En quoi la socialisation diffère-t-elle selon le milieu social ?

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La socialisation n’est pas un processus homogène dans la société : elle n’est pas identique pour tous. Elle est surtout différenciée selon le milieu social d’origine. De surcroît, cette différenciation se voit prolongée et confirmée par l’école, ainsi que par les pratiques culturelles et sociales.

I L’effet de la famille et du lieu de vie

1  L’effet de la famille

Les familles, qui disposent de ressources économiques et culturelles différentes, socialisent de manière différenciée. Ainsi, on n’intègre pas les mêmes normes selon que l’on est élevé dans une famille d’ouvriers ou dans une famille de cadres supérieurs.

On constate, par exemple, qu’il y a trois fois plus d’enfants en surpoids dans les familles populaires que dans les familles bourgeoises. Les normes alimentaires sont en effet différentes dans ces deux milieux : dans les milieux populaires, elles conduisent à une alimentation plus calorique.

Repère
Mot clé

La socialisation anticipatrice désigne l’intégration par un individu des valeurs et normes d’un groupe social auquel il aimerait appartenir.

Des différences s’opèrent dans le processus de socialisation par interaction. Ainsi, les enfants de familles aisées côtoient davantage de personnes diplômées du supérieur (ex. : médecins, magistrats) que les enfants de familles modestes. La socialisation par imprégnation est aussi différenciée : elle mène les enfants de milieux bourgeois à une socialisation anticipatrice tournée vers des statuts socialement valorisés (ex. : cadre, avocat).

2  L’effet du lieu de vie

Le lieu d’habitation est crucial dans la socialisation, car il détermine les groupes de pairs que les enfants fréquentent, à l’école et dans leur quartier. Il s’ajoute ainsi à la famille dans la mise en place d’une socialisation homogène par famille.

Les familles aux revenus modestes sont limitées dans le choix de leur logement et se retrouvent dans des quartiers défavorisés qui cumulent les difficultés sociales et économiques (peu de diplômés, chômage).

À l’inverse, les familles aisées choisissent des quartiers favorisés, et entretiennent ainsi un entre-soi bourgeois. Le choix du lieu de vacances, également déterminé par les ressources des familles, renforce ce phénomène (ex. : stations de ski fréquentées par des familles aux revenus élevés).

II L’effet de l’école, des pratiques culturelles et sociales

1  L’effet de l’école

D’après Pierre Bourdieu, la réussite scolaire des enfants de milieux favorisés est beaucoup plus forte que celle des enfants de milieux populaires. En effet, les premiers ont reçu des normes et valeurs proches de celles de l’école (manière de parler, références culturelles) et tendent à intégrer des écoles prestigieuses. À l’inverse, les seconds ont acquis des valeurs et normes plus éloignées et se dirigent plus souvent vers des filières moins reconnues.

Cela a pour conséquence une socialisation des élites entre elles, dans les filières sélectives. Elles y intègrent des valeurs communes, liées par exemple à la volonté et à la réussite personnelle.

2  L’effet des pratiques culturelles et sociales

Les activités culturelles et sportives sont différenciées en fonction du milieu. Dans les classes populaires, le temps de télévision est plus élevé ; certains sports, comme le football, sont préférés. Dans les milieux bourgeois, les pratiques culturelles sont plus encadrées (professeur à domicile, conservatoire, école) et tournées vers des activités valorisées (ex. : musique classique).

Les activités sociales sont aussi différenciées. Ainsi, les « rallyes » (fêtes dansantes) de la grande bourgeoisie favorisent les rencontres amoureuses, amicales et professionnelles au sein de ce milieu.

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Pratiques culturelles et milieu social

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Les cadres pratiquent plus d’activités culturelles que les autres catégories sociales. En 2008, 68 % d’entre eux sont allés au musée contre seulement 26 % des employés et 16 % des ouvriers. À l’opéra, moins d’un spectateur sur dix est ouvrier.