Les besoins en eau et l'établissement des tuyaux

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L’eau est l’agent extincteur le plus communément utilisé pour lutter contre les incendies. Il existe de nombreux points d’eau de types différents qu’il faut savoir utiliser et contrôler afin d’être efficace dans l’alimentation et l’établissement des tuyaux.

1 - La connaissance des besoins et des ressources en eau

A - L'esprit de la défense extérieure contre l'incendie


La défense extérieure contre l’incendie (DECI) a pour objet d’assurer l’alimentation en eau des moyens des services d’incendie et de secours. Celle-ci s’appuie sur une démarche de sécurité par objectifs. Un cadre législatif et réglementaire à trois niveaux est fixé : national, départemental et communal (ou intercommunal).

- Cadre national : la loi du 17 mai 2011 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) crée la police administrative spéciale de la DECI, placée sous l’autorité du maire.

- Cadre départemental : le décret n° 2015-235 du 27 février 2015 relatif à la DECI complète les dispositions réglementaires du CGCT en définissant :
  • la notion de point d’eau d’incendie (PEI) ;
  • le contenu et la méthode du règlement départemental de DECI (R. 2225-5 et 6). Enfin, l’arrêté du 15 décembre 2015 fixe le référentiel national de la défense extérieure contre l’incendie et abroge la circulaire du 10 décembre 1951 qui précisait les modalités d’application des besoins en eau pour un risque moyen.
- Cadre territorial : le Règlement départemental de la défense contre l’incendie (RDDECI, article 2225-3 du CGCT) est la clé de voûte de la nouvelle réglementation. C’est à ce niveau que sont élaborées « les grilles de couverture » des risques incendie respectant le principe d’objectifs à atteindre, notamment dans le choix des points d’eau incendie.
Il est réalisé à partir d’une large concertation avec les élus et les autres partenaires tels que les services publics de l’eau. Il est rédigé par le SDIS et arrêté par le préfet du département.
Ce document est cohérent avec le schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR) et complémentaire du règlement opérationnel (RO) du SDIS.

B - L'analyse des risques et l'adéquation de la ressource en eau

La méthode de définition des ressources en eau s’applique en définissant les risques
comme suit :

  • risques courants faibles pour les hameaux (30 m3/1 h) ;​
  • risques courants ordinaires pour les agglomérations de densité moyenne (60 m3/1 h) ;
  • risques courants importants pour les agglomérations à forte densité (120 m3/2 h) ;
  • risques particuliers dans les autres zones (zones d’activités, par exemple), approche spécifique.

Important : l’objectif final est de réaliser une défense incendie de proximité.

C - Les caractéristiques techniques des différents points d'eau d'incendie (PEI)

Les réseaux de distribution d’eau permettent aux sapeurs-pompiers de disposer de prises d’eau pour lutter contre un incendie. Ceux-ci sont regroupés en poteaux et bouches d’incendie appelés communément « hydrants ».
On distingue ainsi de deux sortes de réseaux ;

  • les réseaux maillés où les canalisations communiquent entre elles pour former une circulation d’eau dans tous les sens ;​
  • les réseaux ramifiés (ou palmés) qui, partant d’un réservoir, se finissent en cul-de-sac avec l’inconvénient de condamner plusieurs hydrants si une anomalie existe.

1) Inventaire des points d'eau d'incendie concourant à la DECI

Les points d’eau d’incendie concourant à la DECI sont : les poteaux et bouches d’incendie et les autres points d’eau d’incendie.
 

Le Règlement départemental de la défense contre l’incendie (RDDCI) doit comprendre un inventaire des PEI non normalisés par le SDIS pour constituer la DECI, par exemple : les points d’eau naturels ou artificiels, les points de puisage, les réseaux d’irrigations agricoles, les autres réseaux sous pression, les citernes enter- rées, les bâches à eau...


2) Accessibilité des points d'eau d'incendie

Les PEI non normalisés nécessitant la mise en œuvre de techniques d’aspiration
doivent être constitués d’une surface d’aspiration :

  •  de 4 m × 3 m par motopompe remorquable au minimum ; 
  • de 8 m × 4 m par véhicule poids lourd au minimum.​


3) Signalisation des appareils sur le terrain

Les poteaux d’incendie sous pression sont de couleur rouge. Cette couleur symbolise ainsi un appareil sous pression d’eau permanente.

  • Les poteaux d’aspiration (des citernes enterrées) sont de couleur bleue. Cette couleur symbolise un appareil sans pression permanente ou nécessitant une mise en aspiration.​
  • Les poteaux d’incendie branchés sur des réseaux d’eau surpressés sont de couleur jaune. Le jaune symbolise un appareil dont la mise en œuvre nécessite des précautions particulières.
  • Afin d’en faciliter le repérage et d’en connaître les caractéristiques essentielles, les PEI font l’objet d’une signalisation par panneau.

