Le récit au XIXe siècle - Français - Seconde

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Déjà bien ancrée dans les genres narratifs du XVIIIe siècle, la relation paradoxale de la fiction et de la réalité s’amplifie au siècle suivant, notamment sous l’influence des romans réalistes et naturalistes.

I Les récits de fiction au XIXe siècle

1 Le renouveau du romanesque

Dans la presse à grand tirage apparaissent les romans-feuilletons, comme Les Mystères de Paris d’Eugène Sue (1842-1843) ou les romans d’aventure de Jules Verne (par exemple, Le Tour du monde en quatre-vingts jours en 1872). Leur publication par épisodes quotidiens pousse l’auteur à multiplier les rebondissements, parfois jusqu’à l’invraisemblance.

Le roman historique, celui de Hugo dans Quatrevingt-Treize (1874) ou de Dumas dans Les Trois Mousquetaires (1844), mélange vérité historique et fiction romanesque, et joue de la dramatisation pour tenir son lecteur en haleine.

2 Le développement du réalisme

Mais, dès 1830, Stendhal se donne pour mission, avec Le Rouge et le Noir, de dévoiler « la vérité, l’âpre vérité ». Dans la même logique, Flaubert s’inspire d’un fait divers pour écrire Madame Bovary (1857). Quant à Balzac, lorsqu’il compose les différents récits de La Comédie humaine (1829-1848), il cherche à représenter l’intégralité de la société. Cette ambition d’écrire au plus près de la réalité explique l’importance prise par la description dans le récit réaliste.

Loin de l’idéalisation et de l’héroïsme romantiques, le réalisme tente de représenter la banalité de l’existence. Aussi certains de ses personnages sont-ils de véritables antihéros, gagnés par l’impuissance comme Frédéric Moreau dans L’Éducation sentimentale de Flaubert (1869).

Plus généralement, le personnage est le moyen privilégié de l’investigation du réel : doté d’une identité complexe, il est un individu à part entière, mais il est aussi conçu en étroite relation avec son milieu social. Il devient un type lorsque, sous la plume de romanciers tels que Balzac, il représente une catégorie sociale.

3 Le naturalisme

Repère
Citation

« Il est indéniable que le roman naturaliste (…) est une expérience véritable que le romancier fait sur l’homme. » (Zola, Le Roman expérimental, 1880)

Radicalisant les principes du réalisme, Émile Zola, auteur du cycle romanesque Les Rougon-­Macquart (1871-1893), est le maître d’œuvre du naturalisme.

Les écrivains naturalistes tirent parti des avancées scientifiques de leur temps : ils travaillent sur les découvertes de la médecine et de la psychologie, comme Maupassant sur la folie (Le Horla, 1887) ou Zola sur les lois de l’hérédité.

Ils fondent leur écriture romanesque sur une exigence d’objectivité qui les conduit à mener de véritables enquêtes préparatoires et à s’intéresser à tous les milieux sociaux.

II Les récits du réel au XIXe siècle

Les genres autobiographiques connaissent un véritable essor au XIXe siècle, portés notamment par des écrivains romantiques tels que Chateaubriand (Mémoires d’outre-tombe, 1849-1850), Stendhal (Vie de Henry Brulard, écrite en 1835-1836) ou George Sand (Histoire de ma vie, 1855).

Les récits de voyage sont encore nombreux, mais ils prennent un tour moins scientifique et plus personnel qu’au siècle précédent, comme dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand (1811).

Le XIXe siècle investit aussi d’autres formes de récit du réel, comme le récit historique (l’Histoire de France de Michelet est publiée entre 1833 et 1841), la biographie littéraire et intellectuelle (telle que la pratique Sainte-Beuve dans ses différents « portraits »), ou le récit journalistique, qui accompagne le développement de la presse (Gautier, Baudelaire, Vallès ou Zola furent ainsi journalistes à leurs heures).