Les théories du complot

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En 2018, un sondage révélait que 79 % des Français adhèrent à au moins une thèse complotiste… soutenant que la Terre est plate, que l’on n’a pas marché sur la Lune ou encore que Lady Di a été assassinée. La recrudescence de ces « théories » est notamment favorisée par Internet.

I Comment Internet stimule le complotisme ?

1 Des réflexes conspirationnistes anciens…

Repère
Mot clé

L’expression théories du complot est critiquée car elle semble fournir une assise scientifique à ces thèses. On peut alors les désigner sous les vocables de complotisme ou conspirationnisme.

Les racines des théories du complot sont très anciennes : l’une des premières date de la Révolution française. L’abbé de Barruel se persuade à l’époque que « tout a été prévu, médité, combiné, résolu » par des hommes agissant dans l’ombre.

La croyance en l’existence de groupes occultes, très puissants, qui tenteraient de s’imposer à l’échelle mondiale en manipulant l’opinion publique est au fondement de ces « théories ». Dès le XVIIIe siècle, les francs-maçons ont été incriminés, puis les juifs, les Illuminati, les communistes ou plus récemment les ­Reptiliens.

2 …réactivés par les technologies modernes

Internet permet aux théories complotistes de se consolider parce qu’il fournit les moyens de « prouver » de façon apparemment indubitable leur véracité. En effet, les supports visuels donnent l’illusion de la preuve scientifique irréfutable : le public doute beaucoup moins d’une photo ou d’une vidéo que d’un texte.

D’autres caractéristiques d’Internet facilitent le conspirationnisme en ligne. Son horizontalité enlève ainsi aux journalistes ou aux scientifiques leur capacité de vérification, tandis que son immédiateté empêche souvent de prendre le temps d’examiner les « preuves » véhiculées.

La diffusion à l’échelle mondiale permise par le Web donne enfin aux thèses complotistes un auditoire qui les renforce. Davantage partagées, elles séduisent toujours plus de monde, et apparaissent alors d’autant plus crédibles.

II Mieux combattre le phénomène

1 Des mécanismes similaires

Les théories conspirationnistes obéissent à de nombreux ressorts, notamment psychologiques. Face à un monde perçu comme complexe et donc angoissant, il est commode et rassurant de désigner des responsables aux événements tragiques ou inexpliqués.

Le complotisme se nourrit également d’une méfiance à l’égard des institutions, et en particulier des États. Ainsi une thèse largement diffusée rend le gouvernement américain responsable des attentats du 11 septembre 2001.

Ceux qui adhèrent aux thèses du complot ont par ailleurs le sentiment très valorisant de détenir une vérité qui serait cachée au plus grand nombre. Ainsi se forment sur la Toile des communautés, liées à un site ou à un blog, convaincues d’être plus informées que la masse de ceux qui se laisseraient berner.

2 Quels remparts contre ces théories ?

Repère
Mot clé

L’esprit critique renvoie à des réflexes qu’il faut avoir vis‑à-vis de l’information : en vérifier la source, distinguer les faits des interprétations, comparer les explications proposées.

La lutte la plus efficace contre le conspirationnisme est l’éducation aux médias et l’acquisition d’un esprit critique et d’une solide culture générale via l’école. Un sondage de 2018 montre que les Français les plus séduits par le complotisme sont les jeunes et les personnes les moins diplômées.

Pour endiguer la diffusion de ces théories, certains en appellent à une meilleure surveillance et à un contrôle accru du Net. Mais censurer des auteurs conspirationnistes ou fermer leurs sites peut s’avérer contre-productif. Dans leur logique de persécution, ils l’interpréteraient comme une confirmation du complot !