Qu'est-ce que la modernité en art ?

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En bref : le XXe siècle est une période particulièrement féconde sur le plan artistique. Les bouleversements politiques et sociétaux, mais aussi des inventions et découvertes diverses poussent l’art à se renouveler, souvent avec la volonté affichée de rompre avec la tradition.

I - Un profond désir de renouvellement

1 « L’esprit nouveau »

  • À partir des années 1860, l’art moderne renonce aux canons esthétiques de l’art classique : il n’est plus question de rechercher l’harmonie, le beau idéal, la perfection, ni d’être dans un rapport mimétique au réel. La subjectivité de l’artiste, l’originalité des sujets et des formes gagnent en importance. 
  • Le début du XXe siècle poursuit à bien des égards le mouvement de renouvellement impulsé par le XIXe siècle. Dans son manifeste L’Esprit nouveau (1917), Apollinaire loue la nouvelle attitude créatrice, faite d’inventivité et d’audace, qui caractérise la Belle Époque. « Pour le peintre, pour le poète, pour les artistes […], chaque œuvre devient un univers nouveau avec ses lois particulières » (1908, Catalogue de l’exposition Braque). 
  • L’art académique est désormais perçu comme conventionnel, démodé. Certains envisagent la modernité comme une rupture forte avec la tradition. Les écrivains se dégagent des formes poétiques conventionnelles. Des poètes suppriment la ponctuation, abandonnent les mètres traditionnels, explorent de nouveaux types de vers et optent pour des dispositions graphiques originales. Apollinaire, dans ses Calligrammes (1918), crée des poèmes en forme de dessins.

MOT CLÉ Un manifeste est une déclaration écrite dans laquelle un artiste expose son programme artistique.

2 Une époque trouble, propice aux ruptures

  • L’époque voit se multiplier les expérimentations, portées par des avant-gardes plus ou moins radicales. 
  • En pleine Première Guerre mondiale, le Suisse Tristan Tzara initie le mouvement anticonformiste « Dada », qui tourne en dérision la société bourgeoise, la raison et la civilisation qui n’ont pas su empêcher les carnages. Provocateur, « Dada » rejette le sens et le bon goût au profit de l’absurdité et de la provocation. 
  • Théorisé par André Breton, le surréalisme cherche à créer des œuvres qui échappent au carcan du réel et à la logique rationnelle. Les écrivains revendiquent l’importance du hasard dans la création artistique.

MOT CLÉ Une avant-garde est un mouvement novateur dans le domaine artistique.

II - Révolutionner les méthodes de création

1 L’art libéré

  • Fascinés par les découvertes récentes de la psychanalyse, les écrivains cherchent à arpenter les territoires inexplorés du psychisme grâce à des techniques qui limitent le rôle de l’artiste dans sa création. Dans Les Champs magnétiques (1920), Breton et Soupault entreprennent ensemble une « dictée de l’inconscient ». 
  • L’écriture automatique, fondée sur l’association libre d’idées, permet de montrer le « fonctionnement réel de la pensée » (Breton, Manifeste du surréalisme, 1924). Les jeux d’écriture, tels les cadavres exquis, abondent. 
  • La peinture n’est pas en reste. L’invention de la photographie pousse le regard du peintre à se renouveler. Le cubisme présente simultanément différentes facettes d’un objet. L’art abstrait entérine la disparition du sujet au profit des couleurs et des formes.

2 L’art en question

  • L’art moderne renonce à la représentation mimétique du réel et aux canons esthétiques ; il ne s’agit plus de rechercher le beau idéal, l’harmonie. 
  • C’est parfois la définition même de l’œuvre d’art qui est remise en cause, non sans provocation. Marcel Duchamp, avec ses ready-made, questionne de manière radicale ce qu’est l’art.

MOT CLÉ Élaborée par Marcel Duchamp en 1913, la notion de « ready-made » désigne un objet manufacturé promu au rang d’objet d’art par le seul choix de l’artiste.

  • Les expérimentations du XXe siècle montrent combien la notion d’art est évolutive : ce qui domine désormais, c’est l’expression originale de l’artiste.

Les images troublantes du surréalisme

Les photomontages surréalistes de Dora Maar, artiste et muse de Picasso, fascinent par leur inquiétante étrangeté qui brouille les frontières entre le réel et le merveilleux, comme cette main sensuelle sortie d’un coquillage. (Dora Maar, Sans titre (1934))