Pourquoi tracer des frontières ?

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Dans l’Antiquité, les frontières sont l’une des premières ­manifestations de la création des États. Selon la légende, Romulus fonde Rome en traçant un trait sur le sol et en interdisant l’accès de ce territoire à son frère. Cette tendance s’exprime pleinement jusqu’à la fin du XIXe siècle.

I Le limes rhénan, une frontière pour se protéger

1 La matérialisation de la frontière

Sous le règne de Vespasien (69-79), les Romains étendent leur territoire à l’est du Rhin, qui constituait jusque-là une frontière « naturelle ». Ils construisent une route pavée entre Mayence et Augsbourg, sur près de 500 kilomètres : c’est la première matérialisation de la limite de l’Empire romain.

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Le limes romain comprend les murs d’­Hadrien et d’Antonin en Écosse, ­ainsi que des systèmes ­défensifs en Germanie, ­Autriche et Roumanie.

L’empereur Domitien (81-96) fait déboiser les forêts de Germanie et érige les premiers forts. Enfin sous le règne de Trajan (98-107), Rome fait construire une palissade de troncs de chêne. À son apogée, ce limes rhénan est constitué de 60 camps et 900 tours de guet.

Au IIIe siècle, lorsque la forêt a été complètement défrichée, la palissade de bois est remplacée par des tranchées et des murets.

2 Une zone tampon entre deux mondes

À quelques kilomètres en arrière de la frontière sont érigés des camps pour les soldats romains. Le premier est celui de Vetera sous le règne de Néron (54-68).

L’objectif principal du limes est défensif : il s’agit d’empêcher les incursions des Barbares à l’intérieur du monde romain – ce qui est le cas jusqu’en 258.

Marche frontière, le limes a également pour fonction de contrôler la circulation des marchandises et des personnes.

II La conférence de Berlin : un partage de l’Afrique

1 L’expansionnisme européen en Afrique

En 1800, l’Afrique est le continent le moins peuplé de la Terre, du fait notamment de la déportation de ses habitants par la traite négrière. Cette faiblesse d’occupation favorise l’établissement des Européens dès 1815.

La France fait ainsi la conquête de l’Algérie (1830) puis du Sénégal et de la Tunisie ; le Royaume-Uni, quant à lui, occupe l’Égypte et le Soudan.

Ces visées expansionnistes européennes entrent en concurrence dans le bassin du fleuve Congo, opposant la Belgique, la France et le Portugal.

2 Un cadre « légal » à l’occupation

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La colonisation a pour objectif d’occuper un territoire en le plaçant sous dépendance économique et politique d’un autre État, la métropole.

En novembre 1884, le chancelier allemand Otto von Bismarck invite à Berlin les dirigeants européens à donner un cadre juridique à l’expansion coloniale européenne en Afrique.

Après plus de trois mois de négociations, est ­octroyé au roi des Belges Léopold II un vaste territoire dénommé « État indépendant du Congo » tandis que les possessions respectives du Portugal et de la France – en Angola et au Congo-Brazzaville – sont garanties.

La conférence fixe les conditions du tracé des futures frontières : un territoire n’est attribué que s’il y a une présence de fait au sein d’une « zone d’influence ».

3 La « course aux drapeaux » de 1895 à 1914

La colonisation de l’Afrique s’intensifie alors. En l’espace de dix ans, 90 % des territoires africains sont occupés par les Européens.

Les Africains sont tenus à l’écart de ce partage de leur propre territoire. Des rébellions éclatent : en 1904, celle des Hereros en Afrique du Sud-Ouest, entre 1905 et 1907, celle des Maji-Maji en Afrique orientale.

Zoom

Des forts pour défendre la frontière

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Construit sous Domitien (fin du Ier s. apr. J.-C.), le camp romain de Saalburg n’abrite au départ que 160 hommes derrière un rempart de terre et de bois.

Sous Hadrien (117-138), le camp accueille 500 hommes. Les bâtiments et l’enceinte visibles sur cette reconstitution sont progressivement maçonnés.