Introduction
Pourquoi certains adolescents envisagent-ils des études longues tandis que d’autres se projettent vers un emploi rapide ? Pourquoi les goûts musicaux, les choix de loisirs ou les aspirations professionnelles varient-ils d’un individu à l’autre ? Ces différences s’expliquent par la socialisation, c’est-à-dire le processus par lequel les individus intériorisent durablement des valeurs (principes collectifs qui orientent les comportements), des normes (règles de conduite conformes à ces valeurs) et des rôles sociaux (attentes liées à une position dans la société). Par exemple, la valeur de solidarité peut se traduire par la norme « aider un camarade en difficulté ».
Ce processus, qui commence dès l’enfance et se poursuit tout au long de la vie, dépend des contextes sociaux et contribue à la construction des identités sociales.
La socialisation primaire et secondaire
La socialisation primaire se déroule principalement durant l’enfance. La famille y joue un rôle central en transmettant des habitudes de vie, des croyances ou des manières de se comporter. L’école complète cette socialisation en transmettant à la fois des savoirs et des valeurs collectives (la citoyenneté, l’égalité, le respect des règles). Ces apprentissages précoces sont particulièrement structurants car ils constituent les premières bases de l’identité sociale.
La socialisation secondaire prend le relais à partir de l’adolescence et se poursuit à l’âge adulte. Elle intervient dans de nouveaux cadres : les groupes de pairs au lycée, les médias et réseaux sociaux, mais aussi la vie professionnelle, la conjugalité ou l’engagement associatif et politique. Elle permet aux individus d’acquérir de nouveaux rôles et de s’adapter à des environnements différents. Par exemple, un adolescent peut intérioriser auprès de ses amis des pratiques culturelles (musique, jeux vidéo) qui ne sont pas valorisées par sa famille.
À retenir
La socialisation primaire, ancrée dans l’enfance, forge les bases de l’identité. La socialisation secondaire, qui débute dès l’adolescence, accompagne l’adaptation à de nouveaux rôles sociaux.
La pluralité des instances de socialisation et leurs interactions
La socialisation résulte toujours d’une pluralité d’instances. On distingue les instances primaires (famille, école, premières expériences de socialisation) et les instances secondaires (pairs, médias, travail, associations, institutions politiques ou religieuses). Leurs influences peuvent converger ou, au contraire, entrer en contradiction.
Ainsi, un individu peut être socialisé dans une famille où la religion est valorisée, tout en fréquentant un groupe d’amis qui privilégie une vision laïque et sécularisée de la société. De telles tensions peuvent conduire à des parcours inattendus par rapport à ce qui est fréquent dans leur milieu, par exemple un élève issu d’un milieu populaire qui, encouragé par ses enseignants, poursuit des études longues alors que cela n’était pas courant dans sa famille.
Les institutions jouent un rôle déterminant. L’école, par exemple, transmet non seulement des connaissances mais aussi des valeurs citoyennes comme la laïcité et le respect des droits. Les pairs, eux, participent fortement à la construction des goûts culturels et aux choix de consommation, parfois en contradiction avec les normes familiales.
À retenir
Les individus sont socialisés par une pluralité d’instances primaires et secondaires, dont les influences peuvent être complémentaires ou contradictoires.
La socialisation et la construction des identités sociales
La socialisation ne se limite pas à l’apprentissage de comportements : elle participe à la construction des identités sociales. Elle façonne l’identité de genre, en transmettant des rôles différenciés pour les filles et les garçons dès l’enfance.
Elle influence aussi l’identité liée au milieu social : les enfants de cadres sont plus enclins à envisager des études longues, tandis que les enfants d’ouvriers anticipent souvent une entrée plus rapide sur le marché du travail. Enfin, elle varie selon l’âge : l’adolescence est un moment de redéfinition identitaire marqué par le poids du groupe de pairs, alors que la vie adulte implique l’intégration de nouveaux rôles (parent, salarié, citoyen).
À retenir
La socialisation construit l’identité des individus selon leur sexe, leur milieu social et leur âge, expliquant la diversité des comportements et aspirations.
Conclusion
La socialisation est un processus durable d’intériorisation de valeurs, de normes et de rôles sociaux. Elle commence avec la socialisation primaire, se poursuit avec la socialisation secondaire, et résulte de l’action de multiples instances qui peuvent être complémentaires ou contradictoires. Ce processus est central dans la construction des identités sociales, en expliquant pourquoi les comportements, les préférences et les aspirations diffèrent selon le sexe, le milieu social ou l’âge. Comprendre la socialisation, c’est comprendre comment les sociétés produisent et reproduisent la diversité des parcours et des identités.
