Le pape et l’empereur, deux figures de pouvoir

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Le 25 décembre 800, dans la basilique Saint-Pierre, à Rome, le roi des Francs, Charlemagne, est couronné empereur par le pape. Cet événement, fondateur de l’histoire européenne, est l’aboutissement d’un processus qui a vu au cours du VIIIe siècle les papes, chefs spirituels de la chrétienté, se rapprocher des souverains francs.

I Une relation ancienne

Les Francs, peuple germanique venu du Rhin, s’installent en Gaule au cours du Ve siècle. Leur roi, Clovis, fondateur de la dynastie des Mérovingiens, reçoit le baptême chrétien vers 498. C’est le début d’une relation étroite entre la monarchie franque et l’Église.

Traditionnellement le protecteur du pape était l’empereur (basileus) byzantin. Mais, au viiie siècle, la faiblesse militaire de celui-ci pousse le souverain pontife Étienne II, menacé par les ­Lombards, à se tourner vers les Francs.

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Le sacre est une cérémonie au cours de laquelle le roi est oint d’une huile censée avoir été apportée par le Saint-Esprit lors du baptême de Clovis. Il symbolise ainsi le pouvoir de droit divin du souverain.

En 754, Pépin III, dit le Bref, fondateur de la dynastie des Carolingiens, intervient en Italie. En échange de son aide, Étienne II sacre personnellement le roi des Francs.

II Charlemagne et la renaissance carolingienne

À la fin du VIIIe siècle, le roi Charlemagne contrôle la plus grande partie de l’Europe occidentale. Son prestige est alors immense. Installé à Aix-la-Chapelle à partir de 794, il fait de son palais un centre de rayonnement culturel réunissant quelques-uns des plus grands lettrés d’Europe.

Célébré pour sa piété, il contribue à réorganiser l’Église franque, notamment en favorisant la création d’écoles pour améliorer la formation du clergé. Son objectif est également politique, de nombreux clercs formant les cadres de ­l’administration royale.

INFO + Trois empires aux IX-Xe siècles

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L’empire carolingien atteint son apogée territorial sous Charlemagne.

L’Empire byzantin parvient à reconquérir l’Asie mineure sur les Arabes, à la fin du Xe siècle.

L’empire arabo-musulman est sur la défensive, tant en Espagne qu’au Levant, au Xe siècle.

III La restauration de l’Empire romain d’Occident

1 La résurgence de l’idée impériale

L’idée d’une restauration de l’Empire romain d’Occident, disparu en 476, apparaît parmi les clercs de l’Église franque. Pour Alcuin notamment, les victoires de Charlemagne face aux « païens » (Saxons, Avars, musulmans d’Espagne) font de ce dernier le protecteur de la chrétienté.

Du reste, pour ces hommes d’Église, il n’y a plus d’empereur légitime à Byzance en raison de l’usurpation du trône par l’impératrice Irène en 797.

2 Le sens du couronnement impérial

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Dès son origine, le christianisme distingue le pouvoir temporel, celui des rois et des empereurs, et le pouvoir spirituel, celui de Dieu, représenté par le pape.

En 799, le pape Léon III, chassé par l’aristocratie romaine, est rétabli sur son trône par Charlemagne. Le pouvoir spirituel apparaît alors étroitement dépendant de l’action du pouvoir temporel.

Pourtant, lors de la cérémonie du 25 décembre 800 qui fait de Charlemagne le nouvel empereur d’Occident, c’est Léon III qui couronne le souverain franc, rappelant symboliquement la primauté du spirituel.