Effets du partage des risques

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Partager les risques peut se justifier économiquement et ­socialement, tant au niveau individuel qu’au niveau de la société tout ­entière. Mais la prise en charge des risques n’a pas que des avantages, elle a également des effets pervers en raison de problèmes d’asymétries d’information.

I. Les effets positifs du partage des risques

1) Capital humain et incitation à innover

La couverture de risques liés à la maladie ou aux accidents va favoriser un meilleur niveau de santé de la population. Cela va permettre de contribuer au capital humain, c’est-à-dire à l’ensemble des capacités productives d’une économie. De son côté, la couverture du risque chômage en limite la dépréciation : les individus ne sont pas obligés d’accepter un nouvel emploi pour lequel ils seraient trop qualifiés.

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Les innovations ­englobent les nouveaux produits mis sur le marché, la mise en place de nouvelles méthodes de production et de distribution ou encore de nouvelles organisations du travail.

La hausse du capital humain crée des externalités positives : même sans en avoir payé directement le prix, les producteurs bénéficient d’une main-d’œuvre plus productive et plus apte à innover. Or, à l’échelle macroéconomique, les ­innovations sont une source importante de croissance économique.

2) Le bien-être et la cohésion sociale : des effets sociaux positifs

Les aléas de la vie peuvent constituer un véritable choc. C’est notamment le cas pour les individus les plus vulnérables, qui sont plus exposés aux risques et disposeraient de peu de moyens d’y faire face en l’absence de partage des risques.

Se savoir protégé des risques sociaux majeurs procure aux individus une certaine sécurité économique, facteur de bien-être. Les individus peuvent faire des projets d’avenir sans crainte d’être confrontés à une baisse brutale de leurs revenus ou sans obligation d’accepter un emploi moins bien rémunéré.

Au niveau de la société, le partage des risques favorise la cohésion sociale. Un État-providence produit de la solidarité collective : en France, par exemple, il repose sur des systèmes de protection sociale qui rendent les individus interdépendants.

II. Les effets négatifs du partage des risques

1) L’existence d’asymétries d’information

La gestion des risques nécessite de collecter des informations pour les estimer.

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On appelle asymétries d’information les situations dans lesquelles, lors d’un échange ou d’un contrat, l’une des parties dispose d’informations que l’autre partie ignore.

Mais, à l’instar du marché des assurances, ceux qui protègent contre le risque et ceux qui sont protégés ne disposent pas des mêmes informations. On parle alors d’asymétries d’information. Contrairement à un marché de concurrence pure et parfaite, l’absence d’information parfaite peut créer des dysfonctionnements.

2) La présence d’un effet pervers de gestion des risques : l’aléa moral

La couverture des risques peut générer une situation particulière d’asymétrie d’information appelée aléa moral. L’individu peut changer de comportement : il peut adopter une conduite plus risquée que s’il n’était pas couvert, n’ayant pas à supporter les coûts additionnels liés à son manque d’effort ou d’attention.

Dans le domaine de la santé, par exemple, un individu assuré peut multiplier les visites chez le médecin. Cela génère une surconsommation de soins contribuant à une perte de bien-être et entraînant une hausse des dépenses à la charge de la collectivité.

Les pouvoirs publics sont conduits à prendre des mesures incitatives en parallèle de la gestion des risques. Par exemple, l’instauration d’un délai de carence avant de percevoir des indemnités en cas de maladie, la dégressivité des indemnités chômage ou le remboursement partiel des médicaments.