Introduction
Chaque année, l’État établit son budget en comparant ses recettes et ses dépenses. Lorsque les recettes sont inférieures, il apparaît un déficit financé par l’emprunt. Mais en comptabilité nationale, le terme déficit public désigne le solde négatif de l’ensemble des administrations publiques : l’État central, les collectivités locales et la Sécurité sociale.
L’accumulation des déficits contribue à la dette publique, dont le poids dépend à la fois de la croissance économique et du niveau des taux d’intérêt. Comprendre le financement de l’État suppose aussi de l’inscrire dans le financement global de l’économie, où interviennent les ménages, les entreprises, les banques et le reste du monde.
Le solde budgétaire et la dette publique
Le solde budgétaire correspond à la différence entre recettes et dépenses. Les recettes de l’État proviennent surtout des impôts (impôts directs comme l’impôt sur le revenu, ou indirects comme la TVA) mais aussi de recettes non fiscales (revenus du patrimoine de l’État, dividendes d’entreprises publiques). Les cotisations sociales, quant à elles, financent directement la Sécurité sociale et non le budget de l’État.
Quand les dépenses dépassent les recettes, on parle de déficit. Au niveau de toutes les administrations publiques, il s’agit du déficit public. Celui-ci est financé par l’emprunt, principalement via l’émission d’obligations : des titres de dette que des investisseurs (banques, ménages, fonds étrangers) achètent en échange d’un remboursement futur avec intérêts.
La dette publique est l’accumulation de ces emprunts. Sa soutenabilité désigne la capacité à la maintenir sous contrôle dans le temps : une dette est soutenable si l’économie croît plus vite que son coût de financement. Pour évaluer ce coût, il faut distinguer le taux d’intérêt nominal (celui inscrit sur les contrats) et le taux d’intérêt réel (corrigé de l’inflation). Si l’inflation est forte, un taux nominal de 3 % peut correspondre à un taux réel proche de 0 %, ce qui réduit le poids effectif de la dette.
À retenir
Le déficit public est financé par l’emprunt, ce qui alimente la dette. Sa soutenabilité dépend de la croissance et du niveau des taux d’intérêt réels.
Les effets d’une politique de dépenses publiques
En augmentant ses dépenses, l’État peut stimuler l’économie par l’effet multiplicateur. Si l’État investit 1 milliard d’euros dans la rénovation d’écoles, cela crée du travail pour les entreprises, des salaires pour les ouvriers, et donc une hausse de la consommation. Le PIB peut ainsi croître de plus d’un milliard, selon la propension à consommer (la part du revenu supplémentaire consacrée à la consommation). Si une partie importante est épargnée, importée ou prélevée par l’impôt, l’effet est réduit.
Mais l’augmentation des dépenses peut aussi provoquer un effet d’éviction. Sur le plan financier, l’État qui emprunte davantage augmente la demande de capitaux, ce qui peut faire monter les taux d’intérêt et rendre les crédits plus chers pour les entreprises. Un projet rentable à 5 % n’est plus réalisé si le taux du crédit passe de 3 % à 6 %. On parle alors d’éviction par les taux. Il existe aussi une éviction réelle : si l’économie est proche du plein emploi, une hausse de la demande publique accapare des ressources rares (main-d’œuvre qualifiée, machines), ce qui limite la capacité d’investissement du secteur privé.
À retenir
Les dépenses publiques peuvent stimuler l’activité par l’effet multiplicateur, mais elles risquent aussi d’évincer les investissements privés, selon le niveau des taux et la disponibilité des ressources.
Le rôle de la Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne (BCE) influence le financement de l’économie. Elle fixe ses taux directeurs, qui déterminent le coût du crédit à court terme pour les banques. Quand ces taux sont bas, les crédits accordés aux ménages, entreprises et États sont moins chers. Quand ils sont relevés, le crédit devient plus coûteux, ce qui freine la demande.
La BCE peut aussi agir directement sur les marchés par des opérations de rachat de titres. Par exemple, en période de crise, elle a acheté massivement des obligations d’État (politique de quantitative easing) pour maintenir les taux d’intérêt à long terme à un niveau bas et éviter que les États n’aient trop de mal à financer leurs déficits.
À retenir
La BCE agit à court terme avec ses taux directeurs et peut aussi influencer les taux à long terme en rachetant des titres pour stabiliser les conditions de financement.
L’État et le financement global de l’économie
Le financement public s’inscrit dans le financement global. Les ménages participent en plaçant leur épargne dans des livrets ou en achetant des actions et des obligations. Les entreprises dégagent des ressources internes grâce à l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui est un indicateur de leur capacité d’autofinancement : il mesure la richesse issue de la valeur ajoutée avant amortissements et charges financières. Ce n’est pas une somme immédiatement disponible, mais il reflète ce que l’entreprise peut consacrer à ses investissements. Les banques créent de la monnaie scripturale en accordant des crédits, et la BCE fournit la monnaie centrale qui encadre ce processus. Enfin, le reste du monde intervient en achetant des titres publics ou privés et en investissant dans l’économie nationale.
À retenir
Le financement de l’État fait partie du financement global de l’économie, où interviennent ménages, entreprises, banques et acteurs étrangers.
Conclusion
Le financement de l’État repose sur un arbitrage : couvrir ses dépenses par ses recettes ou recourir à l’emprunt en cas de déficit. Ce choix influence la croissance, mais aussi la dette publique dont la soutenabilité dépend de la croissance et des taux réels. Les dépenses publiques peuvent relancer l’activité mais aussi évincer des investissements privés, selon le contexte économique.
Le rôle de la BCE est crucial pour stabiliser les taux et faciliter le financement public. En réalité, le financement de l’État est une composante du financement global de l’économie : il interagit avec les choix d’épargne des ménages, les investissements des entreprises, les crédits bancaires et les capitaux internationaux. L’équilibre budgétaire reste ainsi un arbitrage permanent entre stimuler l’activité et préserver la soutenabilité de la dette.
