La banque centrale et la régulation de la création monétaire

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Dans cette leçon, tu vas comprendre comment la Banque centrale européenne encadre la création monétaire et pilote le taux d’intérêt à court terme pour influencer la consommation, l’investissement et les prix. Tu découvriras ses instruments conventionnels comme les taux directeurs et ses mesures exceptionnelles comme le quantitative easing. Mots-clés : Banque centrale européenne, création monétaire, taux directeurs, politique monétaire, inflation, quantitative easing.

Introduction

Quand une banque accorde un crédit, elle crée de la monnaie scripturale. Mais cette création n’est pas illimitée : elle est encadrée par la Banque centrale, qui fixe les conditions dans lesquelles les banques peuvent se refinancer. Dans la zone euro, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui exerce ce rôle. En pilotant le taux d’intérêt à court terme sur le marché monétaire, elle influence le coût du crédit, la consommation, l’investissement et l’évolution des prix.

La monnaie centrale et la monnaie scripturale

On distingue deux types de monnaie complémentaires. La monnaie centrale, créée par la BCE, est composée des billets en circulation et des réserves des banques commerciales déposées auprès de la Banque centrale. Les banques en ont besoin pour régler leurs échanges entre elles et pour respecter les réserves obligatoires imposées par la BCE.

La monnaie scripturale est créée par les banques commerciales lorsqu’elles accordent des crédits. Elle représente la grande majorité de la masse monétaire (environ 85 à 90 % dans la zone euro, un ordre de grandeur approximatif). Quand une banque accorde un prêt, elle crédite le compte de l’emprunteur et crée de la monnaie nouvelle. Cette création peut être démultipliée : quand un crédit est accordé et utilisé, l’argent se retrouve sur le compte d’un autre agent, qui peut lui-même le dépenser ou l’épargner, permettant d’autres crédits. On parle de multiplicateur de crédit. Mais ce mécanisme est limité par la demande de prêts et par les règles fixées par la BCE.

À retenir

La monnaie centrale (billets + réserves des banques auprès de la BCE) encadre la monnaie scripturale, créée par les crédits bancaires. La création monétaire peut être multipliée par le jeu des crédits/dépôts, mais reste limitée par la demande de crédit et la régulation de la BCE.

Le pilotage du taux d’intérêt à court terme

Le marché monétaire est l’espace où les banques se prêtent de la monnaie centrale à très court terme. En fixant ses taux directeurs, la BCE influence directement ce marché. Si elle baisse ses taux, les banques peuvent se refinancer à moindre coût et prêter davantage à des taux bas. Si elle les relève, le crédit devient plus cher, ce qui ralentit la création monétaire.

En 2022-2023, la BCE a relevé fortement ses taux pour freiner l’inflation. Les crédits immobiliers sont devenus plus coûteux, ce qui a réduit la demande de logements. À l’inverse, après la crise financière de 2008 et lors de la pandémie de Covid-19 en 2020, la BCE a baissé ses taux pour soutenir la consommation et l’investissement.

À retenir

En agissant sur ses taux directeurs, la BCE influence le coût du crédit à court terme, et donc les décisions de consommation et d’investissement des ménages et des entreprises.

Les effets sur les prix et l’activité économique

Une baisse des taux stimule la consommation et l’investissement : les ménages empruntent plus facilement, les entreprises investissent davantage et l’activité économique s’accélère. Mais si la demande dépasse l’offre, les prix peuvent augmenter trop vite : c’est l’inflation.

Une hausse des taux rend le crédit plus cher, ce qui limite la demande et ralentit l’économie. Cela contribue à stabiliser les prix, mais peut aussi réduire la croissance et l’emploi si la politique est trop restrictive.

La BCE a pour mission prioritaire de maintenir la stabilité des prix, mais elle prend aussi en compte, de manière secondaire, la croissance et l’emploi, afin de soutenir l’activité sans compromettre sa mission principale.

À retenir

La BCE cherche avant tout à stabiliser les prix, mais elle prend aussi en considération la croissance et l’emploi.

Les instruments conventionnels et non conventionnels

La BCE utilise ses instruments conventionnels : les taux directeurs, les réserves obligatoires et les opérations de refinancement. Dans la pratique, ce sont surtout les taux directeurs qui jouent un rôle décisif aujourd’hui. Les réserves obligatoires, bien que peu élevées, restent un outil officiel qui oblige les banques à garder une fraction des dépôts en monnaie centrale.

En période de crise, la BCE a aussi recours à des mesures non conventionnelles. Le quantitative easing consiste à racheter massivement des obligations d’État ou d’entreprises afin de mettre davantage de monnaie à disposition des banques et donc des ménages et entreprises. Elle a aussi expérimenté des taux négatifs (entre 2014 et 2022) pour inciter les banques à prêter plutôt que de conserver des liquidités inactives auprès de la BCE.

À retenir

Les taux directeurs sont l’outil principal de la BCE. Mais en cas de crise, elle peut recourir à des mesures non conventionnelles comme le rachat d’actifs ou les taux négatifs.

Conclusion

La Banque centrale européenne encadre la création monétaire grâce à la monnaie centrale et à ses instruments de politique monétaire. En pilotant les taux d’intérêt à court terme, elle influence le coût du crédit, et donc la consommation, l’investissement et l’évolution des prix. Sa mission première est d’assurer la stabilité des prix, mais elle cherche aussi, de façon secondaire, à soutenir la croissance et l’emploi. Par ses décisions, la BCE joue ainsi un rôle clé dans l’équilibre entre financement de l’économie et contrôle de l’inflation.