Les affections spécifiques

icône de pdf
Signaler

Les affections spécifiques regroupent un ensemble d’affections facilement identifiables par les secouristes et nécessitant d’adapter la conduite à tenir générale.

1 - Principe

Les affections spécifiques prises en charge par les sapeurs-pompiers, et décrites dans le Référentiel national de premiers secours en équipes sont : 

  • le malade qui présente une crise convulsive généralisée ; 
  • le diabétique qui présente un malaise ;
  • la personne qui présente une crise d’asthme ;
  • la personne victime d’une réaction allergique ;
  • la femme enceinte (accouchement ou fausse couche).

2 - Malade qui présente une crise convulsive généralisée

A - Qu’est-ce qu’une crise convulsive généralisée ?

La crise convulsive se caractérise par la survenue brutale d’une perte de connaissance accompagnée de mouvements de type secousses involontaires qui touchent, en règle générale, l’ensemble du corps.

La crise convulsive peut être le signe d’une maladie grave (certaines maladies entraînent des lésions cérébrales).

Causes possibles :

  • épilepsie ;​
  • traumatisme crânien ;
  • manque d’oxygène au niveau du cerveau ;
  • absorption de certains poisons ;
  • fièvre élevée, notamment chez le nourrisson.

Conséquences possibles :

  • traumatismes ;​
  • obstruction des voies aériennes par la langue chez une victime inconsciente.

B - La conduite à tenir lors d'une crise convulsive généralisée

L’équipier secouriste ne peut, à aucun moment, arrêter une crise convulsive qui a débuté ; il ne doit pas contraindre les mouvements de la victime.

Pendant la crise :

  • dégrafer le col ou la cravate de la victime ;​
  • glisser, si possible, un vêtement ou une couverture sous et autour de sa tête pour la protéger ;
  • écarter tout objet qui pourrait être dangereux pour la victime.

Après la crise :

  • réaliser un bilan complet de la victime ;​
  • assurer la liberté des voies aériennes ;
  • réaliser les gestes d’urgence vitale en fonction de l’état de la victime ;
  • demander un avis médical dès que possible ;
  • lorsque la victime redevient consciente, la garder au calme et la rassurer ; 
  • noter l’heure de survenue et la durée de la crise.

C - Cas particulier : la crise convulsive chez le nourrisson

Cette crise est généralement provoquée par la fièvre. Elle s’accompagne d’une révulsion oculaire, d’un tremblement des paupières, d’une pâleur ou d’une cyanose si le nourrisson arrête de respirer.

La conduite à tenir est la même que chez l’adulte. Il faut, en plus, contrôler la température de l’enfant et le refroidir à l’aide de linges humides.

3 - Diabétique qui présente un malaise

Comme l’oxygène, le sucre est essentiel au fonctionnement de l’organisme et, notamment, au cerveau. Il constitue une source d’énergie. L’organisme produit une hormone appelée insuline qui intervient dans le transport et la pénétration du sucre dans les tissus. Le diabète est une maladie au cours de laquelle l’organisme, par manque de production de cette hormone, n’arrive pas à réguler le passage et l’utilisation du sucre qui est transporté par le sang vers les tissus du corps. Les diabétiques doivent surveiller attentivement la quantité de sucre présente dans leur alimentation.

Causes : chez les diabétiques, le malaise par manque de sucre, appelé hypoglycémie, est fréquent et facilité par :

  • une alimentation inadaptée ;​
  • un effort physique intense ;
  • un excès de traitement ;
  • une exposition prolongée au soleil ;
  • la fièvre, etc.

Conséquences : lorsque le taux de sucre diminue, le fonctionnement du cerveau est rapidement altéré et une détresse neurologique s’installe, pouvant aller jusqu’à l’inconscience.

Conduite à tenir :

  •  effectuer un bilan complet de la victime ;​
  • réaliser les gestes de secours d’urgence en fonction de l’état de la victime ; 
  • demander un avis médical.

Cas particulier : dans certains cas, le taux de sucre dans le sang est supérieur à la normale ; l’hyperglycémie peut entraîner un état de « coma ». La conduite à tenir est alors identique à l’hypoglycémie.


4 - Personne qui présente une crise d'asthme

La crise d’asthme est provoquée par la contraction brutale des muscles bronchiques. Cette manifestation aboutit à un rétrécissement des voies aériennes qui rend la respiration difficile.

Causes :

  • allergie ;​
  • infection ;
  • certains médicaments ; 
  • fumée, etc.

Conséquences : la crise d’asthme rend la respiration difficile et crée une détresse respiratoire.

Conduite à tenir :

  • effectuer un bilan complet de la victime ;​
  • réaliser les gestes de secours d’urgence en fonction de l’état de la victime ;
  • installer la victime dans la position où elle se sent le mieux pour respirer (assise ou demi-assise) ;
  • aider la victime à utiliser son aérosol doseur si elle en possède un en respectant les doses prescrites. Ces aérosols sont des médicaments qui entraînent une dilatation des petites bronches et facilitent la respiration ;
  • mettre la victime sous inhalation d’oxygène ;
  • demander un avis médical.

5 - Personne victime d'une réaction allergique 

L’allergie est une réaction inadaptée des défenses immunitaire de l’organisme à une substance étrangère touchée, inhalée ou avalée.

