Pourquoi l'État intervient-il sur les marchés ?

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Les néoclassiques considèrent que la régulation de l’économie doit être laissée aux marchés, pour obtenir l’allocation des ressources la plus efficace. Les interventionnistes, eux, insistent sur l’importance de l’État pour remplir trois fonctions économiques : allocation, distribution et stabilisation.

I La fonction d’allocation des ressources

1  Lorsque les marchés sont défaillants

Un marché est défaillant s’il ne permet pas d’allouer efficacement les ressources. Cela se produit dans le cas d’externalités négatives ou de biens collectifs.

Repère
Mot clé

Les externalités négatives désignent les nuisances occasionnées par des entreprises (ex. : pollution), sans que celles-ci aient à payer les coûts de réparation ou de dédommagement.

En cas d’externalités négatives, les coûts de production et les prix des produits sont plus faibles qu’ils ne le devraient ; ils encouragent des niveaux de production et de demande qui génèrent plus de nuisances que ne le souhaite la société. L’État peut alors intervenir pour contraindre les entreprises concernées à payer des coûts de réparation, voire à renoncer à leur production.

Lorsque le produit est un bien collectif (ex. : un phare), il est difficile d’en contrôler l’utilisation et de faire payer les utilisateurs ; aucune offre n’est proposée sur le marché. S’il a une utilité pour l’économie (ex. : faciliter l’accès aux ports), l’État peut intervenir en prélevant des impôts pour financer la production de ce bien.

2  Lorsque les marchés sont imparfaits

Un marché est imparfait dès que l’une des conditions de la concurrence parfaite n’est pas respectée. Cela se produit notamment en l’absence d’atomicité.

L’atomicité désigne la situation d’un marché où le nombre d’offreurs est suffisamment grand pour qu’aucun d’entre eux ne puisse imposer son propre prix : un prix plus élevé entraînerait une perte de clientèle au profit des concurrents ; un prix plus faible ne serait pas rentable.

En l’absence d’atomicité, le marché se réduit à un offreur (monopole), ou à un petit nombre d’offreurs (oligopole). Ce manque de concurrence peut entraîner une hausse des prix désavantageuse pour les acheteurs. Les autorités de la concurrence peuvent alors intervenir pour empêcher les abus de position dominante ou les ententes entre entreprises visant à limiter la concurrence.

II La fonction de distribution

Le fonctionnement des marchés peut entraîner une répartition inégalitaire des ressources entre ceux qui ont les moyens de se les procurer et les autres.

L’État peut alors intervenir pour réduire ces inégalités, par exemple en prélevant des impôts ou des cotisations sociales qu’il redistribue sous forme de prestations sociales ou de services publics.

III La fonction de stabilisation

Les décisions prises au niveau microéconomique par chaque individu peuvent parfois entraîner des déséquilibres macroéconomiques, c’est-à-dire au niveau de l’économie dans sa globalité. L’État peut alors intervenir pour la stabiliser.

Repère
Mot clé

Le revenu disponible brut correspond au revenu du travail auquel on ajoute le revenu du patrimoine et auquel on soustrait les prélèvements obligatoires.

En cas d’inflation (augmentation des prix), lorsque la demande excède l’offre, les ménages sont incités à acheter des produits étrangers. Pour limiter les importations, l’État peut affaiblir la demande, en augmentant les prélèvements obligatoires ou en diminuant les prestations sociales, afin de réduire le revenu disponible brut.

En cas de chômage, l’État peut stimuler la demande des ménages afin d’augmenter les ventes des entreprises et leurs recrutements. Pour cela, il a la possibilité de réduire les prélèvements obligatoires, d’augmenter les prestations sociales ou ses propres investissements, ou encore d’encourager les banques à accorder davantage de prêts.

Zoom

Une sanction de l’Autorité de la concurrence

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Source : Autorité de la concurrence, 2018.

En France, l’Autorité de la concurrence contrôle le respect des règles de la concurrence. En 2018, elle a infligé une amende de 189 millions d’euros à six fabricants d’électroménager qui s’étaient concertés pour augmenter leurs prix.

Le diagramme circulaire ci-dessus montre la répartition de cette amende entre les six fabricants sanctionnés.