La guerre selon le modèle de Clausewitz

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Le Prussien Carl von Clausewitz est considéré comme le grand théoricien de la guerre moderne. Ses réflexions s’avèrent souvent pertinentes au regard des conflits qui déchirent l’Europe, de la guerre de Sept Ans (1756-1763) aux guerres napoléoniennes (1793-1815).

I) La théorie militaire de Clausewitz

1)  Clausewitz, homme d’action et intellectuel

Carl von Clausewitz (1780-1831) participe en tant qu’officier prussien aux guerres contre la France révolutionnaire (1792-1794) et impériale (1806-1814). Il combat notamment la Grande Armée lors de la bataille de Waterloo (1815).

Parallèlement, il enseigne à l’École générale de guerre de Berlin à partir de 1810. Il en devient directeur à partir de 1818, poste qu’il occupe jusqu’en 1830. Il élabore alors une théorie militaire qu’il développe dans son traité De la guerre, publié à titre posthume à partir de 1832.

2 ) Un théoricien de la guerre moderne

Selon Clausewitz, « la guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens » (livre I) : il estime que la guerre n’est qu’un moyen, parmi d’autres, du politique pour atteindre ses objectifs.

Il assimile la guerre à un duel entre États qui mobilisent leurs moyens militaires pour soumettre leurs adversaires à leur volonté, voire les anéantir : d’où l’enjeu crucial de la bataille décisive, « centre de gravité de la guerre ».

Il souligne la singularité de chaque guerre, qui combine trois principes : le principe politique, le principe militaire et le principe populaire. Il constate que les guerres révolutionnaires ont accru l’importance de ce dernier.

II) La théorie à l’épreuve des conflits modernes

1)  La guerre de Sept Ans (1756-1763)

Ce conflit européen, auquel le père de Clausewitz a participé, oppose ­l’Angleterre et la Prusse d’une part, à la France, l’Autriche et leurs alliés (Russie, Suède, Espagne, princes allemands) de l’autre.

Les enjeux sont bien politiques : l’Autriche veut reprendre la Silésie, perdue lors de la guerre de Succession d’Autriche, à la Prusse ; la France et l’Angleterre rivalisent pour étendre leurs empires coloniaux.

Cette guerre oppose des États qui sont les grandes puissances militaires du XVIIIe siècle. Elle est ponctuée de batailles décisives comme celle de Rossbach (1757) remportée par l’armée prussienne sur l’armée française, considérée jusque-là comme la première d’Europe.

À noter

La guerre de Sept Ans marque le recul de la puissance française en Europe et outre-mer.

2)  Les coalitions contre la France révolutionnaire et impériale (1793‑1815)

De 1793 à 1815, durant la Révolution puis l’Empire, la France fait face à sept coalitions européennes successives. Les enjeux en sont idéologiques (lutter contre les principes révolutionnaires pour éviter la « contagion révolutionnaire ») et politiques (renverser la domination française pour rétablir un équilibre européen).

Il s’agit bien d’une confrontation entre États : la France affronte quasiment seule de nombreux États coalisés (en particulier l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie). La bataille d’Austerlitz (1805) permet à Napoléon Ier de consolider sa domination sur l’Europe.

La mobilisation populaire souligne la singularité française : le système de la conscription (1798) permet la constitution d’une véritable armée nationale.

Mot-clé

Selon le système de la conscription institué par la loi Jourdan (1798), tous les Français âgés de 20 à 25 ans peuvent être mobilisés.