Introduction
En 2022, le prix du pain a augmenté avec la flambée du blé, tandis que les fortes chaleurs de l’été ont fait exploser la demande d’eau et de glaces. Ces exemples montrent que les prix et les quantités échangées ne dépendent pas seulement du prix affiché, mais aussi de facteurs extérieurs qui modifient le comportement des producteurs et des consommateurs. Pour comprendre ces mécanismes, le programme de Première insiste sur deux points : distinguer les mouvements le long d’une courbe (dus à une variation du prix) et les déplacements de la courbe entière (dus à un facteur extérieur comme une taxe, une innovation ou l’évolution des préférences), et représenter ces phénomènes à l’aide de schémas graphiques pour visualiser les équilibres, les surplus et la perte sèche.
La demande et ses déplacements
La demande reflète le comportement des consommateurs et s’exprime par une courbe décroissante : plus le prix est bas, plus la quantité demandée est importante. Quand le prix change, on se déplace le long de cette courbe. Si une place de cinéma passe de 12 € à 8 €, davantage de spectateurs vont au cinéma, mais la courbe de demande reste inchangée.
En revanche, quand un facteur extérieur agit, la courbe entière se déplace. En cas de canicule, les consommateurs achètent plus d’eau à tous les prix : la courbe de demande se déplace vers la droite et le nouvel équilibre correspond à un prix plus élevé et une quantité échangée plus grande. À l’inverse, si une campagne de santé décourage la consommation de sodas, la demande baisse à tous les prix : la courbe se déplace vers la gauche, et le nouvel équilibre implique un prix plus bas et une quantité plus faible.
À retenir
La demande se déplace le long de la courbe quand seul le prix change, mais la courbe entière se déplace quand un facteur extérieur modifie le comportement des consommateurs.
L’offre et ses déplacements
L’offre traduit le comportement des producteurs et se représente par une courbe croissante : plus le prix est élevé, plus il est rentable de produire. Quand le prix change, on observe un déplacement le long de la courbe. Si le prix du blé passe de 170 € à 200 € la tonne, les producteurs augmentent leur production, mais la courbe d’offre ne bouge pas.
Un facteur extérieur, en revanche, déplace toute la courbe. Si une tempête détruit des vergers, les producteurs de pommes en offrent moins, même si le prix reste inchangé : la courbe d’offre se déplace vers la gauche et le nouvel équilibre correspond à un prix plus élevé et une quantité plus faible. À l’inverse, une innovation technique qui réduit les coûts de production permet aux producteurs de proposer plus de pommes au même prix : la courbe se déplace vers la droite, et le nouvel équilibre implique un prix plus bas et une quantité plus élevée.
À retenir
L’offre se déplace le long de la courbe quand seul le prix change, mais la courbe entière se déplace quand un facteur extérieur comme une catastrophe ou une innovation modifie la production.
L’impact d’une taxe forfaitaire
Une taxe forfaitaire (par exemple 0,50 € par kilo de pommes) agit comme un coût supplémentaire pour les producteurs, en augmentant leur coût marginal. Graphiquement, cela se traduit par un déplacement de la courbe d’offre vers le haut : à chaque prix, les producteurs proposent désormais moins de quantités.
Exemple : avant la taxe, l’équilibre est à 2 € pour 1 000 kilos échangés. Après la taxe, le nouvel équilibre se situe à 2,30 € payé par les consommateurs, 1,80 € reçu par les producteurs (après déduction de la taxe), et 800 kilos échangés. Les consommateurs paient plus cher, les producteurs perçoivent moins et l’État encaisse la taxe.
Mais cette intervention réduit aussi les surplus. Les consommateurs perdent car ils paient plus cher, les producteurs perdent car ils vendent moins, et le surplus global diminue. La partie des gains à l’échange qui disparaît est appelée perte sèche : ce sont des transactions qui auraient profité aux deux parties mais qui ne se réalisent plus à cause de la taxe. La répartition de la charge fiscale dépend en outre des élasticités relatives de l’offre et de la demande : si la demande est peu sensible au prix (cas de l’essence), ce sont surtout les consommateurs qui supportent la taxe ; si l’offre est peu élastique (cas d’une production agricole à court terme), ce sont les producteurs qui en subissent le poids.
À retenir
Une taxe déplace la courbe d’offre vers le haut : elle réduit les quantités échangées, augmente le prix payé par les consommateurs et diminue le surplus total, créant une perte sèche.
Conclusion
Les prix et les quantités échangées évoluent sans cesse, sous l’effet des variations de prix mais aussi de facteurs extérieurs. Comprendre la différence entre un déplacement le long d’une courbe et un déplacement de la courbe entière permet d’analyser ces situations et de visualiser graphiquement les nouveaux équilibres. L’étude des surplus et de la perte sèche montre enfin que certaines interventions publiques, comme les taxes, modifient la répartition des gains à l’échange et réduisent l’efficacité du marché. Ces outils graphiques et théoriques sont indispensables pour comprendre et discuter la régulation publique des marchés, qu’il s’agisse de l’énergie, de l’alimentation ou de l’environnement.
