L’évolution du climat en Europe du Moyen Âge au XIXe siècle

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Même si l’origine anthropique du réchauffement climatique actuel est globalement admise, force est de constater que le climat européen connaît de nombreuses variations depuis les temps les plus anciens.

I) Les variations du climat européen (Xe-XIXe s.)

1 ) L’optimum médiéval des VIIIe-XIIe siècles

La dernière glaciation, celle de Würm, prend fin il y a environ 12 000 ans. Le climat européen continue cependant à connaître des variations par la suite.

Après une période chaude lors de l’Antiquité, l’extension des glaciers alpins entre 400 et 750 ap. J.-C. témoigne du retour d’une période froide.

Un optimum climatique médiéval est à l’inverse observé du XIe au début du XIVe siècle.

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En climatologie, l’optimum climatique désigne une période chaude entre deux périodes plus fraîches.

2 ) Le « petit âge glaciaire » : XIIe siècle-années 1850

Si l’existence d’un refroidissement – de l’ordre d’1 °C – fait l’objet d’un large consensus scientifique, le début du petit âge glaciaire fait toujours l’objet de débats. Certains historiens du climat comme Emmanuel Le Roy Ladurie le situent vers 1150-1200, d’autres plutôt au début du XIVe siècle.

Cet épisode froid, surtout marqué par des « étés pourris », c’est-à-dire frais et pluvieux aux conséquences catastrophiques sur les moissons, et quelques hivers exceptionnellement froids comme celui de 1709, culmine au début et à la fin du XVIIe siècle et encore en 1816.

II) Des variations aux conséquences multiples

1 ) L’optimum climatique à l’origine de l’essor du Moyen Âge classique ?

Il est possible que l’optimum climatique médiéval, en favorisant l’agri­culture, ait contribué à la reprise démographique de l’Europe occidentale à partir de l’an mil.

Il explique peut-être aussi la colonisation norvégienne de l’Islande et du ­Groenland en raison des meilleures conditions de navigation dans l’Atlantique nord.

2 ) Le « petit âge glaciaire » et le retour de la famine

Après le « beau XIIIe siècle », le retour du froid est contemporain du retour des famines au début du XIVe siècle.

De même, les épisodes frais et pluvieux de la fin du XVIIe siècle sont à l’origine de terribles famines. Dans la France de Louis XIV, 2 millions de personnes périssent ainsi de la faim en 1693-1694.

La succession de mauvaises années est aussi sans doute une des causes du mécontentement paysan et de la Grande Peur en 1789.

Info

La Grande Peur est le mouvement de l’été 1789 au cours duquel les paysans, essentiellement dans le Bassin parisien et en Bourgogne, s’attaquent aux châteaux.

III) Des effets difficiles à mesurer

1 ) Des zones d’ombre qui demeurent

Comme le montrent les doutes quant aux dates de l’optimum médiéval, nos connaissances sur le passé climatique demeurent en partie sujettes à caution.

S’il est vraisemblable que les conditions climatiques influent sur l’activité humaine, leurs conséquences ne sont jamais mécaniques et les causes d’un phénomène sont toujours multiples.

2 ) Se garder de toute conclusion hâtive

Si l’extension des glaciers alpins, au XIIIe siècle, témoigne d’un refroidissement, la population européenne n’en atteint pas moins son premier apogée.

Le refroidissement climatique médiéval est a priori antérieur au retour de la famine. D’autres raisons peuvent expliquer celle-ci : dans le monde plein du XIIIe siècle, il n’est plus possible, faute de mécanisation, de répondre à une demande alimentaire en hausse.

Si le refroidissement climatique de la fin du XVIIe siècle est observable dans toute l’Europe, il n’eut pas, notamment en Flandre, les mêmes conséquences qu’en France en raison des techniques agricoles plus avancées de cette région.