Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (ancien programme)

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Parcours : Soi-même comme un autre

Dans ces mémoires fictifs, Marguerite Yourcenar convoque la figure historique d’Hadrien afin de peindre le portrait romanesque et détaillé d’un empereur romain antique, ainsi que les méditations métaphysiques d’un vieil homme au seuil de la mort.

I Connaître l’œuvre

1  L’auteur et le contexte

Marguerite Yourcenar (1903-1987), femme de lettres et de voyages, publie romans et nouvelles dès les années 1930. En 1939, elle s’installe aux États-Unis.

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Mot clé

Les Mémoires sont le récit qu’un personnage fait de sa propre vie, en mettant l’accent sur ses liens avec le contexte historique.

Érudite et passionnée par les civilisations antiques, elle publie en 1951 un roman historique très documenté, Mémoires d’Hadrien, qui obtient un succès international.

En 1980, elle est la première femme élue membre de l’Académie française.

2  Résumé de l’œuvre

Le roman se présente sous la forme d’une longue lettre écrite par l’empereur Hadrien après vingt ans de règne, au début du IIe siècle de notre ère. Il s’adresse à son petit-fils adoptif, Marc Aurèle, âgé de 17 ans, lui-même futur empereur romain.

Hadrien, conscient de l’imminence de sa mort, souhaite mieux se connaître à travers le récit de sa propre vie.

Il raconte ses années d’études et de formation entre l’Espagne, Rome et Athènes, puis son engagement militaire dans l’armée du Danube. Après avoir succédé à Trajan, il s’efforce de ramener la paix au sein de l’Empire romain.

La répression de la révolte en Judée affaiblit l’empereur vieillissant. Après avoir choisi pour successeur Lucius, qui meurt soudainement, il se replie sur le vertueux Antonin. Malade, Hadrien envisage le suicide, avant d’y renoncer : il attend désormais patiemment la mort.

II Comprendre le parcours

1  Se raconter soi-même

La fiction peut utiliser la narration à la première personne pour permettre à un narrateur de raconter sa propre vie. Il peut s’agir d’un personnage historique, comme Hadrien, ou d’un personnage imaginaire, comme Marianne dans La Vie de Marianne de Marivaux (1731-1741).

Dans ces mémoires fictifs, le personnage retrace le parcours de sa vie a posteriori, en posant un regard lucide sur ses réussites et ses échecs. Hadrien vante les villes qu’il a fondées et la sagesse de ses lois, tout en reconnaissant certaines erreurs de jugement. Sous la plume de Prévost, le chevalier des Grieux raconte les tourments de sa passion pour Manon (Manon Lescaut, 1731).

En tant qu’empereur romain, Hadrien est un témoin privilégié de son époque. Dans La mort est mon métier (1952), Robert Merle imagine les mémoires du commandant du camp d’Auschwitz afin de montrer l’horreur du génocide à travers le regard d’un criminel nazi.

2  La difficile vérité de soi-même

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CITATION

« J’emploie ce que j’ai d’intelligence à voir de loin et de plus haut ma vie, qui devient alors la vie d’un autre. » (Mémoires d’Hadrien)

Hadrien éprouve la difficulté de se connaître soi-même, qui nécessite les mouvements contradictoires d’une « descente en soi » et d’une « sortie hors de soi-même ».

Trouver la vérité de son être n’est pas chose aisée. Hadrien renonce à trouver une unique vérité : l’homme, « étrange amas de bien et de mal », est un être insaisissable, toujours pétri de contradictions. Il est « Varius multiplex multiformis » : « varié, complexe, changeant ».