La mesure de la délinquance

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Différents outils permettent de mesurer la délinquance et son évolution. Pour pallier les limites des statistiques officielles, d’autres dispositifs ont progressivement été mis en place, comme les enquêtes de victimation ou de délinquance autodéclarée.

I Les statistiques officielles

1 Les sources et les modes de comptabilisation

Les statistiques judiciaires constituent la première source et la plus ancienne. Elles sont réalisées par le Compte général de l’administration de la justice criminelle et sont composées des condamnations prononcées et des personnes emprisonnées.

La seconde source est l’ensemble des statistiques policières communiquées par le ministère de l’Intérieur et l’Observatoire de la délinquance, à partir des plaintes enregistrées et des interpellations réalisées. Elles sont devenues la principale source de mesure de la délinquance.

2 Leurs limites

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Il y a une différence entre la délinquance observée, c’est-à-dire mesurée par les statistiques officielles, et la délinquance réelle, qui s’est effectivement produite. Cette différence est désignée par ce que l’on appelle le « chiffre noir de la délinquance ».

Ces outils mesurent la délinquance observée et non réelle. En effet, toutes les infractions ne donnent pas lieu à une plainte. Par exemple, si le nombre de plaintes pour agression sexuelle a fortement augmenté depuis l’affaire Weinstein et le mouvement « Me too », c’est parce que les personnes victimes de ces violences ont davantage porté plainte.

Les statistiques policières sont par ailleurs très sensibles à l’évolution de la législation. Par exemple, les lois adoptées depuis 2010 en matière de fraude fiscale ont mécaniquement fait augmenter le nombre de délinquants fiscaux.

Enfin, les statistiques sont sensibles à l’intensité de l’activité policière : le nombre de faits constatés et d’interpellations est d’autant plus important que l’activité policière est zélée.

II D’autres mesures de la délinquance

1 Les enquêtes de victimation

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Les enquêtes de ­victimation consistent à demander aux enquêtés s’ils ont été victimes d’actes délinquants dans une période donnée, de quel type d’acte et de combien d’actes. Les témoignages permettent de reconstruire le niveau de délinquance subie.

Pour pallier les limites des statistiques officielles, dues au fait que certaines victimes hésitent à porter plainte, plusieurs outils ont été construits. Ce sont tout d’abord les enquêtes de victimation, qui consistent à interroger les individus sur les infractions dont ils se sentent victimes.

Ces enquêtes mettent en évidence les infractions sous-représentées dans les statistiques officielles, telles que les agressions sexuelles. Elles mettent aussi en lumière ce qui est lié à l’activité policière et ce qui relève de pratiques délinquantes.

Cependant, elles ne reflètent pas l’étendue des activités délinquantes : elles sont sujettes aux rétentions d’information ou aux difficultés de qualification des actes par la victime et ne sont utilisables que pour les infractions pour lesquelles il y a une victime.

2 La délinquance autodéclarée

Cet outil consiste à interroger les membres d’un échantillon sur les actes ­délinquants qu’ils ont commis. Il est utilisé par exemple dans le cas de la délinquance juvénile.

Il a aussi des limites, car il suppose une relation de confiance entre ­l’enquêté-délinquant et l’enquêteur. Or celle-ci est difficile à mettre en place au travers d’un simple questionnaire.

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Une enquête de victimation sur les cambriolages

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Cette enquête de victimation portant sur la période 2015-2017 montre qu’une partie des cambriolages ne fait pas l’objet d’un dépôt de plainte.

Sur la période considérée, 20 % des ménages victimes de cambriolage ne se sont pas déplacés au commissariat ou à la gendarmerie. Il y a bien un écart entre la délinquance observée et la délinquance réelle.