Introduction
Quand un ménage emprunte pour acheter un logement ou quand une entreprise obtient un crédit pour financer une machine, la banque ne se contente pas d’utiliser l’épargne d’autres clients. Elle fait apparaître de la monnaie scripturale nouvelle sur le compte de l’emprunteur. Comprendre ce mécanisme suppose de distinguer les différents types de monnaie et de voir comment la Banque centrale européenne (BCE) encadre la création monétaire pour préserver la stabilité.
La monnaie centrale et la monnaie bancaire
On distingue deux types de monnaie complémentaires. La monnaie centrale est créée par la Banque centrale. Pour les ménages et les entreprises, elle correspond aux billets en circulation. Pour les banques commerciales, elle prend surtout la forme de leurs dépôts auprès de la Banque centrale, nécessaires pour régler leurs échanges entre elles et pour respecter leurs obligations de liquidité et de règlement interbancaire.
La monnaie bancaire, ou monnaie scripturale, est créée par les banques commerciales lorsqu’elles accordent des crédits. C’est la forme de monnaie la plus répandue aujourd’hui : elle représente environ 85 à 90 % de la masse monétaire, un ordre de grandeur approximatif dans la zone euro. Quand tu paies par carte ou par virement, tu utilises cette monnaie.
Imaginons une entreprise qui obtient un prêt de 10 000 € pour acheter une machine. Dans son bilan, son actif augmente (un dépôt bancaire de 10 000 €) et son passif aussi (une dette de 10 000 €). Dans celui de la banque, l’actif augmente (créance de 10 000 € sur l’entreprise) et le passif également (dépôt de 10 000 € au nom de l’entreprise). La monnaie scripturale est créée au moment où le crédit est accordé.
À retenir
La monnaie centrale est créée par la Banque centrale, la monnaie scripturale par les banques commerciales. Cette dernière représente l’essentiel de la masse monétaire en circulation.
Les limites et la régulation de la création monétaire
La création monétaire dépend de la demande de crédit : si ménages et entreprises n’ont pas de projets, il n’y a pas de création. Elle est encadrée par la Banque centrale européenne (BCE), qui dispose de trois instruments principaux. Les taux directeurs influencent le coût du crédit bancaire : plus ils sont bas, plus les banques peuvent se refinancer à faible coût et prêter facilement ; plus ils sont élevés, plus les crédits deviennent coûteux. Le taux de réserves obligatoires impose aux banques de conserver une part des dépôts en monnaie centrale. Enfin, les opérations de refinancement permettent à la BCE de prêter de la liquidité aux banques.
Il est vrai que les banques ne prêtent pas directement l’épargne préexistante. Mais elles doivent gérer leur liquidité : si elles créent trop de dépôts, elles doivent se refinancer en monnaie centrale auprès d’autres banques ou de la BCE. Ce lien relie leur activité de crédit à la monnaie centrale et aux dépôts existants.
Quand le prêt est remboursé, la monnaie est détruite. Par exemple, si une entreprise rembourse 2 000 € sur un prêt de 10 000 €, la banque réduit son actif (créance passant de 10 000 à 8 000 €) et son passif (dépôt diminué de 2 000 €). La monnaie créée initialement disparaît : c’est la destruction monétaire.
À retenir
La BCE encadre la création monétaire par ses taux directeurs, les réserves obligatoires et le refinancement des banques. Le remboursement des crédits détruit la monnaie créée.
L’utilité économique de la création monétaire
La création monétaire par le crédit joue un rôle essentiel pour l’économie. Elle permet aux ménages de financer des achats importants comme le logement et aux entreprises d’investir dans de nouveaux équipements.
Ces dépenses stimulent la production, l’emploi et donc la croissance. Sans création monétaire, de nombreux projets ne pourraient pas voir le jour.
À retenir
La création monétaire finance la consommation et l’investissement, et soutient la croissance économique.
Conclusion
Le crédit bancaire est au cœur de la création monétaire : il fait apparaître de la monnaie scripturale lors de l’octroi du prêt et la détruit lors du remboursement. En zone euro, la BCE joue un rôle central : elle fixe les règles qui encadrent cette création et son objectif prioritaire est de garantir la stabilité des prix. C’est ce cadre institutionnel qui permet à la monnaie de remplir ses fonctions et à l’économie de se développer.
