Introduction
Pourquoi une entreprise décide-t-elle de produire une certaine quantité plutôt qu’une autre ? Pourquoi un prix particulier attire-t-il autant de consommateurs et de producteurs ? Ces questions renvoient à la logique fondamentale du marché concurrentiel : les acteurs cherchent à maximiser leur intérêt. Les producteurs veulent accroître leur profit, tandis que les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, c’est-à-dire la satisfaction qu’ils retirent de la consommation d’un bien ou d’un service. L’économie mobilise pour cela trois notions clés : le coût marginal, les surplus et les gains à l’échange. Ces outils montrent que l’équilibre concurrentiel permet en principe une allocation efficace des ressources, mais aussi qu’il connaît des limites.
La logique du producteur : coût marginal croissant, rendements décroissants et offre de marché
Le producteur maximise son profit en comparant ses recettes et ses coûts. Chaque unité supplémentaire a un coût particulier : le coût marginal. Dans la réalité, ce coût augmente généralement avec la production, car la loi des rendements décroissants s’applique : plus on ajoute de travail ou de capital à un facteur fixe (par exemple de nouvelles machines sur une terre agricole limitée), moins la productivité des facteurs supplémentaires est élevée. Ainsi, produire plus coûte de plus en plus cher.
La règle de décision est donc claire : produire tant que le prix de marché est supérieur ou égal au coût marginal, et arrêter au point où prix = coût marginal. Cependant, pour que l’entreprise réalise un profit, il faut aussi que le prix soit supérieur au coût moyen à long terme. Sinon, même si la règle « prix = coût marginal » est respectée, l’entreprise ne couvre pas l’ensemble de ses charges et finit par disparaître du marché.
L’ensemble de ces décisions individuelles explique la courbe d’offre croissante. Plus le prix est élevé, plus de producteurs trouvent rentable d’offrir davantage. L’agrégation de toutes les courbes d’offre individuelles forme l’offre de marché. Un bon exemple est celui de l’électricité : quand les prix sont bas, seules les centrales les moins coûteuses (nucléaire, hydraulique) produisent. Quand le prix monte, il devient rentable de mettre en service des centrales plus chères (gaz, charbon), ce qui illustre la hausse du coût marginal et la forme croissante de la courbe d’offre.
À retenir
Le producteur maximise son profit en produisant tant que le prix est supérieur au coût marginal. La loi des rendements décroissants explique pourquoi le coût marginal augmente avec la production et pourquoi l’offre de marché est croissante.
Les surplus : consommateur, producteur et gains à l’échange
Les consommateurs, en cherchant à maximiser leur utilité, retirent un avantage de l’échange. Celui qui est prêt à payer plus que le prix du marché réalise un surplus du consommateur. Par exemple, si tu es prêt à payer 3 € pour une baguette et que tu l’achètes 1,20 €, ton surplus est de 1,80 €. Les producteurs, de leur côté, réalisent un surplus du producteur lorsqu’ils vendent au-dessus de leur prix minimum de vente. Un boulanger qui aurait accepté de vendre une baguette à 1 € mais qui la vend 1,20 € obtient ainsi un surplus de 0,20 €.
L’addition de tous ces avantages forme les gains à l’échange. Ils représentent la richesse créée par le marché grâce aux échanges volontaires.
Pour rendre cette idée plus concrète, prenons un exemple chiffré simple. Imaginons trois consommateurs prêts à payer respectivement 3 €, 2 € et 1 € pour une baguette. Le prix de marché est de 1,50 €. Le premier obtient un surplus de 1,50 € (3 – 1,50), le deuxième un surplus de 0,50 € (2 – 1,50), et le troisième ne consomme pas car sa disposition à payer est inférieure au prix. Le surplus total des consommateurs est donc de 2 €. Du côté des producteurs, supposons que deux boulangers soient prêts à vendre leur baguette à 1 € et 1,20 €. Comme le prix de marché est de 1,50 €, le premier réalise un surplus de 0,50 € (1,50 – 1), le second de 0,30 € (1,50 – 1,20). Leur surplus total est de 0,80 €. Les gains à l’échange, c’est-à-dire la somme des surplus, atteignent donc 2,80 €.
Cet exemple numérique illustre bien que l’équilibre concurrentiel maximise les gains à l’échange : aucun autre prix n’aurait permis d’atteindre une telle combinaison d’avantages pour consommateurs et producteurs.
À retenir
Les surplus représentent les avantages retirés des échanges par consommateurs et producteurs. Leur somme forme les gains à l’échange, maximisés à l’équilibre concurrentiel.
L’équilibre concurrentiel et l’efficacité allocative
Le prix d’équilibre, issu de la rencontre de l’offre et de la demande, a une propriété essentielle : il assure une allocation efficace des ressources. Cela signifie que la quantité produite correspond exactement à la quantité demandée, et que la somme des surplus (donc les gains à l’échange) est maximale.
Si le prix est trop élevé, des producteurs voudraient vendre mais ne trouvent pas d’acheteurs : des gains à l’échange disparaissent. Si le prix est trop bas, des consommateurs voudraient acheter mais les producteurs ne produisent pas assez : d’autres gains disparaissent. Seul le prix d’équilibre permet d’éviter ces pertes et de maximiser la richesse collective créée par le marché.
À retenir
L’équilibre concurrentiel permet une allocation efficace des ressources : il égalise offre et demande et maximise les gains à l’échange.
Les limites de l’équilibre concurrentiel
En théorie, l’équilibre concurrentiel est efficace. Mais dans la réalité, les marchés connaissent des défaillances. Les externalités en sont une : lorsqu’une usine pollue, elle impose un coût à la société qui n’apparaît pas dans les prix. Les asymétries d’information en sont une autre : sur le marché des voitures d’occasion, l’acheteur ne connaît pas toujours l’état du véhicule, ce qui peut bloquer l’échange. Enfin, certains biens sont des biens collectifs, comme l’éclairage public ou la défense nationale : tout le monde en bénéficie, et personne ne peut en être exclu, ce qui empêche le marché de les financer.
Ces exemples montrent que, malgré son efficacité théorique, le marché ne garantit pas toujours une allocation optimale. C’est dans ces cas que l’État ou d’autres institutions interviennent pour corriger les défaillances.
À retenir
Le marché concurrentiel est efficace en théorie, mais connaît des limites comme les externalités, les asymétries d’information ou les biens collectifs, qui justifient une intervention publique.
Conclusion
La maximisation du profit, fondée sur la règle « prix = coût marginal » et sur la loi des rendements décroissants, explique pourquoi l’offre de marché est croissante et comment les producteurs ajustent leur production. Les consommateurs, en maximisant leur utilité, tirent un surplus en payant moins que leur disposition à payer, tandis que les producteurs profitent d’un surplus en vendant au-dessus de leur prix minimum. La somme de ces surplus constitue les gains à l’échange, maximisés à l’équilibre concurrentiel. Cet équilibre traduit une allocation efficace des ressources, mais cette efficacité connaît des limites. Externalités, asymétries d’information et biens collectifs rappellent que le marché n’est pas toujours capable, seul, de garantir l’intérêt général, ce qui justifie parfois l’intervention publique.
