Les totalitarismes : des machines de guerre

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A) Des idéologies liées à la guerre

Le totalitarisme désigne principalement :

  •  le nazisme (1933-1945), autour de la personnalité d’Hitler, en Allemagne ;
  •  le stalinisme (1928-1953) avec Staline en URSS ;
  •  le fascisme de Mussolini (1925-1945) en Italie, considéré comme une forme atténuée de ce genre de régime politique.

Dans leur ambition de créer une société et un homme nouveaux, les totalitarismes revendiquent la confiscation des libertés et du pouvoir par un parti unique. Ils pratiquent le culte de la personnalité, l’usage extrême de la propagande, l’endoctrinement de la population et la stratégie de terreur (système concentrationnaire administré par le Goulag en URSS). Le nazisme prône la conquête de territoires (expansionnisme) et fait de la guerre un outil de domination intérieure et extérieure. Il justifie sa volonté de conquérir un « espace vital » par des arguments raciaux et racistes.

Définitions
Culte de la personnalité : propagation de l’image du dirigeant dans toute la société.

Propagande : stratégie de communication du pouvoir qui tente de convaincre l’opinion publique d’adhérer à son idéologie.

Expansionnisme : volonté d’étendre le territoire national au détriment des autres peuples.

Goulag : administration soviétique de gestion des camps de déportation en URSS à partir de 1930.

Exemples

Le NSDAP, en français le parti national-socialiste des travailleurs allemands, dénommé « parti nazi », est le parti unique allemand.

Le PCUS, ou parti communiste de l’Union soviétique, est le parti unique en URSS.

Les régimes stalinien et hitlérien sont largement responsables du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La militarisation de la société, le développement des industries d’armement, la désignation d’un adversaire à anéantir et l’opportunité d’étendre le territoire national font de la guerre un idéal nationaliste. La guerre se présente ouvertement comme un combat idéologique contre les démocraties libérales.

Le 23 août 1939, l’Allemagne et l’URSS s’accordent diplomatiquement et militairement à l’occasion du pacte germano-soviétique. Bien qu’opposés, les deux totalitarismes d’extrême droite et d’extrême gauche s’allient et prévoient le découpage de la Pologne. L’Allemagne, l’Italie et le Japon forment l’Axe en septembre 1940. La première ambitionne de dominer l’Europe centrale et orientale, la seconde espère contrôler la Méditerranée tandis que le Japon prévoit d’agrandir son empire en Asie pacifique. Ces objectifs impérialistes conduisent le monde vers un nouveau conflit.

Définitions
Militarisation : propagation dans une société des valeurs et de l’esprit militaire de manière à obtenir l’obéissance de la population et son adhésion à l’impérialisme.

Impérialisme : doctrine qui prévoit la construction d’un empire fondé sur la conquête de territoires extérieurs habités par d’autres peuples placés sous domination.

B) Le rôle des totalitarismes en 1939-1945

La soif de conquête débouche sur une volonté d’anéantissement de l’adversaire. La guerre étend donc la logique de violence extrême. En 1940, l’Allemagne hitlérienne envahit une partie de l’Europe, dont la France, au moyen de la blitzkrieg (guerre éclair) qui mise sur la rapidité de l’offensive aérienne et terrestre. Hitler s’allie avec certains pays d’Europe orientale et se retourne contre l’URSS en juin 1941. C’est l’opération Barbarossa. La Wehrmacht envahit une grande portion du territoire soviétique mais se heurte vers la fin de 1942 à une vaste contre-offensive de l’Armée rouge. Les troupes de Joukov parviennent à refouler l’invasion allemande et atteignent Berlin en avril 1945. Staline devient le vainqueur d’Hitler.

Alliées puis adversaires, les deux puissances totalitaires font du conflit une guerre totale. Leur combat l’une contre l’autre suppose une mobilisation sans précédent des ressources humaines, matérielles et industrielles. L’ampleur de leur mobilisation fait entrer toute la société dans le combat militaire, économique et idéologique. L’ampleur du désastre est à la hauteur des moyens mobilisés : en 1945, l’URSS comptabilise environ 20 millions de morts, l’Allemagne au moins 7 millions.

Définitions
Wehrmacht : nom donné à l’armée allemande sous le IIIe Reich.

Armée rouge : nom de l’armée soviétique.

Guerre totale : conflit de grande ampleur, aux effets dévastateurs, et qui suppose une mobilisation à la fois militaire, humaine, sociale, politique, économique et financière.

C) Les totalitarismes et la logique d’extermination

Le fanatisme nazi aboutit à une logique d’extermination massive des populations civiles. Elles subissent localement des représailles. Les crimes de guerre s’avèrent nombreux. La déportation de dizaines de milliers de Polonais et le massacre de plusieurs milliers d’entre eux dans la forêt de Katyn par la police politique soviétique au printemps 1940, témoignent de cette criminelle brutalisation dont les régimes totalitaires sont coupables.

La guerre et l’invasion des territoires étrangers sont l’occasion d’appliquer les thèses raciales fondatrices du nazisme. Les Juifs et les Tziganes (Roms) en sont les principales victimes. L’assassinat de masse conduit à la mort d’un peu moins de 6 millions de personnes (dont 200 000 à 500 000 Tziganes). Les procédés de mise à mort débutent par le regroupement des Juifs et des Roms dans des ghettos où 800 000 d’entre eux meurent de faim ou d’épidémie. À partir de décembre 1942, la déportation en Pologne dans six centres de mise à mort (anciennement qualifiés de camps d’extermination) conduit aux chambres à gaz 2,7 millions d’individus. Dans les territoires soviétiques envahis par l’Allemagne, 4 Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination) procèdent à de nombreux massacres de populations juives, tziganes et d’ennemis politiques (les commissaires politiques communistes). Les corps de 1,3 million de victimes tuées par balle sont enfouis dans d’immenses fosses communes.

Le génocide des Juifs (Shoah) et des Roms (Samudaripen) présente plusieurs singularités. Son ampleur démographique et son étendue géographique à l’échelle de l’Europe. Le procédé industriel de mise à mort (avec l’utilisation du zyklon B dans les chambres à gaz) et l’organisation du « traitement des corps » dépeignent une « industrie de la mort » sans équivalent dans l’histoire.

Pour aller plus loin

Nommer le génocide

Le génocide des Juifs est désigné par plusieurs termes. La « Shoah » signifie « catastrophe » en hébreux. Ce terme souligne la spécificité de cette extermination. La « solution finale » est une expression nazie typiquement administrative et qui dissimule la réalité du crime commis. L’« holocauste » (du grec qui signifie « tout brûler ») est un mot qui s’est imposé dans les années 1970 en référence à la crémation des corps des victimes. Le terme « Samudaripen » (« Tuez-les tous ») désigne le génocide des Roms. Ce mot est concurrencé par « Porajmos » (qui veut dire « dévorer »).