L’évolution de l’accès à l’École et à l’enseignement supérieur

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Depuis les années 1950, l’allongement généralisé des études à toutes les catégories sociales a assuré une démocratisation quantitative de l’École – ou massification scolaire – qui peine encore à assurer une réelle démocratisation qualitative.

I) Une indéniable massification

La démocratisation désigne un processus consistant à rendre une ressource ­accessible à tous. La massification scolaire, c’est-à-dire l’augmentation des taux de scolarisation et d’accès aux différents diplômes, représente ainsi une démocratisation de l’École.

1)  La hausse du taux de scolarisation

Le taux de scolarisation est le rapport entre le nombre d’élèves et d’étudiants scolarisés d’un âge donné et le nombre d’individus de cet âge.

En 1959, la loi prolonge l’obligation scolaire de 2 ans supplémentaires, jusqu’à 16 ans. Alors que 30 % des enfants de 16 ans étaient scolarisés en 1953, ils sont 95,8 % en 2018.

L’urbanisation, le développement du travail féminin et la bonne réputation des classes maternelles entraînent une forte demande parentale de scolarisation des enfants, relayée par les communes. Entre 1960 et 1990, le taux de scolarisation des enfants de 3 ans passe de 60 % à presque 100 %.

80 % des jeunes de 18 ans sont aujourd’hui scolarisés, contre 15 % dans les années 1950. À partir de 2020, pour lutter contre le « décrochage » scolaire, les jeunes de 16 ans sans formation et sans emploi ont l’obligation de se former jusqu’à l’âge de 18 ans.

2)  La hausse des taux d’accès

Entre 1968 et 2018, le taux d’accès au bac a été multiplié par 4 : la part des bacheliers dans une classe d’âge est passée de 20 % à près de 80 %.

Mot-clé

Le taux d’accès désigne la part des individus d’une génération qui accèdent à un diplôme ou un niveau d’étude donné.

Cette progression s’explique notamment par la création des bacs technologiques (1968) et professionnels (1985). Les transformations économiques et la demande des familles populaires pour la prolongation de la formation de leurs enfants en ont été les principaux moteurs.

Parallèlement, le taux d’accès à l’enseignement supérieur a lui aussi augmenté. Ce phénomène s’explique par la diversification de l’offre de formation, notamment dans les filières technologiques et les filières longues. En 1960, l’enseignement supérieur comptait 215 000 inscrits, contre 8 fois plus en 2015.

II) Une démocratisation inaboutie

1)  Une réussite scolaire et des taux d’accès inégaux

En France, 25 % des élèves les plus défavorisés ont des difficultés pour maîtriser les savoirs élémentaires. En 2017, en CE2, 58,1 % d’entre eux avaient le niveau requis en français, contre 87,3 % du quart des élèves les plus favorisés. Au collège, 21 % d’entre eux avaient redoublé, contre 5,1 % pour les élèves les plus favorisés.

L’accès aux différents bacs témoigne également de cette inégalité. En 2018, 37,3 % des enfants d’ouvriers ont obtenu un bac général, contre 77,6 % des enfants de cadres supérieurs.

En 2017‑2018, les enfants d’ouvriers représentent près de 27 % des élèves au collège, mais seulement 11,7 % des étudiants à l’université et 7 % des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles.

2)  Une massification plus qu’une réelle démocratisation

Des lois Jules Ferry à l’« École de la confiance » de l’actuel gouvernement, les principales réformes de l’École ont pour principal objectif sa démocratisation, c’est-à-dire le souci d’égaliser les chances d’accès des individus aux savoirs dispensés par l’Éducation nationale.

Mais les inégalités demeurent, parfois en se reportant des niveaux primaire et secondaire vers le supérieur. La démocratisation semble ainsi plus quantitative que qualitative ; on parle alors de massification scolaire.

Zoom

Les bacheliers selon la génération et le milieu social des parents

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68 % des enfants de cadres supérieurs nés entre 1970 et 1974 ont eu leur bac. 20 ans après, tous les taux de réussite ont augmenté, mais les écarts de réussite ont peu diminué : nous assistons donc à une massification scolaire.