Les tables de mobilité : instrument de mesure de la mobilité sociale

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La mobilité sociale intergénérationnelle se mesure grâce aux tables de mobilité qui permettent d’appréhender les déplacements entre milieu social d’origine et position sociale. Ces outils présentent des limites.

I) Les principes de construction des tables de mobilité

Les tables de mobilité croisent deux variables : la CSP de l’individu à un moment de son existence et la CSP de son père ou de sa mère. À partir d’une table de données en valeur absolue, on peut déduire deux tables en pourcentage.

1) La table des destinées

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Source : Site académie de Versailles, Insee, Hommes de 30 à 59 ans, 2017.

La table des destinées répond à la question : « Que sont devenus les fils d’agriculteurs (d’ouvriers, de cadres...) ? » En 2017, sur 100 fils d’agriculteurs, 24,6 étaient devenus agriculteurs et 33,5 étaient ouvriers.

La diagonale du tableau indique la part des immobiles selon chaque CSP d’origine. La colonne « Ensemble » indique la répartition socioprofessionnelle des enquêtés, quelle que soit la CSP de leur père : en 2017, 23,8 % des hommes de 30 à 59 ans appartiennent aux professions intermédiaires.

2) La table des recrutements

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Source : Site académie de Versailles, Insee, Hommes de 30 à 59 ans, 2017.

La table des recrutements répond à la question : « D’où viennent les agri­culteurs (les ouvriers, les cadres…) ? » 79,4 % des agriculteurs sont des fils d’agriculteurs et seulement 2,9 % sont des fils de cadres.

La diagonale de la table indique le poids de l’auto-recrutement, c’est-à-dire la part au sein de chaque CSP de ceux qui en sont eux-mêmes issus. La ligne « ­Ensemble » indique la répartition des individus selon la CSP de leur père. Ainsi en 2017, sur 100 hommes de 30 à 59 ans, 38,3 sont fils d’ouvriers.

II) Intérêts et limites des tables de mobilité

Les tables de mobilité permettent de mesurer la mobilité sociale intergénérationnelle, en comparant la position sociale des individus avec celle de leur père ou mère.

Elles permettent d’évaluer la fluidité sociale, par le calcul des odds ratio (rapport des chances relatives) qui indiquent le lien plus ou moins fort entre la position sociale occupée et la position d’origine et ainsi le degré d’égalité des chances. Un odds ratio qui diminue indique une fluidité sociale qui augmente.

Cependant, les tables de mobilité présentent des limites.

Le degré de mobilité ou d’immobilité est fortement lié au niveau de détail des CSP utilisées : plus les catégories utilisées sont nombreuses, plus les déplacements entre catégories apparaissent mécaniquement importants.

On compare dans le temps des professions dont la représentation a pu changer : par exemple un professeur des écoles aujourd’hui n’a pas le prestige social d’un instituteur il y a 40 ou 50 ans.

Chiffres-clés

10,3 % des hommes de 30 à 59 ans sont employés, ce qui n’est pas représentatif de l’ensemble de la population active. En effet les employés sont très majoritairement des femmes.

Les tables de mobilité ignorent les mères majoritairement inactives dans les générations passées, ainsi que les parcours pas toujours linéaires des individus.

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Le calcul de l’odds ratio

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Un enfant de cadre a une probabilité de 49,3/100 de devenir cadre et de 9,2/100 de devenir ouvrier, soit 49,3/9,2 = 5,3. Un fils d’ouvrier a une probabilité de devenir cadre de 10,5/100 et de devenir ouvrier de 47,2/100, soit 10,5/47,2 = 0,22.

L’odds ratio est 5,3/0,22 = 24,1. Ce résultat signifie que les chances de ­devenir cadres plutôt qu’ouvriers sont 24 fois plus élevées chez les enfants de cadres que chez les enfants d’ouvriers.