D - La police administrative et le service public de la DECI

1) La police administrative spéciale de la DECI

La loi du 17 mai 2011 a créé la police administrative spéciale de la DECI attribuée au maire (article L.2213-32 du CGCT). La DECI s’est ainsi détachée de la police administrative générale à laquelle elle était rattachée avant 2011.


2) Le service public de la DECI

Le service public de DECI est une compétence de collectivité territoriale attribuée à la commune (article L. 2225-2 du CGCT). Il est placé sous l’autorité du maire.

Le service public de DECI assure ou fait assurer la gestion matérielle de la DECI. Il porte principalement sur la création, la maintenance ou l’entretien, l’apposition de signalisation, le remplacement, l’organisation des contrôles techniques des PEI.

2 - L'établissement des tuyaux

Les établissements sont la disposition donnée aux tuyaux pour amener l’eau aux lances. Ils peuvent être :

  • horizontaux : lorsqu’ils reposent sur un sol sensiblement plat ou sur un plancher ;​
  • verticaux : lorsqu’ils s’élèvent verticalement dans une cage d’escalier, le long d’un mur ou d’une échelle, on compte alors 3 à 4 m par niveau ;
  • rampants : lorsqu’ils s’élèvent sur les marches d’un escalier ou sur un terrain très incliné ; on compte alors 6 à 8 m par niveau.

A - Les règles à respecter

Pour que ces établissements soient réalisés au mieux, il convient de respecter les règles suivantes :

  •  faire une grande réserve en boucle au point d’attaque ou à la division pour les gros tuyaux et au point d’attaque pour les petits ;​
  • dérouler le premier tuyau et successivement tous les autres en serrant le plus près possible la bordure du trottoir ;
  • éviter, si possible, de couper les rues ;
  • employer le moins possible de tuyaux ;
  • éviter l’enchevêtrement des tuyaux ;
  • éviter les torsions, les plis, les coudes brusques ;
  • ne pas laisser les tuyaux reposer sur des décombres brûlants ou des matériaux coupants ou pointus, les mettre à l’abri de la chute des matériaux.

B - Les précautions d'emploi

Afin d’éviter de détériorer les tuyaux, il faut observer les précautions suivantes :

  •  éviter de poser les tuyaux sur une partie angulaire ;​
  • si les tuyaux doivent être déplacés ou hissés, veiller à ce qu’ils ne puissent pas se détériorer près des coudes, notamment aux angles vifs ;
  • ne pas marcher sur les tuyaux, même pour les rouler ;
  • ne pas les laisser franchir par des véhicules sans avoir placé au préalable des dispositifs de franchissement de tuyaux (DFT) ;
  • les rouler et les mettre à l’abri dès lors qu’ils ne sont plus utilisés, en évitant de les traîner à terre ;
  • ne pas heurter les raccords ;
  • manœuvrer doucement les robinets des lances, divisions et retenues pour éviter l’arrivée brutale et massive d’eau qui aurait tendance à faire crever les tuyaux, et qui pourrait surtout déséquilibrer les porte-lances ;
  • ne pas plier les tuyaux quand ils sont gelés.

3 - L'établissement de lances

Les procédures opérationnelles d’établissement des lances sont détaillées dans le guide national de référence « Établissement des lances : équipes en binômes ». De plus, chaque département peut avoir son propre guide de référence explicitant davantage de manœuvres.

A - Le cadre général d'intervention

L’ensemble des manœuvres d’établissement des lances repose sur une unité composée de deux sapeurs-pompiers constituant le binôme. Le binôme est composé d’un chef d’équipe et d’un équipier. Un engin est servi par un ou plusieurs binômes. Pour des raisons d’efficacité et de sécurité, le binôme effectue une seule action à la fois.

Au sein d’un engin d’incendie, il existe deux binômes :

  • le binôme d’attaque (BAT) qui procède à l’attaque du sinistre à l’aide d’une lance ;​
  • le binôme d’alimentation (BAL) qui procède à l’alimentation de l’établissement.

B - Les règles de base

Tout commandement d’exécution d’une lance indique un point d’attaque et une prise d’eau, qui peut être un engin, un PI, une BI, une colonne sèche, une colonne humide ou une division. Une lance est toujours alimentée par une prise d’eau et une prise d’eau peut être alimentée par une autre prise d’eau.

Le matériel de base de chacun des binômes est le suivant (mais peut varier selon les procédures en vigueur dans chaque SDIS) :

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L’organigramme des manœuvres en binôme

M1 : établissement de la lance du dévidoir tournant (LDT) 

M2 : alimentation d’une prise d’eau

M3 : établissement d’une lance sur une prise d’eau

M4 : alimentation de l’engin

M5 : établissement d’une lance à mousse 

M6 : remplacement/prolongation de tuyau