Le financement des ménages et des entreprises

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Dans cette leçon, tu vas apprendre comment les ménages choisissent entre consommer ou épargner et comment les entreprises financent leurs investissements grâce à l’autofinancement, au crédit bancaire ou aux marchés financiers. Tu verras aussi le rôle décisif du taux d’intérêt et des politiques publiques dans ces arbitrages. Mots-clés : financement des ménages, financement des entreprises, épargne, excédent brut d’exploitation, crédit bancaire, taux d’intérêt.

Introduction

À la fin du mois, un ménage doit décider comment utiliser son revenu : dépenser pour satisfaire ses besoins immédiats ou mettre de côté pour des projets futurs. De la même manière, une entreprise choisit entre investir avec ses ressources internes ou recourir à des financements externes. Ces arbitrages déterminent si les agents économiques sont en besoin de financement ou en capacité de financement.

Le taux d’intérêt joue un rôle central dans ces choix : il est à la fois la rémunération de l’épargne et le coût de l’emprunt. L’État, par ses politiques fiscales ou ses subventions, influence également ces décisions. Comprendre ces mécanismes permet de saisir comment s’organisent le financement des ménages et celui des entreprises, indispensables à la croissance de l’économie.

Le financement des ménages : consommation, épargne et arbitrage intertemporel

Le revenu disponible brut d’un ménage correspond à ce qui reste après impôts et cotisations sociales, augmenté des prestations sociales. Ce revenu peut être consommé immédiatement ou épargné. La consommation permet de satisfaire des besoins présents (logement, alimentation, loisirs), tandis que l’épargne reporte une partie de la consommation dans le temps : on parle d’arbitrage intertemporel, car le ménage choisit entre consommer aujourd’hui ou demain.

L’épargne peut être financière, lorsqu’elle est placée sur un livret A, une assurance-vie, des actions ou des obligations, ou non financière, comme l’achat d’un logement. Si un ménage dépense plus qu’il ne gagne, il doit emprunter : par exemple, un crédit immobilier permet d’acheter une maison en contrepartie d’intérêts versés à la banque. Au contraire, un ménage qui épargne dégage une capacité de financement et contribue ainsi directement au financement de l’économie. En effet, en achetant des actions ou des obligations, les ménages deviennent aussi investisseurs et participent au financement des entreprises.

Le taux d’intérêt influence fortement ces choix : un taux élevé incite à épargner plutôt qu’à consommer, tandis qu’un taux bas favorise l’emprunt. L’État peut également orienter les comportements : le taux réglementé du livret A ou les avantages fiscaux de l’assurance-vie encouragent l’épargne, tandis que les aides ou déductions fiscales sur les crédits immobiliers soutiennent l’investissement des ménages.

À retenir

Les ménages arbitrent entre consommation présente et future : c’est l’arbitrage intertemporel. Par leur épargne financière, ils participent aussi au financement des entreprises.

Le financement des entreprises : EBE, autofinancement et recours externe

Pour les entreprises, la ressource interne essentielle est l’excédent brut d’exploitation (EBE). L’EBE ne correspond pas à une simple « marge », mais à l’excédent dégagé par la valeur ajoutée après paiement des rémunérations des salariés, des cotisations sociales et des impôts sur la production, nets des subventions reçues. On peut l’exprimer de manière simplifiée ainsi :

Valeur ajoutée – (rémunérations des salariés + cotisations sociales + impôts sur la production – subventions) = EBE

Prenons un exemple : une entreprise réalise 1 000 000 € de valeur ajoutée. Elle paie 600 000 € de salaires, 100 000 € de cotisations sociales et 50 000 € d’impôts sur la production, tout en recevant 10 000 € de subventions. L’EBE est donc de 260 000 € (1 000 000 – 600 000 – 100 000 – 50 000 + 10 000). Cet excédent constitue une ressource interne qui peut servir à financer des investissements : c’est l’autofinancement.

Lorsque l’EBE est insuffisant, l’entreprise doit recourir à des financements externes. Elle peut choisir le financement intermédié en demandant un crédit bancaire. La banque crée alors de la monnaie scripturale et l’entreprise paie des intérêts, dont le niveau conditionne la rentabilité des projets : plus le taux d’intérêt est élevé, plus certains investissements sont abandonnés car jugés trop coûteux. Elle peut aussi opter pour le financement direct en émettant des actions ou des obligations. L’émission d’actions permet de lever des fonds sans s’endetter, mais elle dilue la propriété et donc le pouvoir de décision des actionnaires existants. L’émission d’obligations, au contraire, accroît l’endettement de l’entreprise mais laisse inchangée la structure de propriété. Dans les deux cas, les ménages peuvent être directement concernés, en tant qu’acheteurs de ces titres financiers.

À retenir

L’EBE est la ressource interne issue de la valeur ajoutée, base de l’autofinancement. Quand il ne suffit pas, l’entreprise se tourne vers le financement intermédié (crédit bancaire) ou direct (actions, obligations), chacun ayant des implications différentes.

Conclusion

Le financement des ménages et des entreprises repose sur une logique commune : arbitrer entre ressources disponibles et projets à réaliser. Les ménages décident entre consommation et épargne, orientés par le taux d’intérêt et par les incitations publiques. Par leur épargne financière, ils participent aussi directement au financement des entreprises en devenant actionnaires ou créanciers. Les entreprises, de leur côté, s’appuient sur l’EBE pour s’autofinancer, mais complètent souvent par des crédits bancaires ou des émissions de titres financiers.

Dans tous les cas, le taux d’intérêt agit comme un signal qui oriente l’épargne, l’emprunt et l’investissement. Ces mécanismes assurent la circulation des ressources dans l’économie et sont indispensables à la croissance et au bon fonctionnement du système économique.