Souffrances psychiques et comportements inhabituels

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La souffrance psychique se caractérise par une douleur morale. Cette douleur est une réaction normale à un événement inhabituel. La souffrance psychique peut parfois se manifester par des comportements inhabituels.

1 - Les principales causes des comportements inhabituels

A - Les causes physiques

Parmi les causes physiques, on peut distinguer :

- les maladies, particulièrement celles qui entraînent :

  • une baisse du taux de sucre dans le sang (malaise hypoglycémique du diabétique),​
  • un manque d’oxygénation du cerveau (par exemple une détresse respiratoire),
  • une fièvre élevée,
  • une baisse excessive de la température corporelle de la victime (hypothermie),
  • une tumeur cérébrale ;

- les traumatismes, par exemple : 

  • traumatisme crânien,
  • hémorragies graves,
  • douleurs intenses ;

– la prise de toxiques (volontaire ou involontaire) :

  • l’alcool (intoxication aiguë ou sevrage),​
  • les stupéfiants,
  • les médicaments.

B - Les causes psychiques

Parmi les causes psychiques, on distingue :

  • les troubles psychiques comme la panique, les états dépressifs ou d’autres affections psychiatriques plus graves ;​
  • le stress dépassé.

2 - Les différents types de comportements inhabituels

A - La victime est agitée

Cette agitation se traduit par une hyperactivité de la victime. Un des risques de cet état est que, par ses actions non coordonnées, irréfléchies et incontrôlables, la personne mette en danger autrui et elle-même.

La présence de l’équipier secouriste ne doit pas être oppressante mais vigilante afin de ne pas se mettre en danger, prévenir tout péril pour la victime et, au besoin, faire appel aux forces de l’ordre.

B - La victime présente un état de stupeur

La stupeur est l’opposé de l’agitation.

La victime se réfugie dans son silence. Elle n’a pas envie ou pas la possibilité de parler, ni de bouger. Elle s’exprime alors avec son regard et par son mutisme.

C - La victime est anxieuse

Elle présente un fort sentiment d’insécurité, de danger immédiat ; elle est le plus souvent agitée ou, à l’inverse, présente une stupeur.

L’équipier secouriste doit favoriser l’expression verbale. Son écoute doit être attentive et authentique, ce qui facilite la confiance et la prise en charge de la victime.

D - Le stress

Le stress est une réaction physiologique et psychologique d’alarme, de mobilisation et de défense de l’individu face à une agression, une menace ou une situation inopinée.

E - Les réactions

Quatre types de réactions face à un événement traumatique montrent qu’une personne ne parvient pas à gérer la situation :

  • la sidération : la personne est paralysée dans ses capacités et dans sa volonté ;
  • l’agitation désordonnée : la personne est dans un état d’excitation, de gesticulation non coordonnée, avec une incapacité à prendre une décision ;​
  • la fuite panique : la personne réagit par une fuite éperdue, en n’écoutant personne. Ses capacités de jugement et de raisonnement sont inhibées ;
  • les actions automatiques : la personne semble avoir un comportement normal mais peut présenter des gestes mécaniques, répétitifs, parfois inutiles.

Ces quatre types de réactions doivent être identifiés, en vue d’adresser la personne à une structure de soins médico-psychologiques.

3 - La conduite à tenir face à un comportement inhabituel

  • Parler calmement et se présenter.
  • Évaluer les effets de la présence de l’entourage sur la personne (aggravant ou apaisant) et, en fonction, isoler ou non la personne en détresse.
  • Dans certaines situations dangereuses où l’intensité émotionnelle est grande, éviter tout contact direct, notamment le regard dans les yeux, qui peut être vécu comme une agression et entraîner des réactions violentes.
  • Se mettre à la portée du malade, à sa hauteur pour parler.
  • Éloigner les objets dangereux.
  • Se mettre entre la personne et les issues (portes et fenêtres).

4 - Les conduites à tenir particulières

L’équipier secouriste peut se trouver confronté à différentes situations nécessitant la mise en œuvre de conduites particulières à tenir.

A - Un attroupement de personnes, une foule

Si l’équipier secouriste constate un début d’attroupement qui peut gêner l’organisation des secours ou la prise en charge de la victime, il demande courtoisement à toutes les personnes présentes de s’écarter.

