La transmission des crises financières à l'économie réelle

icône de pdf
Signaler

Les crises financières s’accompagnent souvent d’une récession plus ou moins longue. Cette transmission de la crise financière à l’économie réelle s’opère par deux canaux principaux : la restriction de l’accès au crédit et la dépréciation des actifs.

I) La transmission par le canal du crédit

1)  La baisse de l’offre de crédit

L’économie réelle se distingue de l’économie ­financière. Elle recouvre la production, les investissements, l’emploi, etc. Elle est financée par le système financier comprenant les institutions financières et le marché financier.

Mot-clé

L’économie financière désigne tout ce qui touche au financement de l’économie : monnaie, marchés financiers dont la Bourse, institutions bancaires et financières.

Lorsqu’une crise financière survient, les banques connaissent des diffi­cultés pour acquérir des liquidités et consentent plus difficilement des prêts aux ­entreprises et aux ménages. Cette crise de confiance entre créanciers et débiteurs a pour effet une hausse des taux d’intérêt.

2 ) La baisse de l’activité économique

La contraction du crédit touche d’abord les petites et moyennes entreprises ; certaines d’entre elles doivent cesser leur activité. La hausse des taux d’intérêt limite également l’investissement des entreprises.

La contraction du crédit concerne également les ménages qui, empruntant plus difficilement, réduisent leur consommation. Il en résulte un ralentissement de la croissance économique (récession), voire une baisse de la production (­dépression).

II) La transmission par le canal de la dépréciation des actifs

1)  Un effet de richesse négatif

La richesse d’un ménage est constituée de ses revenus mais également de la valeur de son patrimoine financier (actions, obligations, titres financiers) ou non financier (immobilier). Dès lors, toute variation de la valeur du ­patrimoine a des effets de richesse. Cet effet est positif si la valeur du patrimoine augmente, négatif si elle diminue.

Lors de la crise des subprimes, l’immobilier représente le collatéral des crédits accordés aux ménages. Le non-remboursement des crédits par les ménages pauvres entraîne des « ventes forcées » immobilières ainsi que la baisse du prix du collatéral. Cette baisse s’ajoute à la chute des cours boursiers. Dès lors, la richesse réelle des ménages diminue.

Mot-clé

Le collatéral est un actif remis en garantie par l’emprunteur lorsqu’un crédit lui est accordé. Pour les crédits subprimes, le logement constitue le collatéral du crédit.

2 ) La baisse de la consommation et les difficultés de financement

La hausse de l’épargne, provoquée par un effet de richesse négatif, diminue la consommation des ménages. De plus, ceux-ci rencontrent plus de difficultés pour emprunter car leur capacité d’endettement dépend de la valeur de leur ­patrimoine, particulièrement aux États-Unis et au Royaume-Uni.

La baisse du cours des actions rend plus difficile le financement des entreprises par l’émission d’actions. Les investisseurs ne sont pas encouragés à acquérir de nouveaux titres dans un contexte de crise boursière.

La baisse de la consommation et les difficultés de financement ont des effets négatifs sur la production, ce qui génère une baisse du PIB.

Zoom

Les effets de la crise financière de 2008 sur la croissance

1163948d-0b75-4966-be62-1cc334820b11

Source : Eurostat et Jean-Charles Bricongne, Jean-Marc Fournier, Vincent Lapègue et Olivier Monso, « De la crise financière à la crise économique. L’impact des perturbations financières de 2007 et 2008 sur la croissance de sept pays industrialisés », Économie et statistique n° 438-440, 2010.

La crise des subprimes débute dès l’été 2007. Son effet sur l’économie réelle est quasi immédiat puisqu’en 2008, la croissance de la zone euro ralentit à 0,4 %, contre 3 % en 2007. La croissance devient négative en 2009.

Le ralentissement de la croissance s’explique en partie par un effet de richesse négatif lié à la crise financière, qui contracte la demande. Cet effet a fait baisser la croissance de la zone euro de 0,3 point en 2008.