La socialisation n’est pas un simple conditionnement

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Si le processus de socialisation débute au sein des familles, il se poursuit tout au long de la vie, permettant à l’individu d’agir sur ce qui lui est transmis. Cette socialisation plurielle peut expliquer des parcours individuels de réussite ou d’échec statistiquement improbables.

I La socialisation plurielle

1 L’individu incorpore des modèles d’action différents

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Les dispositions sont les manières de faire, de voir, de sentir, les inclinations à croire ou à agir intériorisées et mobilisées par un individu dans un contexte social.

Dans chacune des instances de socialisation, l’individu intègre des dispositions qui sont ou non utilisables dans un autre contexte social. Par exemple, l’acquisition de « l’effort et du dépassement de soi » dans un environnement sportif peut être à nouveau mobilisée ou non par l’individu à l’école ou dans un univers professionnel. Ainsi, chaque individu est porteur d’une pluralité de dispositions qui vont être, selon les contextes et les moments, mis en œuvre ou mis en veille.

Cette pluralité des dispositions fait de l’individu un « homme pluriel », c’est-à-dire façonné par la multiplicité des expériences socialisatrices, qui peuvent agir de manières différentes, voire contradictoires selon l’instance de socialisation (école, famille, groupe de pairs…) et le domaine concerné (culture, politique, rapport aux autres…).

2 L’individu est un être réflexif

Ce qui est vécu et intériorisé durant la socialisation primaire est la base à partir de laquelle est interprété et donc intériorisé ce qui intervient dans la socialisation secondaire.

La socialisation n’est pas un processus automatique, plusieurs conditions sociales doivent être réunies pour qu’elle ait un effet. Pour que le capital culturel soit transmis, il faut que celui qui le détienne ait une légitimité à transmettre, qu’il soit présent régulièrement auprès de l’individu socialisé. Par exemple, il ne suffit pas d’avoir une bibliothèque bien fournie à la maison pour pratiquer la lecture.

II Trajectoires improbables et situations ­paradoxales

1 Le cas des transfuges de classe…

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Le groupe de référence est le groupe auquel l’individu s’identifie. Il peut être différent de son groupe d’appartenance (groupe auquel l’individu appartient en fonction de ses caractéristiques sociales objectives (âge, sexe, position sociale).

On parle de transfuge de classe lorsqu’un individu change de position sociale à l’âge adulte par rapport à ses parents. C’est le cas d’un fils d’ouvrier qui deviendrait chef d’entreprise. Dans cette situation, certains individus tentent parfois d’anticiper leur futur statut lors de la socialisation primaire en adoptant les règles de comportement du groupe social qu’ils souhaitent intégrer et qui devient à leurs yeux le groupe de référence. On parle alors de socialisation anticipatrice.

La persistance des produits de la socialisation du groupe social d’origine se traduit souvent par un sentiment de gêne ou de culpabilité pour les individus qui, dans certains cas, peut freiner les transformations ultérieures et, dans d’autres cas, obliger l’individu à réaliser un travail de mise en cohérence entre des prises de position souvent contradictoires.

2 … et celui des échecs improbables

On parle d’échec improbable dans le cas d’un individu qui connaît un déclassement social, c’est-à-dire qui occupe une position sociale inférieure à celle de ses parents. C’est le cas d’un enfant de cadres qui deviendrait employé.