De même, il peut être préférable de confier des tâches à accomplir (téléphoner, porter du matériel, etc.) aux victimes en état de le faire, aux impliqués ou aux témoins les plus agités.

Si malgré tout, l’attroupement émet des signes d’hostilité, il est souhaitable de prévenir immédiatement la police afin d’obtenir un renfort et ne pas se retrouver en position d’insécurité.

B - Un comportement violent

Devant une victime violente ou qui présente des signes d’agressivité :

  • rester calme et essayer d’entrer en contact verbal d’abord, puis visuel et, éventuellement, physique avec la victime ;​
  • en équipe, il est préférable qu’un seul et même équipier secouriste parle à la victime et, si possible, celui qui a le contact le plus facile avec elle ;
  • préciser à la victime que les intervenants secouristes sont uniquement là pour apporter de l’aide et de l’assistance ;
  • interroger les personnes de l’entourage, leur demander si la victime est coutumière du fait et si elle a absorbé de l’alcool ou d’autres substances toxiques ;
  • si la victime ne présente aucun signe d’apaisement, demander le renfort des forces de l’ordre.


Attention :  la prise en charge ou la neutralisation d’une personne en possession d’une arme (fusil, revolver, couteau ou autre objet dangereux...) n’est pas du rôle des équipiers secouristes mais de la force publique. 

Dans ce cas, il faut rester très vigilant et demander immédiatement un renfort des forces de l’ordre.

C - Un refus de soins et de transport

Seule une personne majeure, juridiquement capable, saine d’esprit et clairement informée des risques qu’elle encourt est en droit de refuser son transport vers une structure hospitalière.

Dans cette situation, l’équipier secouriste doit en informer immédiatement le médecin régulateur pour mettre en œuvre les mesures administratives nécessaires à décharger la responsabilité des secours.

Si une victime présente un comportement inadapté, on ne peut pas considérer qu’elle est suffisamment saine d’esprit pour refuser les soins et le transport. Les secouristes ne doivent en aucun cas laisser la victime sur place.

Le transport d’une victime vers un hôpital sous la contrainte ne peut se faire qu’après intervention d’un médecin ou en présence d’un officier de police judiciaire.

D - Une tentative de suicide

La personne en état de souffrance est dans un état de rupture de son équilibre relationnel avec elle-même et son environnement. La tentative de suicide est, pour elle, une des sorties possibles de la crise.

S’il s’agit d’une tentative de suicide médicamenteuse ou toxique, prendre les boîtes, y compris vides, ou les flacons des produits absorbés et les remettre au personnel des urgences.

Parler et entrer en relation avec la victime peut parfois apaiser la situation.

Attention : une tentative de suicide n’est jamais un acte anodin. La victime doit toujours être accompagnée à l’hôpital pour un avis psychiatrique, après bilan au médecin régulateur.

E - Une agression sexuelle

Une agression sexuelle induit toujours une souffrance psychique importante. Il peut parfois être difficile pour la victime de communiquer avec une personne du même sexe que son agresseur. Il est alors préférable, quand cela est possible, que l’équipier secouriste chargé de la victime soit du même sexe que celle-ci.

Instaurer un climat de confiance permet d’initier un réconfort moral en l’attente des services spécialisés.

F - Le décès

Le décès d’une personne peut survenir avant l’intervention des secours, soudainement ou à la suite de gestes de réanimation inefficaces.

Après avoir tenté de réanimer la victime et lorsque le médecin a pris la décision d’arrêter la réanimation, le secouriste se met en relation avec les proches si besoin.

G - Les réactions immédiates lors d’un événement « traumatisant »

Les personnes peuvent subir des situations potentiellement traumatiques présentant les caractéristiques suivantes :

  • événement soudain et inattendu ;​
  • qui génère des sentiments d’impuissance et/ou une peur intense ;
  • qui confronte les personnes de façon directe ou indirecte avec la réalité de la mort.

Cet événement est susceptible d’engendrer une souffrance psychique ainsi qu’une véritable maladie connue sous le nom de « syndrome psycho-traumatique ».