkans. Son successeur Bayezid Ier (1389-1402) parvient jusqu’à la rive droite du Danube.
L’idéologie musulmane de conquête (djihad) inspire les Ottomans. En 1516-1517, Sélim Ier place ainsi les villes saintes de l’islam sous la tutelle ottomane.
II. Les caractéristiques de la puissance ottomane
Mehmet II (1444-1481) installe un conseil impérial, le divan, dirigé par un vizir qu’il peut révoquer. Le chef de l’Empire ottoman concentre tous les pouvoirs. Il est calife, commandant des musulmans en tant que successeur du prophète de l’islam Mohamed. Il est aussi sultan, c’est-à-dire chef politique et militaire.
Bio
Soliman Ier, dit le Magnifique, « sultan des sultans du monde », représente l’âge d’or des Ottomans au XVIe siècle.
Pour unifier son empire, Soliman Ier, sultan de 1520 à 1566, cherche à regrouper les textes de lois et à les faire appliquer sur tout le territoire.
Dans un empire composé de populations diverses, les sultans accordent une grande autonomie aux régions conquises, s’appuyant notamment sur les notables locaux.
Les juifs et les chrétiens sont placés dans une situation d’infériorité juridique, mais bénéficient de la protection du souverain.
INFO + L’Empire ottoman au XVIe siècle
◗ superficie : 5 200 000 km2
◗ capitale : Istanbul depuis 1453
◗ population : 22 millions d’habitants (4 % de la population mondiale de l’époque)
◗ 26 000 familles chrétiennes et plus de 8 000 familles juives à Istanbul
III. Le déclin de l’empire (1770-1923)
1) Un empire face aux nationalismes
Au début du XIXe siècle, l’Empire ottoman se voit concurrencer par les puissances européennes. En Europe, les mouvements nationalistes conduisent à l’indépendance de la Grèce, à l’autonomie de la Serbie et de la Roumanie.
L’empire se voit amputer de nombreuses provinces et d’un cinquième de sa population à la suite de la guerre de 1877-1878 contre la Russie.
2) Des réformes qui sapent la puissance ottomane
La réorganisation (ou tanzimat) du sultan Abdülmecid Ier (1839-1861) tente de moderniser l’empire en centralisant la collecte de l’impôt et en unifiant le statut des habitants.
Mot clé
En 1915-1916, les chrétiens arméniens de l’Empire ottoman sont victimes d’un génocide qui fait 1,5 million de victimes.
S’inspirant des nationalismes européens, le mouvement Jeune-Turc, né en 1908, veut réformer l’Empire ottoman en s’appuyant sur la population de langue turque, d’où une politique d’élimination des minorités ethniques et religieuses, aboutissant à un génocide.
Mais, vaincu en 1918, démembré par le traité de Sèvres de 1920, l’Empire ottoman cède la place en 1923 à une république nationaliste, laïque et centralisatrice fondée par Mustafa Kemal.