Les atteintes liées aux circonstances

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Les atteintes liées aux circonstances regroupent un ensemble de lésions survenues dans des circonstances particulières ou provoquées par un environnement hostile. Dans tous les cas, l’équipier secouriste doit appliquer la conduite à tenir générale devant une victime : bilans, gestes de secours nécessaires et surveillance. Toutefois, il doit aussi réaliser des gestes complémentaires spécifiques liés à ces circonstances.

1 - Personne victime d'une morsure ou d'une piqûre

La morsure d’animal :

  • arrêter le saignement en comprimant la plaie ou la désinfecter si elle ne​saigne pas ;
  • protéger la plaie par un pansement stérile.

La piqûre d’insecte : limiter la douleur et le gonflement en appliquant du froid.

La morsure de serpent :

  • allonger la victime, lui demander de rester calme, la rassurer ;
  • réaliser un pansement compressif sur la morsure pour limiter la diffusion du venin ;
  • immobiliser le membre atteint.

Attention : toutes les techniques d’aspiration, qu’elles soient buccales ou à l’aide d’un appareil, sont formellement interdites car elles favorisent la diffusion du venin.

2 - Personne victime d'un accident électrique

  • S’assurer que la victime n’est pas en contact direct ou indirect avec un conducteur endommagé ou un câble électrique de haute tension au sol.
  • Réaliser un bilan d’urgence de la victime et les gestes de réanimation nécessaires.
  • Rechercher les lésions, notamment les brûlures par flash ou par arc électrique aux points d’entrée et de sortie.
  • Refroidir et protéger les brûlures visibles.​

Attention : toute brûlure électrique doit être considérée comme une brûlure grave.

3 - Personne victime d'une intoxication

Une intoxication est un trouble engendré par la pénétration dans l’organisme d’une substance appelée « poison » ou « toxique ». Selon le mode de pénétration d’un toxique, la conduite à tenir diffère.

1) Ingestion

Lors de l’ingestion, le poison est avalé et absorbé par le tube digestif.

Conduite à tenir :

  • réaliser un bilan et les gestes de premiers secours nécessaires ; 
  • rechercher les circonstances de survenue ;​
  • rechercher la nature du ou des toxiques en cause ;
  • rechercher la dose absorbée et l’heure l’absorption ;
  • conserver les emballages et les flacons des produits en cause.

Attention : demander d’urgence une équipe médicale sur les lieux de l’intervention et contacter, en collaboration avec celle-ci, le centre antipoison.

2) Inhalation

Lors de l’inhalation, le poison pénètre par les voies respiratoires et est absorbé dans l’organisme par les poumons.

Conduite à tenir :

  • suspecter la présence du toxique (détecteur de CO) ; 
  • réaliser un dégagement d’urgence si nécessaire ;
  • pratiquer les gestes de première urgence.

3) Injection

Lors de l’injection, le poison pénètre dans l’organisme par une plaie.

Conduite à tenir :

  • rincer la plaie avec de l’eau (identifier le poison si possible) ; 
  • couvrir la plaie avec un pansement stérile ;​
  • réaliser un bilan et demander un avis médical.

4) Absorption

Il y a absorption lorsque le poison pénètre dans l’organisme à travers la peau saine.
Conduite à tenir :

  • rincer la peau avec de l’eau (identifier le poison si possible) ; 
  • réaliser un bilan et demander un avis médical.​

4 - Personne victime d'un effet de souffle (blast)

Il s’agit d’un traumatisme engendré par une onde de choc, secondaire à une explosion (blast). Les victimes présentent souvent de multiples lésions : plaies, brûlures, fractures et lésions internes qui peuvent, au début, passer inaperçues et se révéler secondairement :

  • examiner toutes les victimes et réaliser les gestes de secours qui s’imposent ;​
  • demander rapidement le concours d’une équipe médicale sur les lieux de l’intervention.

5 - Personne victime d'une compression prolongée des muscles (crush syndrom)

La compression prolongée des masses musculaires d’une victime peut être, à plus ou moins brève échéance, mortelle. Si la compression interrompt la circulation sanguine au niveau des masses musculaires comprimées et qu’elle dure plusieurs heures, elle entraîne, progressivement, des lésions des muscles qui s’accompagnent d’une production de déchets, toxiques pour l’organisme.

Au moment du dégagement de la victime, la levée de la compression rétablit la circulation sanguine. En l’absence de traitement médical préventif, ces déchets entraînés par le sang dans tout l’organisme sont de véritables poisons, notamment pour le cœur et les reins.