Causes :

  • pollens ;​
  • produits chimiques ; 
  • aliments ;
  • médicaments, etc. 

Conséquences :

  • manifestations respiratoires ;
  • apparition de plaques cutanées ; 
  • troubles digestifs.

Ces manifestations peuvent être graves, avec la survenue :
  • d’une détresse respiratoire par crise d’asthme ou gonflement des voies aériennes ; 
  • d’une détresse circulatoire.

Conduite à tenir :

  • réaliser un bilan complet de la victime ;​
  • réaliser les gestes de secours d’urgence en fonction de l’état de la victime ;
  • si la victime connaît son allergie et possède une seringue auto injectable, l’aider à l’utiliser si elle le demande ;
  • demander un avis médical.

6 - Femme enceinte (accouchement, fausse couche)

A - L'accouchement

L’accouchement est un phénomène naturel qui permet à une femme enceinte d’ex- pulser l’enfant hors de l’utérus au terme de la grossesse. La durée de l’accouchement est variable. Le fœtus (futur enfant) prêt à naître se trouve dans le ventre de la mère à l’intérieur d’un muscle, l’utérus. 

Il baigne dans un liquide naturel (liquide amniotique) et est relié à la mère par l’intermédiaire du cordon ombilical à l’intérieur duquel transitent les vaisseaux nécessaires au développement de l’enfant. Ce dernier est relié à l’utérus par le placenta. L’accouchement se déroule en trois phases : le travail, l’expulsion et la délivrance.

B - Le début du travail

À la fin de la grossesse, l’utérus commence à se contracter de plus en plus régulière- ment et de plus en plus fort. Puis, il commence à s’ouvrir pour laisser passer l’enfant. L’ouverture se traduit par la sortie de glaires sanguinolentes et parfois d’un liquide clair : c’est la perte des eaux.

Conduite à tenir :

- réconforter la mère ;​

- installer la mère dans la position la plus confortable pour elle ; 

- réaliser un bilan complet en précisant :

  • s’il s’agit du premier accouchement,​
  • la date et le lieu prévus de l’accouchement,
  • si la mère a perdu les eaux, depuis quand et leur couleur, 
  • si la grossesse a été normale et suivie par un médecin,
  • les antécédents médicaux de la mère ;
- noter la fréquence des contractions ;
- administrer de l’oxygène ;

- demander rapidement le concours d’une équipe médicale sur les lieux de l’intervention.

C - L'expulsion

Le col de l’utérus s’ouvre de plus en plus sous l’effet des contractions. Le fœtus descend vers le vagin, en général la tête en bas. Le nouveau-né apparaît et sort progressivement du corps de la mère. 

Une fois expulsé, le nouveau-né se met à crier mais est toujours relié à la mère par le cordon ombilical. Le nouveau-né peut alors, après section du cordon ombilical, être pris en charge. L’expulsion peut durer plusieurs minutes.

Conduite à tenir :

  • réduire le nombre de personnes présentes au minimum, mais conserver une​personne que la mère désire voir rester ;
  • installer la future maman confortablement sur un lit en position demi-assise, cuisses fléchies, jambes écartées et la recouvrir d’un champ stérile ;
  • dès que la tête de l’enfant est sortie, dire à la mère de ne plus pousser sauf au moment du passage des épaules et laisser l’expulsion se faire naturellement ;
  • si le cordon ombilical entoure le cou du nouveau-né, le faire glisser, si possible, délicatement par-dessus sa tête ;
  • maintenir l’enfant avec les mains placées sous son corps pendant la sortie ;
  • noter l’heure de la naissance ;
  • une fois expulsé, le nouveau-né se met à crier ;
  • allonger l’enfant sur le ventre de sa mère, au contact direct avec sa peau ;
  • clamper le cordon ombilical à environ 10 cm du nouveau-né en utilisant un clamp prévu à cet effet.

Attention : s’enquérir rapidement de l’arrivée d’une équipe médicale.

  • si l’enfant ne crie pas, rechercher une détresse vitale et pratiquer les gestes qui s’imposent.​

D - La délivrance

Il s’agit de la sortie hors de l’utérus du placenta et du reste du cordon ombilical. Elle survient 20 à 30 minutes après la sortie du nouveau-né. Lors de cette phase, il est rare qu’une aide médicale ne soit pas présente.

Conduite à tenir :

  • rassurer la mère lors des nouvelles contractions ;​
  • surveiller la mère. En cas de saignement abondant ou de signes de détresse circulatoire, réaliser les gestes qui s’imposent.

E - La fausse couche

La fausse couche est la perte d’un embryon ou d’un fœtus avant la 22e semaine de grossesse. La fausse couche fait courir à la femme un risque d’hémorragie grave et de détresse circulatoire.

La femme enceinte victime d’une fausse couche se plaint généralement d’une douleur du ventre accompagnée d’un saignement vaginal inattendu.

Conduite à tenir :

  • allonger la victime dans une position confortable pour elle ;​
  • la couvrir si nécessaire ;
  • lui demander la date du début de sa grossesse et si elle est suivie médicalement ;
  • proposer à la victime de placer entre ses jambes des serviettes ou des pansements absorbants pour assurer une protection ;
  • si la victime présente des signes de détresse circulatoire, réaliser les gestes de secours qui s’imposent ;
  • se mettre en relation avec le médecin régulateur.