Racine, Phèdre (ancien programme)

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Parcours : Passion et tragédie

Au XVIIe siècle, âge d’or du théâtre classique, la tragédie est considérée comme le genre le plus noble. La passion, force irrésistible et destructrice, sème le trouble dans le cœur de personnages comme Phèdre, héroïne tragique par excellence.

I Connaître l’œuvre

1  L’auteur et le contexte

Repère
MOT CLÉ

Le classicisme est un mouvement littéraire de la seconde moitié du XVIIe siècle ; il recherche l’émotion et l’instruction morale du spectateur.

Racine est l’un des trois grands dramaturges classiques du XVIIe siècle, aux côtés de Corneille et de Molière. Son théâtre reçoit très vite les faveurs du public et de Louis XIV.

À partir des années 1660, Racine écrit onze tragédies aux sujets largement puisés dans l’Antiquité, comme Andromaque, Britannicus ou Bérénice. Phèdre, inspirée de la mythologie grecque, est jouée pour la première fois en 1677.

2  Résumé de l’œuvre

L’intrigue se déroule dans la ville grecque de Trézène. Le roi Thésée a disparu depuis six mois. Phèdre, son épouse, a conçu une passion incontrôlable pour son beau-fils Hippolyte : la culpabilité la ronge. Hippolyte, quant à lui, s’apprête à fuir la ville, effrayé par l’amour qu’il éprouve pour Aricie, ennemie de sa famille.

La nouvelle de la mort de Thésée (acte I) provoque un double aveu : Phèdre, encouragée par Œnone, déclare sa flamme à Hippolyte ; lui-même, sidéré, vient de confier son amour à Aricie, qui l’aime en retour (acte II).

Coup de théâtre : Thésée, finalement vivant, est de retour (acte III). Phèdre accuse faussement Hippolyte d’avoir profité de l’absence de son père pour lui faire des avances outrageantes ; le jeune homme clame en vain son innocence. Furieux, Thésée demande au dieu Neptune de le venger (acte IV) : Hippolyte connaît ainsi une mort sanglante. Ce n’est qu’après avoir avalé un poison mortel que Phèdre se résout à avouer à Thésée sa passion coupable (acte V).

II Comprendre le parcours

1  La passion, source de conflits tragiques

Racine place les passions humaines au cœur de ses tragédies. Dans Britannicus, ce sont l’ambition et la haine qui provoquent le drame ; la jalousie dévorante, l’amour contrarié et l’affection maternelle animent les personnages d’Andromaque.

L’amour est frappé d’interdit : Phèdre, maudite par la déesse Vénus et au mépris de la fidélité conjugale, aime son beau-fils d’une passion incestueuse et criminelle. Dans Bérénice, l’amour de Titus pour une reine lui est proscrit par son pouvoir impérial.

La tragédie peut naître du dilemme opposant deux désirs incompatibles : ainsi de Rodrigue dans Le Cid de Corneille, qui ne peut conjuguer son amour pour Chimène avec le devoir de venger son père en tuant celui de sa bien-aimée.

2  La fatalité de la passion

Racine réactive volontiers le sens étymologique du mot « passion » : en latin, il est associé à la souffrance endurée par l’individu qui la subit.

PHÈDRE. – Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue.

Racine, Phèdre, acte I, scène 3

Phèdre décrit à Œnone son coup de foudre pour Hippolyte. La passion amoureuse frappe brutalement et engendre la douleur.

La passion conduit souvent au pire : dans Andromaque, Hermione se suicide tandis qu’Oreste sombre dans la folie.

Repère
MOT CLÉ

La catharsis est un concept hérité du théâtre grec antique : la crainte et la pitié sont censées purger le spectateur de ses passions.

Ces personnages fascinent le spectateur : ni coupables, ni innocents, ils suscitent à la fois la terreur et la pitié, indispensables à la catharsis. Victimes de la fatalité tragique, ils n’ont aucune prise sur des sentiments contre lesquels ils luttent en vain.