Conduite à tenir : les gestes de premiers secours sont limités du fait de la situa- tion de la victime (en général peu accessible) et du risque lié aux circonstances de l’accident :

  • demander rapidement le concours d’une équipe médicale sur les lieux de l’intervention ;​
  • évaluer la durée de la compression par rapport à l’horaire de l’événement ;
  • réaliser les gestes d’urgence adaptés au contexte opérationnel ;
  • protéger la victime du froid et des risques liés au dégagement (projections) ;
  • rassurer en permanence la victime.

Attention : 

  • La levée de la compression se fait après avis médical et en présence d’un médecin.​
  • La pose de garrot n’est jamais effectuée par l’équipier secouriste, sauf sur demande d’un médecin.

6 - Personne victime d'une exposition prolongée à la chaleur

A - Le coup de chaleur

Il survient chez les personnes qui sont exposées à la chaleur pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. La victime présente : des maux de tête, des sueurs importantes, des crampes musculaires, une fatigue intense, des nausées, une température normale ou peu élevée. Rapidement, une détresse circulatoire s’installe et la température de l’organisme s’élève.

Conduite à tenir :

  • installer la victime à l’abri, dans un endroit frais, climatisé si possible ;​
  • mettre la victime au repos dans la position où elle se sent le mieux ;
  • chez l’enfant ou le nourrisson, lui faire prendre un bain ;
  • réaliser un bilan de la victime et effectuer les gestes de secours qui s’imposent ; 
  • demander un avis médical et respecter les conseils donnés ;
  • surveiller attentivement la victime (détresse circulatoire) et réconforter la victime.

B - L'insolation

Elle survient chez des personnes qui sont exposées de manière directe et prolongée au soleil. La victime présente : des maux de tête, aucune sueur, une peau sèche, rouge et très chaude, des troubles du comportement et/ou de la conscience, une tempéra- ture très élevée. Rapidement une détresse neurologique s’installe.

Conduite à tenir :

  • installer la victime à l’abri, dans un endroit frais, climatisé si possible ; 
  • allonger la victime, tête surélevée si elle est consciente ;
  • réaliser un bilan de la victime et les gestes de secours qui s’imposent ; 
  • demander un avis médical.

7 - Personne victime d'un accident dû au froid

A - Les gelures

Ce sont des lésions dues au froid (gel) qui siègent, en règle générale, au niveau des extrémités de l’organisme : nez, oreilles, orteils et pieds, doigts et mains. Il s’agit d’une lésion provoquée par un refroidissement local.

Les symptômes siègent au niveau des extrémités : 

  • sensation de « piqûres d’aiguille » ;​
  • engourdissement et durcissement des extrémités ;
  • pâleur locale avec une évolution vers une peau brune, accompagnée d’une insensibilité.

Conduite à tenir :

  • isoler la victime dans un endroit chaud ;​
  • lui ôter ses vêtements surtout s’ils sont mouillés ou humides ;
  • examiner la victime et réaliser les gestes de secours qui s’imposent ;
  • envelopper le plus rapidement possible la victime dans une couverture de survie ;
  • enlever doucement gants, chaussures ;
  • envelopper les zones atteintes dans des linges, ou les placer, lorsque cela est possible, au contact de la peau de la victime (mains sous les aisselles, etc.) pour les réchauffer.

B - L'hypothermie de l'organisme

Elle se constitue quand la température du corps, normalement aux alentours de 37 °C, devient inférieure à 35 °C. Ce refroidissement survient à la suite d’une exposition prolongée au froid, plus particulièrement humide.

Les symptômes sont :

  • frissons ;​
  • peau pâle, froide et sèche ;
  • troubles de la conscience (désorientation, confusion, agitation, inconscience) ; 
  • ralentissement de la respiration ;
  • ralentissement du pouls, qui devient très difficile à percevoir ;
  • dans le cas extrême, arrêt cardio-respiratoire.

Conduite à tenir :

  • isoler la victime dans un endroit chaud ;
  • lui ôter ses vêtements, surtout s’ils sont mouillés ou humides ;
  • examiner la victime et réaliser les gestes de secours qui s’imposent ; 
  • envelopper la victime dans une couverture de survie.

8 - Personne victime de pendaison ou de strangulation

On appelle pendaison une suspension du corps par le cou et étranglement – ou strangulation – une constriction du cou ou une pression sur la gorge. L’afflux d’air vers les poumons et/ou la circulation du sang vers le cerveau sont interrompus.

Lors de la pendaison, sous l’effet du poids du corps (chute), la victime peut avoir une lésion vertébrale avec atteinte de la moelle épinière.

Conduite à tenir :

  • soutenir, puis dépendre le corps en se faisant aider ;​
  • desserrer et enlever rapidement toute source de constriction du cou ;
  • maintenir l’axe tête-cou-tronc dès que possible ;
  • examiner la victime et réaliser les gestes de réanimation ou de secours nécessaires.

Attention : conserver les traces et indices nécessaires aux services de police ou de gendarmerie.